Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

A Dortmund, la page Klopp est bel et bien tournée : le Borussia de Tuchel carbure à plein régime

David Lortholary

Mis à jour 31/08/2015 à 18:01 GMT+2

BUNDESLIGA - Avec 8 victoires en 8 matches et le fauteuil de leader de la Bundesliga, le Borussia Dortmund réussit le meilleur début de saison de toute son histoire. Si le nouvel entraîneur Thomas Tuchel en est le principal artisan, c'est une conjonction de facteurs qui explique ce départ en fanfare.

Les joueurs du Borussia Dortmund, lors de la victoire face au Hertha Berlin (3-1)

Crédit: Imago

C'est peut-être un tweet, ce week-end, qui a le mieux résumé la renaissance, aussi soudaine qu'éclatante, du Borussia Dortmund. "22 buts marqués par Dortmund en 5 matches, soit plus que Nantes depuis la saison dernière", pouvait-on lire. Au-delà de la boutade, et d'une vague couleur de maillot commune, une réalité : le nouvel entraîneur Thomas Tuchel a gagné 100% des rencontres depuis son arrivée à la tête des Schwarzgelben. Soit 8 victoires en 8 matches - Coupe, Coupe d'Europe et championnat confondus.
Symboliquement, le but de l'ancien avant-centre berlinois Adrian Ramos, en fin de rencontre, face au Hertha (93e), dimanche dernier, a permis aux siens de reprendre, à la différence de buts, la place de leader de la Bundesliga au Bayern. Une belle perfomance physique et mentale, à double titre : d'une part, 43°C ont été mesurés sur la pelouse du Westfalen Stadion à l'occasion du match ; d'autre part, les joueurs de Tuchel, barrages de la Ligue Europa obligent, sont sur un rythme de trois rencontres par semaine. Le but concédé au Hertha, dû à un manque de concentration défensif et œuvre de l'ancien Lillois Salomon Kalou, est le premier encaissé en Bundesliga cette saison par le Borussia. Sans conséquence. En tout cas, 80.500 spectateurs ont bruyamment fêté la position de leader de leur équipe au soir de cette 3e journée. Tout sauf un hasard.

Le phénomène Weigl

Si Roman Bürki, le solide et fiable gardien suisse venu du SC Fribourg, a clairement permis de renforcer un secteur où Roman Weidenfeller ne peut que doucement décliner, le nouveau phénomène s'appelle Julian Weigl. Du volume, de la classe, de l'application, une virtuosité mêlée de clarté et de simplicité dans le jeu, une vision ultra-rapide, un placement impeccable, de la complémentarité défensive et offensive dans le duo qu'il forme désormais avec Ilkay Gündogan... l'immense palette de ce grand milieu défensif brun de 19 ans est surtout renforcée par un "blindage", une cuirasse qui lui donnent une exceptionnelle aptitude au duel.
picture

Julian Weigl (Borussia Dortmund).

Crédit: Imago

Formé à Munich, Bavarois de naissance, Weigl, moyennant 2,5 millions d'euros de transfert, débute cette saison en Bundesliga. Mais il n'est pas un novice pour autant. Il a surnagé, la saison dernière, au sein d'un Munich 1860 en difficulté, où il fut promu capitaine à 18 ans. Le légendaire Friedhelm Funkel, son ancien entraîneur, assure que Weigl est l'un des meilleurs joueurs qu'il ait eus à coacher. Les statistiques le prouvent : il ne manque quasiment jamais une passe. Mieux : dès qu'un coéquipier est en situation difficile, Weigl est là pour proposer une solution. C'est un penseur. "On peut s'appuyer sur lui", assène Tuchel, qui assure qu'il ne l'aurait pas recruté s'il n'avait pas reconnu cet immense potentiel. Pas spectaculaire peut-être, mais ô combien efficace. À tel point que le coach n'a pas tergiversé et que les internationaux Sven Bender et Gonzalo Castro se sont retrouvés sur le banc dès le début de la saison.

Déblocage psychologique

Si l'apport du jeune milieu défensif est un gage de vitalité et de fraîcheur, les "grands noms" ont clairement trouvé un second souffle. Avec deux raisons claires : d'une part, les blessures les laissent tranquilles ; d'autre part, Tuchel a capitalisé sur le travail de Klopp en apportant - et c'est primordial - son propre style et sa propre communication. Kagawa, Mkhitaryan, Gündogan et Reus (re)forment un quatuor offensif infernal. Avec une précision et un tranchant dignes d'un maître sushi, le Japonais accélère l'action à laquelle Gündogan a précédemment donné une orientation. La machine s'emballe et Reus et Mkhitaryan se retrouvent alors en position de finisseur ou de passeur pour Aubameyang. Le Gabonais, avec trois buts en trois rencontres de championnat, confirme qu'il progresse sans cesse dans tous les compartiments du jeu qu'exige son poste.
picture

Thomas Tuchel, l'entraîneur du Borussia Dortmund.

Crédit: AFP

L'Arménien, lui, semble devenu un autre homme. Malgré tous les efforts de Klopp, c'est Tuchel qui a trouvé le tact et l'interrupteur pour faire jaillir la lumière. Le coach, qui a mené plusieurs conversations avec ce personnage sensible qu'est Mkhitaryan, est sous le charme. "Son talent, son aptitude au travail et son élégance en tant qu'homme en font un exemple", a lâché Tuchel dans les colonnes d'un quotidien local. L'alchimie opère, à tel point que Mkhitaryan n'en finit plus de marquer de de donner des passes décisives. 8 buts, 7 passes. Septembre arrive à peine, mais il y a longtemps déjà, cette saison, qu'il a dépassé son total de l'an dernier...
Si, pour lui comme pour d'autres, l'aspect psychologique était la clef, c'est le physique qui avait handicapé un Ilkay Gündogan. Longtemps blessé puis opéré du dos, le milieu né à Gelsenkirchen est sorti de ce tunnel en se donnant un atout supplémentaire : dormir plus et mieux s'alimenter. C'est, là aussi, une longue discussion avec Tuchel qui a changé son destin : Gündogan, dont les valises étaient déjà prêtes pour un départ, a finalement prolongé son contrat et est aujourd'hui heureux comme un bébé de la place de leader du Borussia. Son entraîneur lui a promis qu'il serait au cœur du jeu... ce qui est clairement le cas.

Le réalisme, ultime vœu pieux

En défense, les champions du monde sont dignes de leur statut : Hummels a retrouvé son impact et sa précision ; Ginter renaît comme arrière d'aile, poste inédit pour lui. Schmelzer, côté gauche, se découvre lui aussi une seconde jeunesse : meilleur que jamais, positionné encore plus haut que sous Klopp, il participe à la construction du jeu avec un surplus de caractère offensif - ce qui n'allait pas de soi tant il en est déjà naturellement pourvu. Lorsqu'il évoque sa situation, le blond au serre-tête parle en fait pour beaucoup de ses coéquipiers : "Je suis épargné par les blessures depuis l'hiver, de sorte que je suis de plus en plus dans le rythme. Il faut que cela dure au cours des prochaines semaines et des prochains mois."
On comprend aisément le vœu de Schmelzer quand on se rappelle le chapelet de blessures 2014-2015. D'autant plus que Tuchel, au moment où nous écrivons ces lignes, poursuit l'époussetage qu'il a entrepris dans son effectif. Outre Kevin Kampl, parti à Leverkusen, Jeremy Dudziak, à Saint-Pauli, Oliver Kirch, en route vers Paderborn, Blaszczykowski, Grosskreutz, Ramos ou Leitner disposaient également d'un bon de sortie. Reste, tout de même, un vœu à exaucer : le réalisme. Le BVB continue inlassablement de vendanger des occasions. Ce qui a du reste agacé Mats Hummels, interrogé en zone mixte au coup de sifflet final contre Berlin. "S'ils avaient concrétisé toutes leurs occasions, cela aurait fait mal", a confirmé l'entraîneur berlinois Pal Dardai. Si en plus le Borussia corrige ce défaut...
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité