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Bundesliga - Avec Mönchengladbach-Bayern, l'Allemagne (re)joue aussi son "Klassiker"

Polo Breitner

Mis à jour 25/10/2014 à 23:29 GMT+2

Ce dimanche en fin d’après-midi (17h30), ce ne sont pas seulement les deux premiers du classement avant la neuvième journée qui vont s’affronter au Borussia-Park, c’est aussi une rencontre électrisant le football allemand depuis les années 1970 qui se jouera.

Berti Vogts et Gerd Müller

Crédit: Eurosport

L’Allemagne n’y a pas coupé. Alors que le Real Madrid et le FC Barcelone en ont décousu dans le match historique espagnol, la Bundesliga, marketing oblige, a dû s’inventer son "Clasico" au détriment de sa propre épopée. Le retour au premier plan du Borussia Dortmund, le fabuleux style de jeu insufflé par Jürgen Klopp, les titres nationaux en 2011 et 2012, la finale de Wembley en 2013 ainsi que le développement économique du club de la Ruhr ont donné naissance à une supposée opposition ancestrale contre le Verein munichois. Si les deux clubs sont loin d’être les meilleurs amis du monden, et si le BVB fut le seul à rivaliser financièrement - mais à quel prix ! - avec le FC Bayern, c’était dans les années 1990.
Stigmatiser cet antagonisme, c’est oublier bien vite que le passé du football allemand est bien différent : il y a le FC Bayern et des équipes qui vont successivement se mettre en travers de sa route. Mais sur le long terme, sur la durée, jamais un club allemand n’a pu rivaliser avec l’ogre bavarois. Le Hamburger SV fut, par exemple, le digne successeur des Fohlen (des poulains) avec les succès nationaux de 1979, 1982 et 1983 ainsi que la coupe aux grandes oreilles cette année-là. Où en sont les Rothosen de la ville hanséatique désormais ?

Le retour des années 1970

Le Borussia Mönchengladbach fut le premier de cette longue liste, dominant d’ailleurs la Bundesliga avec cinq titres entre 1970 et 1977. Sur la même période, le représentant du Sud de l’Allemagne ne remporta que trois fois le Meisterschale. Mais le FC Bayern marqua aussi les esprits en succédant à l’Ajax d’Amsterdam avec un triplé en Coupe d’Europe des clubs champions, entre 1974 et 1976, alors que les Fohlen du Bökelberg, du nom de l’ancien stade où évoluaient les joueurs, ne remportèrent "que" deux Coupes de l’UEFA, en 1975 et 1979.
Comme une fatalité, Mönchengladbach ne put supplanter son adversaire du jour et gagner la plus prestigieuse des compétitions en s’inclinant en finale en 1977 contre Liverpool (1-3) : les Reds, éternels briseurs de rêves des Stielike, Vogts, Heynckes, Wimmer, Schäfer, Bonhof et Simonsen bien entendu. Le plus talentueux d’entre eux, Günter Netzer, était déjà parti depuis belle lurette au Real Madrid, bientôt rejoint en Espagne par certains de ses ex-coéquipiers (Stielike, Simonsen ou bien Bonhof).
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Vogts et Beckenbauer

Crédit: Imago

Gladbach contre Bayern a coupé la Nation en deux
Mais cette opposition entre le Borussia Mönchengladbach et le Bayern Munich fut aussi une question de styles. Au cynisme bavarois - les trois victoires en C1 des seventies sont-elles méritées ? - les Fohlen répondent par un jeu flamboyant qui embrasa l’Europe du ballon rond. La "machine munichoise" contre la "Tormaschine", l’usine à buts. En un sens, le Verein de la ville de Rhénanie du Nord-Westphalie fait partie de ces "clubs maudits", comme Kiev, Saint-Etienne, ou bien Arsenal sous Wenger à une certaine période, qui dominèrent par la beauté du jeu produit mais ne surent transformer le talent en ultime victoire.
La Nationalmannschaft fut aussi l’objet de vives confrontations. Beckenbauer pour Overath, le meneur de jeu de Cologne, donc contre Netzer ! La plus belle équipe d’Allemagne dans un tournoi, celui de l’Euro 1972, compta six bavarois et sept Gladbacher pour 18 joueurs ! Deux ans plus tard, en 1974 donc, l’effectif comptait encore sept professionnels du Bayern Munich pour cinq Fohlen sur les 22 sélectionnés. Une belle majorité…avec les succès que l’on connait.
Les anecdotes ne manquent pas : du 0-5 trompeur du 18 mai 1974, 24 heures après la finale de C1 à rejouer pour le Bayern Munich contre l’Atletico Madrid (4-0), au 26 avril 1986 où le "traitre" Lothar Matthäus, formé chez les Fohlen, crucifia son ancien club (6-0), en passant par le 21 mai 1977 (2-2), le dernier match du "Kaiser Franz" sous le maillot bavarois. Sans oublier de mentionner le 7-1, un score déjà à la mode, infligé aux Borussen à domicile, le 24 mars 1979, avec notamment un triplé de Rummenigge.
Nous ne sommes pas encore prêt pour le titre
Mais le nouvel engouement populaire qui entoure cette rencontre est surtout le signe d’un retour au premier plan d’un club qui a subi plusieurs fois les affres de la relégation. Les Fohlen, comme beaucoup de clubs européens, ont raté la professionnalisation et le virage des années 1980. Pas le Bayern Munich, emmené par Uli Hoeness. On assiste donc aujourd’hui à un rattrapage. C’est dans ce sens qu’il faut interpréter les propos du manager Max Eberl. Il y a encore trois ans. Avant l’arrivée de Lucien Favre, les Fohlen se dirigeaient directement vers l’étage inférieur. Aujourd’hui, Gladbach n’a pas la puissance économique d’un Dortmund, d’un Schalke, sans oublier les moyens financiers de "Volkswagen-Wolfsburg" et de "Bayer-Leverkusen". Il travaille juste très bien, obtient son optimum. Mais de là à affirmer qu’il est (re) parti à la chasse au Bayern…
Comment du reste comparer la performance sportive des deux clubs en Europe cette semaine ? La démonstration bavaroise en terre romaine (7-1, 5-0 au bout d’un peu plus d’une demi-heure de jeu) est autrement plus symbolique de la puissance munichoise que le 5-0 infligé par les Fohlen aux modestes joueurs de l’Apollon Limassol ce jeudi. Le seul point commun, en fait, c’est que ces deux Vereine sont invaincus depuis le début de la saison, toutes compétitions confondues (hors Supercoupe d’Allemagne). Ce qui est déjà une sacrée performance.
C’est donc un véritable revival des seventies auquel nous allons assister. L’émotion sera présente. C’est aussi, peut-être, l’unique occasion de ne pas voir s’envoler au classement le FC Bayern. Une conclusion terre à terre, loin des fulgurantes et romantiques épopées du passé. Cynisme quand tu nous tiens !
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Borussia Mönchengladbach feiert Ibrahima Traore

Crédit: Getty Images

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