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Une fracture de la rotule et 370 jours sans course, Alexis Vuillermoz va revenir à la compétition

Christophe Gaudot

Mis à jour 30/07/2020 à 22:48 GMT+2

SAISON 2020 - Le 22 août 2019, Alexis Vuillermoz était victime d'une fracture de la rotule. Remis pour le mois de mars, il a vu sa course de rentrée, le Tour de Catalogne, être annulée sur fond de pandémie de Covid-19. 370 jours après sa dernière course, le voilà prêt à revenir à la compétition. Sans crainte et avec évidemment beaucoup d'envie.

Alexis Vuillermoz (Ag2r-La Mondiale) sur le Tour de France 2019

Crédit: Getty Images

Le 28 juillet 2019, Alexis Vuillermoz paradait sur les champs avec ses collègues du Tour de France. Lui achevait un Tour où il n'avait pas réussi à peser et le maillot à pois glané par Romain Bardet était une maigre consolation pour Ag2r-La Mondiale. Le Jurassien n'a plus roulé en compétition depuis cette 21e et dernière étape de la Grande Boucle. Une fracture de la rotule survenue le 22 août, une pandémie mondiale et le voilà désormais avec un an sans course dans les jambes.
En 2017, Alejandro Valverde avait connu la même mésaventure qu'Alexis Vuillermoz. Il était revenu de sa fracture de la rotule après sept mois sans course. Dans un monde idéal, le timing du Français d'Ag2r était le même, son retour étant prévu au Tour de Catalogne (le 22 mars). "J'avais hésité à revenir au Boucles Drôme-Ardèche (le 1er mars) mais la consolidation osseuse sur mon genou n'était pas suffisante, remet le vainqueur de l'étape de Mûr-de-Bretagne sur le Tour 2015. Avec le recul, c'était le bon choix même si derrière ça a été frustrant".

Stoppé par le coronavirus avant d'avoir repris

Frustrant car le Tour de Catalogne a été victime du Covid-19 qui débarquait en Europe et a été annulé. D'autant plus déroutant que les messages envoyés autour de ce virus encore mal connu étaient flous à ce moment-là. "Quand j'ai pris conscience de la gravité de la situation sanitaire, au fond de moi il n'y avait plus de frustration", avoue un Vuillermoz qui voulait "être acteur" et avoir de l'ambition en Espagne. Des envies qu'il a dû ranger au placard pour se confiner comme une bonne partie de l'Europe de l'Ouest.
Si vous demandez à Alexis Vuillermoz comment il a vécu son confinement, il ne vous dira pas qu'il était difficile. Pas le genre de la maison. Au contraire, cette période particulière a été d'un bénéfice énorme pour lui. Il explique : "J'ai pris une semaine de repos au début parce que je sortais d'une très grosse préparation. Ensuite j'ai pu reprendre des activités que j'aime, la course (sur tapis) et la PPG (préparation physique générale)". Ce boulimique de sport avait été privé de ses deux activités favorites de l'hiver, rééducation oblige. Alors ce temps suspendu, il l'a mis à profit pour rattraper le temps perdu. "J'ai vraiment eu peur d'être limité plus tard dans les pratiques sportives, raconte le Jurassien. C'était quelque chose de très anxiogène. J'ai eu peur de ne plus pouvoir faire du trail, du tennis, du ski... Le fait de pouvoir courir 10-15 km en une heure à la maison, ça m'a rassuré."
Pour le moment, et pour quelques années encore, Alexis Vuillermoz est un cycliste, et plutôt un très bon capable de gagner sur le Tour donc, d'y terminer 13e du général ou encore de belles places d'honneur sur des grandes courses (4e de la Flèche Wallonne, 6e du Tour de Lombardie). Pour lui faire retrouver sa condition, son équipe et son entraîneur Jean-Baptiste Quiclet ont mis en place un programme ciblé. "Notre but a été de simuler des blocs qu'il aurait pu rencontrer lors de la saison", note Quiclet. Les capteurs de puissance permettent aujourd'hui de reproduire à l'entraînement des intensités de course. "Alexis a travaillé sur des grandes sorties de plus de 200 kilomètres. Il en a fait une dizaine", poursuit celui qui entraîne aussi Romain Bardet.
Si j'ai un avantage sur les autres ce sera d'avoir eu cette peur de ne plus pouvoir pratiquer le vélo
Et maintenant ? On pourrait penser que Vuillermoz a envie d'être fort le plus vite possible. Erreur. Un, il n'a pas besoin de prouver à son équipe sa valeur puisque celle-ci l'a prolongé d'un an avant même qu'il ne retrouve la compétition. Deux, il a pour objectif d'aider Ag2r-La Mondiale sur le Tour : "j'ai fait une bonne base foncière donc j'ai attaqué les intensités seulement cette semaine (autour du 20 juillet, ndlr). Il me manque encore des choses pour être au niveau World Tour". Mais les repères sont là, Quiclet en est le témoin : "d'un point de vue athlétique, les repères sont plutôt bons."
Reste la question de la peur. Un an sans courir, ça peut laisser des traces mentales et la crainte de la nouvelle blessure peut inhiber. "Sûrement qu'au premier jour dans le peloton, il y aura une petite appréhension mais sur le plan technique on le sent bien", souffle Jean-Baptiste Quiclet. La peur, Alexis Vuillermoz, lui, l'a balaye d'un revers de la main, presque étonné de lui-même. "Pour le moment je n'ai pas de crainte, je ne sais pas si c'est une pointe d'inconscience mais ce n'est pas une chose à laquelle je pense. Même en descente", assure le Jurassien qui retrouvera la compétition à la Route d'Occitanie avant d'aller au Tour de l'Ain. Il aura alors en ligne de mire le Tour de France. Là où il a couru pour la dernière fois, un soir de juillet 2019. "Si j'ai un avantage sur les autres ce sera d'avoir eu cette peur de ne plus pouvoir pratiquer le vélo", conclut-il.
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