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Tactique - Espagne : Le modèle espagnol n’est pas mort

Eurosport
ParEurosport

Publié 29/06/2013 à 21:33 GMT+2

Après un printemps plus compliqué que prévu, le football espagnol a repris des couleurs au mois de juin. Avant d’affronter le Brésil, la Roja se porte bien. Analyse tactique.

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Crédit: Eurosport

Passé par tous les états, le "modèle espagnol" revit en ce mois de juin 2013. Il y a quelques mois, il avait d'abord été perturbé, en interne, par la nouvelle supériorité madrilène dans les Clasicos. Puis nous l'avions quitté sombrant corps et biens au cours de deux demi-finales qui sont désormais entrés dans l'histoire de la Ligue des Champions. Au printemps, la Coupe aux grandes oreilles lui avait préféré le "modèle allemand", plus fort, athlétique et surtout capable d'infliger un 7-0 en deux rencontres au club qui restait son plus farouche représentant. Pendant ce temps-là, l'équipe nationale laissait filer des points face à la Finlande et devait cravacher pour venir à bout d'une équipe de France en progrès mais loin de son niveau intrinsèque. Beaucoup moins flamboyante, c'est toute l'Espagne qui était annoncée en fin de cycle.
Mais le mois de juin est donc arrivé et avec lui le temps des sélections. Les Espoirs ont ouvert le bal avec succès en conservant leur titre lors de l'Euro en Israël. Survolant la compétition, les Bartra, Thiago Alcantara et autres Alvaro Morata ont remis au goût du jour des principes de jeu qui se sont essoufflés au cours d'une saison éprouvante pour les organismes. Au-delà de la victoire, ils ont même ajouté une "manière" plutôt enthousiasmante. De quoi lancer une nouvelle série de succès ?
La revanche du modèle espagnol
En attendant que les choses sérieuses commencent chez les moins de 20 ans, l'équipe double championne d'Europe et championne du monde en titre a récité quelques belles partitions lors de la phase de poules de la Coupe des Confédérations. Même si le facteur Tahiti doit être pris en compte, les 15 buts inscrits en 4 matches contre un seul encaissé (qui plus est sur coup de pied arrêté) sont là pour le prouver. Mais au-delà des chiffres, l'équipe d'Espagne retrouve surtout une partie de l'allant offensif qu'elle avait en partie délaissé lors des précédentes phases finales. Pour rappel, les titres acquis par la Roja en 2010 et 2012 l'ont avant tout été grâce à une défense difficile à prendre en défaut (un but encaissé lors de l'Euro 2012, seulement deux lors de la Coupe du monde 2010, mais surtout aucun lors des matchs à élimination directe).
Véritable garant de cette sérénité défensive, le double pivot composé de Xabi Alonso et Sergi Busquets a dernièrement été pointé du doigt comme étant la principale raison de la diminution du "spectacle" dans les matchs de la Roja. Et pour cause, les deux hommes ne sont pas là pour les paillettes : travailleurs de l'ombre dans leurs clubs respectifs, leurs palettes techniques se complètent parfaitement dans l'entrejeu et leurs qualités en tant que "sentinelles" ne sont plus à démontrer. Ensemble, ils forment une première ligne de récupération, derrière les artistes et devant une défense centrale qui a réellement besoin d'eux pour mieux contrôler les contres adverses. Or depuis le début de cette Coupe des Confédérations, l'Espagne doit se contenter de la moitié de ce duo : souffrant d'une pubalgie, Xabi Alonso a dû renoncer à la compétition au début du mois.
Xabi Alonso : une absence qui change tout ?
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Sergio Busquets en el partido ante Italia

Crédit: EFE

Ce forfait, s'il ne change pas grand chose à l'organisation globale de l'équipe, a obligé Vicente del Bosque à "recaser" certains de ses cadres. Ainsi, Sergio Busquets a repris le rôle de son compère madrilène, chargé de revenir si nécessaire entre ses défenseurs centraux lorsque l'Espagne est en possession du ballon. Andrés Iniesta a du coup quitté l'aile gauche pour rejoindre Xavi dans l'axe et former un milieu de terrain 100% barcelonais. Un entrejeu complété par les décrochages de Cesc Fabregas, lui-même replacé côté gauche à la place d'Iniesta et laissant ainsi la place à Roberto Soldado à la pointe de l'attaque.
Ces changements d'hommes ont des conséquences à deux niveaux sur l'animation offensive de l'équipe. Avec Fabregas et Iniesta, la Roja compte désormais deux joueurs capables d'aller de l'avant pendant 90 minutes après être redescendus pour organiser la relance. Auparavant, seul Iniesta était le préposé à ce genre de tâches, Busquets restant en couverture avec Xabi Alonso et Xavi n'étant plus l'hyperactif d'il y a quelques années (même si le capitale de la Roja s'autorise toujours quelques montées durant ses temps forts). Pour l'adversaire, cela fait donc deux grandes menaces à contrôler dans le coeur du jeu. Pour ne rien arranger à ses affaires, Fabregas et Iniesta maîtrisent en plus le jeu dans les petits espaces et sont capables de combiner entre eux. Bref, un cauchemar difficilement gérable pour des milieux défensifs, qui ont du coup besoin d'aide de la part de leurs excentrés.
Et la donne est la même pour la défense puisque Iniesta et Fabregas bénéficient désormais d'un relais aux avant-postes. Le retour d'un véritable attaquant de pointe, qui plus est du profil de Soldado, offre aux deux hommes un véritable point d'appui au coeur du bloc défensif adverse, capable de relayer leurs approches dans l'axe et de poursuivre ainsi la fixation de la défense adverse. Arrive alors le moment où le jeu demande à être écarté afin de profiter des décalages. Là, ce sont Jordi Alba (à gauche) et Pedro (à droite) qui entrent en scène dans les 25 derniers mètres. Le latéral barcelonais s'est particulièrement régalé dans ce système de jeu, signant un match plein face au Nigéria (deux buts et une passe décisive) pour clôturer la phase de poules.
L'Italie : un premier test
Evidemment, il serait beaucoup trop simple d'en rester là et de ne retenir que le positif de l'absence de Xabi Alonso. Non, son heure n'est pas encore venue et Vicente Del Bosque n'a pas encore à choisir entre le Madrilène et Busquets pour réguler son entrejeu. Car si l'Espagne a été beaucoup plus "spectaculaire", elle a perdu de sa sérénité dans les transitions défensives. Même s'il n'a pas marqué, le Nigéria a posé beaucoup de problèmes à sa défense. La vitesse des attaquants (Musa en tête) a notamment mis la défense espagnole en difficulté à plusieurs reprises.
Même si Xavi et Iniesta n'attaquent pas n'importe comment, Busquets se retrouve parfois trop seul pour contenir la transition adverse une fois que celle-ci a dépassé le pressing des attaquants de la Roja (Fabregas-Soldado-Pedro). Pour peu qu'ils suivent les mouvements offensifs, les latéraux peuvent aussi rapidement dépasser leurs adversaires directs et créer le surnombre sur les ailes. Loin d'être un ailier dans l'âme, Fabregas a ainsi souvent laissé filer son vis-à-vis dans le troisième et dernier match de poule. Face au système de jeu mis en place par Prandelli, les Espagnols ont même subi les débats pendant une quarante-cinq minutes avant d'être forcés de revoir leur organisation pour mieux contrôler les contres adverses. Toutes ces raisons font que l'Espagne ne sera pas forcément favorite dimanche soir face au Brésil. Même si les Auriverde auront aussi leurs problèmes à résoudre, certaines de leurs forces pourraient bien appuyer sur ces faiblesses espagnoles.
Florent TONIUTTI
(sur twitter : @flotoniutti)
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