Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

10 moments qui ont fait la légende du Maracana

Laurent Vergne

Mis à jour 19/11/2014 à 00:42 GMT+1

Second volet de notre classement des 10 pages légendaires d'un stade qui ne l'est pas moins et qui couronnera, dimanche, le deuxième champion du monde son histoire. Ici, on retrouve Garrincha, Pelé, Zico, Romario... et le Maracanazo. Evidemment.

Le Maracana de 2014 accueillera-t-il un triomphe après le désastre de 1950 ?

Crédit: DR

1. 1950 : L'incontournable Maracanazo

Le match le plus important à ce jour disputé au Maracana, avant celui de dimanche. Une "finale" de Coupe du monde même si, techniquement, ce n'en était pas une, la Coupe du monde 1950 s'achevant par une poule à quatre équipes. Cela aurait dû constituer un gigantesque moment d'allégresse, la consécration du football brésilien. Ce sera le "Maracanazo", ce drame national en trois actes: l'ouverture du score de Friaça pour plonger 200000 personnes dans un délire collectif, l'égalisation de Schiaffino pour faire trembler tout le monde et le coup de poignard final de Ghiggia, auteur du but du titre pour l'Uruguay, celui du désastre pour la Seleçao, à qui un match nul suffisait pour être sacrée. Nous avons largement évoqué le Maracanazo ici même au début de ce Mondial 2014.
picture

Un billet de la finale du Mondial 2014 au Maracana, et un billet du Maracanazo, en 1950.

Crédit: Imago

2. 1969 : Le 1000e but Pelé

Pelé était un immense joueur, un géant du jeu, mais il possédait, aussi, l'art incomparable de se mettre en scène. Ce n'est pas forcément un défaut, même si c'est une critique largement récurrente contre O Rei. Un des fondements de sa légende, c'est son 1000e but. A vrai dire, personne ne sait avec précision combien il en a marqué, ni si ce 1000e était vraiment le 1000e. Quelle importance? A l'automne 1969, Pelé enfile les buts et se rapproche donc du seuil fatidique. En octobre, la presse brésilienne a dressé le total, on ne sait trop comment, et le compte à rebours commence. Pelé est à 999 buts lorsque Santos, son club, se rend à Salvador de Bahia. Pelé ne marque pas. Il ne tire même pas le penalty obtenu par son équipe. Tant mieux pour lui. Le match suivant se joue au Maracana, l'écrin parfait pour un tel évènement.
D'autant que nous sommes le 19 novembre, jour de l'anniversaire de la mère de Pelé. Tout est en place. Pourtant, O Rei ne marque pas. Il tire sur la barre. Puis un défenseur du Vasco de Gama au patronyme de quatre lettres, lui aussi, mais que l'histoire a oublié (René) sous la menace de Pelé, préfère marquer contre son camp que de le voir inscrire son 1000e but. Jusqu'à ce que Santos obtienne un penalty, que Pelé, plus exactement, obtienne un penalty. Il tire sur la droite, plat du pied. Edgardo Norberto Andrada, le gardien international argentin du Vasco, part du bon côté. Mais il ne peut rien faire. C'est fait, Pelé vient d'écrire le film à succès de sa propre légende, dont il est à la fois l'acteur principal, le metteur en scène et le super-producteur. Embrassade du ballon par le héros, envahissement du terrain, l'idole portée en triomphe, interview en direct et un match, dont tout le monde se moque de toute façon, interrompu pendant plus de 20 minutes. Au fait, qui se souvient du 1001e but du Roi ?

3. 1962 : Le chef d'œuvre de Garrincha

Peut-on imaginer année plus parfaite et plus accomplie que celle de Mané Garrincha en 1962? Le plus génial dribbleur de l'histoire du football a d'abord été l'incontestable héros de la Coupe du monde au Chili. Au sommet de son art au sein d'une équipe rapidement privée du jeune Pelé et au sein de laquelle certains héros de 1958 avaient commencé à vieillir, Garrincha a survolé les débats. Quelques mois plus tard, il va vivre un autre moment de gloire, cette fois sur la pelouse du Maracana. Le 15 décembre 1962, devant 158 994 spectateurs, le Botafogo de Garrincha affronte Flamengo, le club le plus populaire de la cité carioca, en finale du Championnat de Rio. C'est peut-être, le chef d'œuvre des chefs d'œuvre de Garrincha.
Flavio Costa, l'entraîneur de Flamengo (il était aussi celui du Brésil en 1950 au Maracanazo), a prévu un plan anti-Garrincha. Sur le flanc gauche de sa défense, celui exposé aux diableries de Garrincha, il a demandé à Gerson, son ailier, de se muer presque en deuxième arrière gauche pour prêter main forte à Jordan. Gerson, 21 ans, futur taulier de la mythique Seleçao de 1970.  Ce jour-là, il va vivre, comme tous les autres un calvaire. "Ils auraient pu se mettre à 10 dessus que cela n'y aurait rien changé", écrira la presse carioca le lendemain. Botafogo s'impose 3-0 et Garrincha signe un presque hat-trick. A son doublé s'ajoute en effet le but contre son camp de Vanderlei, qu'il a lui-même provoqué. Porté en triomphe, le numéro 7 est alors au faite de sa gloire. Ce 15 décembre, c'est son Everest. Il n'ira jamais plus haut, mais qui peut se targuer d'avoir tutoyé de telles cimes? Peu après, Garrincha commencera à ressentir les effets des nombreuses injections subies par son genou et il ne sera plus jamais le même. A presque 30 ans, l'oiseau ne pourra plus jamais vraiment déployer ses ailes. Mais il n'a jamais semblé aussi insaisissable que lors de cette finale au Maracana.
picture

Un duel entre Garrincha et Nilton Santos, date inconnue

Crédit: DR

4. 1990 : La der de Zico

Fin 1989, quand il décide de tourner la page pour (presque) de bon (il jouera encore au… Japon après ça), Zico se voit offrir un cadeau d'adieu, le 6 février 1990, avec un somptueux jubilé au Maracana. Devant 100 000 personnes, c'est lui qui reçoit. Son public, évidemment, mais aussi une kyrielle de stars internationales, de Mario Kempes à Karl-Heinz Rummennigge, de Jorge Valdano à Antonio Camacho en passant par Paul Breitner ou Rabah Madjer. Symbole parmi les symboles, même Claudio Gentile est venu d'Italie. Gentile, le chien de garde de Zico lors du fameux Brésil-Italie de Sarria, en 1982. C'est grâce à lui que Zico, ce jour-là, a fini avec un maillot déchiré. C'est aussi à cause de lui que Zico n'avait pas plus pesé sur les débats. Ce jubilé, c'est une façon de se rendre un hommage mutuel.
Pour l'anecdote, Michel Platini aurait dû être là, lui aussi. Mais pour avoir négligé sa demande de visa, Platoche s'est vu refouler à l'aéroport d'Orly... A Rio, tous ces grands noms sont venus honorer la légende d'une enceinte de légende. Car personne, de 1950 à aujourd'hui, n'a marqué plus de buts que Zico au Maracana : 333 exactement. La plupart avec son club de (presque) toujours, Flamengo. De cette soirée, il reste surtout l'image de ce tour d'honneur interminable (débuté à 23h23 et achevé à 23h35) de l'idole, devant cette foule lui gueulant une dernière fois son amour et sa reconnaissance. Zico a beaucoup pleuré ce jour-là. Il avait déjà pleuré le matin, dit-on, en lisant la tribune rédigé à son endroit par Armando Nogueira dans le Jornal do Brasil. "Je n'ai jamais senti aussi fortement que ce soir-là l'affection des gens et 20 ans après, je ressens encore beaucoup de gratitude. Je croise parfois des gens à Rio qui me disent qu'ils ont gardé le ticket d'entrée et que ça reste leur meilleur souvenir", avait confié Zico en 2010.
picture

1982 Bresil Zico

Crédit: Imago

5. Brésil-Uruguay 1993 : Le jour où Romario a tout changé

La Coupe du monde 1994 a été celle de la fin de la disette pour la Seleçao, enfin en mesure de décrocher le 4e titre qui lui échappait depuis 24 ans. Mais il y a bien failli ne pas voir du tout de World Cup aux Etats-Unis pour le Brésil. En Bolivie, au mois de juillet 1993, les Brésiliens subissent lors des éliminatoires une défaite historique à La Paz (2-0). Dans ce groupe de cinq équipes (Brésil, Uruguay, Bolivie, Equateur, Venezuela), seuls les deux premiers obtiendront leur billet pour les Etats-Unis. Avant le tout dernier match au Maracana, le Brésil a besoin d'un nul face à l'Uruguay qui, elle doit s'imposer. Il flotte (encore !) comme un parfum de Maracanazo, 43 ans après... Le contexte du match est donc particulier, la Seleçao n'étant pas habituée à jouer sa tête de la sorte à l'ultime minute en qualifications. Il est aussi spécial pour Romario. L'attaquant du Barça n'a plus été appelé en sélection depuis un an, suite à une brouille avec Zagallo et, surtout, une autre avec Carlos Alberto Parreira. Relégué sur le banc lors d'un match amical contre l'Allemagne, il avait lâché "il fallait me le dire plus tôt, je ne serais pas venu". Depuis, nada. "On a même raconté que c'est moi qui demandait à ne plus venir, mais c'était un mensonge", corrigera Romario.
Ce dernier est quand même rappelé pour la rencontre contre l'Uruguay. La patrie étant en danger, les querelles de personnes sont mises de côté. "Je suis sûr que si le Brésil s'était qualifié sans moi contre l'Uruguay, je n'aurais pas joué le Mondial 1994 et je n'aurais probablement plus jamais porté le maillot auriverde", estime-t-il aussi. A  quoi tient un destin alors? Ce match, Romario va le jouer et livrer ce qui est aujourd'hui considéré comme une des plus grandes performances individuelles jamais vues en équipe nationale. Il inscrit les deux buts de la victoire (2-0) et virevolte littéralement devant le public en transe du Maracana. "C'est drôle parce que je me souviens avoir préparé la rencontre comme n'importe quelle autre, alors qu'on m'avait bien fait comprendre que je jouais plus gros que les autres, sourit Romario. Ma relation avec Parreira et Zagallo, c'était zéro. J'avais appris indirectement ma sélection, car ils ne voulaient pas me parler. Il a fallu attendre les jours précédant la finale de la Coupe du monde pour que l'on reparle ensemble de cet incident contre l'Allemagne, pour crever enfin l'abcès". Ce match contre l'Uruguay, Romario considère qu'il demeure "le match de ma (sa) vie". Parce qu'il a conditionné tout le reste, et surtout cette glorieuse campagne 1994 où il marquera 6 buts, contribuant grandement au Tetracampeao.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité