Un témoin accable Contador

Alors que l'UCI n'a toujours pas transmis ses conclusions sur les traces de clenbutérol retrouvées dans les urines d'Alberto Contador, la pression qui pèse sur le cycliste espagnol se fait chaque jour plus pressante. Si le vainqueur du Tour a nié, et fait nier par son entourage, les informations parues en Allemagne, aux Etats-Unis et en France, induisant l'hypothèse d'une autotransfusion due à la découverte de résidus de plastique, celle-ci a été confortée vendredi soir de façon assommante par l'hebdomadaire belge et néerlandophone Humo.

Celui-ci a recours à un procédé journalistique extrêmement rare en presse écrite, l'interview anonyme, pour décrire un coureur ayant un recours à ce mode de dopage très élaboré. La personne interviewée serait un coureur de l'équipe Astana, un ex-futur partenaire de l'Espagnol, promis à un contrat avec la Saxo Bank. Voilà ce que ce témoin aurait signalé au journal belge : "Dans la période entre le Dauphiné et le Tour, Contador s'est fait extraire du sang - dans des petits sacs, de sorte que les valeurs de sang ne perturbe pas le passeport biologique. L'enlèvement s'est produit à un moment où il y avait une trace de clenbutérol dans son sang. Et cette trace était dans le sang dans le sac, jusqu'à ce qu'il fut plus tard, remis dans son corps".

Pourquoi avoir utilisé du clenbutérol ? Réponse : "Au Dauphiné Libéré, Contador était encore un peu en surpoids. (...) Le clenbuterol est utilisé pour se débarrasser de ces kilos, tandis que, dans le même temps, cela veille à ce que vous ne perdiez pas de la masse musculaire - ou, dans le meilleur des cas, que cela puisse même vous faire acquérir une masse musculaire supplémentaire. Vous devez l'utiliser en combinaison avec du T3 [Triiodothyronine], une hormone thyroïdienne qui aide à la digestion des graisses. Ainsi, l'effet est plus rapide qu'avec une petite dose de Clen. Et moins il y a de dose, moins il y a de chances de vous faire attraper."

La "gorge profonde" de l'hebdo à grand tirage Humo, généralement considéré comme sérieux, dépeint une situation extrêmement préoccupante : "Les transfusions sont toujours d'actualité. Mais c'est dans de petites doses de 150 cc. Auparavant, les coureurs lors du Tour utilisaient deux ou trois grands sacs de sang, de 400 à 500 cc. Maintenant, ils ne peuvent pas se le permettre, avec le passeport biologique et les brusques changements des taux sanguins qui se produisent."

Alberto Contador, très marqué par cette affaire, a mené une longue campagne médiatique pour clamer son innocence. Même s'il avait tweeté un message laissant entendre qu'il était découragé ("Je suis triste et sans plus d'illusion. J'essaie, mais je ne comprends plus rien..."), Contador a annoncé quelques heures après la parution de cette interview qu'il allait attaquer en justice. L'Espagnol a toujours assuré qu'une pièce de viande suspecte consommée la veille de son contrôle, le 21 juillet, était à l'origine de ses résultats anormaux. "L'UCI elle-même a confirmé qu'il s'agissait d'un cas de contamination alimentaire", avait relaté Contador lors de sa conférence de presse du 1er octobre.

Ce n'est pas tout à fait exact : l'UCI s'est lancée dans des investigations supplémentaires en attendant de déclarer son contrôle positif ou non, et de le sanctionner ou non. Les informations sur les traces de plastique ne peuvent, sur le papier, pas confondre le coureur, puisque la méthode de détection n'est pas encore homologuée par l'AMA. Mais il est clair depuis plusieurs jours que c'est le poids écrasant du doute qui peut faire tomber Contador, plus que les expertises scientifiques.