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ASM - RCL : Lens va avoir les moyens mais (peut-être) pas ceux de Monaco

Anthony Procureur

Mis à jour 26/03/2014 à 16:47 GMT+1

Avec son propriétaire milliardaire Hafiz Mammadov, Lens n'est pas sans rappeler Monaco. Mais le RCL est-il le nouveau riche du foot français ? Dur à dire...

FOOTBALL 2014 Lens - Danijel Ljuboja

Crédit: Panoramic

14 mai 2015. Mario Balotelli trompe à la dernière minute Victor Valdés, le nouveau gardien de Monaco, pour offrir à Lens son premier titre de champion de France depuis 1998 au nez et à la barbe du PSG… C'est le fantasme né depuis l'arrivée du milliardaire Hafiz Mamadov aux commandes du club nordiste en 2013. Un fantasme entretenu par le richissime Azéri lui-même. "Le RCL sera le meilleur club du monde", prophétise-t-il lors qu'il devient propriétaire du club. En novembre, dans un reportage de Canal +, il était même allé plus loin. "Nous avons l’ambition d’être les meilleurs, et pour cela il faut investir. On investira autant qu’il y a besoin, avait-il assuré. Si nous sommes capables de faire des coups à la Ibrahimovic ou Falcao sur le mercato ? Oui, pourquoi pas. S’il le faut, on le fera".
Lens, future troisième force du football français avec le PSG et Monaco, l'idée a vite fait son chemin. Sauf que, pour l'heure, les Lensois sont encore en Ligue 2 et, s'ils affrontent l'ASM, c'est en quart de finale de la Coupe de France. Mais la tentation est forte de comparer cette situation à celle de l'arrivée du Russe Dimitri Rybolovlev alors que les Monégasques évoluaient eux aussi à l'étage inférieur. "On n'est pas sur les mêmes investissements d'actionnaires, nous aide à décrypter l'économiste du sport Frédéric Bolotny. A Monaco, ils ont investi plus de 100 millions d'euros. A Lens, on est à 20 millions. Mais c'est déjà un gros investissement pour un club de Ligue 2". C'est après avoir retrouvé l'élite que Monaco avait recruté Falcao (60M), James Rodriguez (45M), Moutinho (25M), Kondogbia (20M) ou encore Toulalan (5M).

"Il peut mettre 100M mais ce serait une mauvaise idée"

Aujourd'hui, tout oppose Lens et Monaco. Mais une fois en Ligue 1, quelle trajectoire suivra le RCL ? La même que l'ASM ou le PSG ? Aujourd'hui, personne ne peut vraiment le dire. Quand les plans de Rybolovlev ou du Qatar étaient clairs d'entrée, ceux de Mammadov restent flous. Très flous. Récemment, dans L'Equipe Mag, Gervais Martel s'est même senti obligé de tempérer les annonces tape-à-l'œil du nouveau propriétaire : "Peut-on rivaliser avec le PSG et Monaco demain ? Pour commencer, la marche est haute (pour monter en L1, ndlr). Je n’ai pas comme ambition de voir Lens champion de France demain matin. Qu’on se retrouve durablement dans les dix premiers, oui, car c’est notre place, celle qu’on n’aurait jamais dû quitter". "Amener le club au haut niveau sans faire de folies", voilà son objectif. Au lieu de parler de stars, l'emblématique président préfère annoncer que "la période de l’exode des jeunes talentueux est révolue". Celui des Varane, Kondogbia, Kolodziejczak, Taarabt ou Kakuta.
Mais l'Azéri va-t-il ouvrir les cordons de la bourse comme l'ont fait le Qatar ou Rybolovlev ? "Il peut mettre 40 millions d'euros tranquille !, assure Stéphane Borboconi, ancien défenseur de Metz a qui a côtoyé Mammadov au FC Bakou. Pour lui, un salaire de footballeur, ça n'est rien du tout. Il est à la tête de plusieurs milliards d'euros". Encore faut-il avoir l'ambition d'investir autant. "A priori, sa surface financière est élevée. Potentiellement, pourquoi pas, avance prudemment Frédéric Bolotny. Je pense que ça n'est pas le genre à arriver et à jouer le milieu de tableau. S'il veut vraiment devenir le meilleur club d'Europe, comme il le dit, il va falloir qu'il mette de l'argent. Lorsqu'on est un club de Ligue 1 ou Ligue 2, c'est difficile d'avoir des ambitions sans être adossé à un actionnaire très solvable". Mais comme Martel, le directeur sportif Jocelyn Blanchard reste mesuré : "Il est capable de mettre 100 millions sur la table. Mais ce serait une très mauvaise idée. On veut une progression maîtrisée, par étapes".
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Gervais Martel Présentation Antoine Kombouaré Lens 2013

Crédit: Panoramic

"A Lens, c'est du marketing d'Etat"

"Attention au fair-play financier, prévient toutefois l'économiste. Il y a quand même un problème pour les nouveaux entrants (qui veulent investir, ndlr). Ça fige le marché. Le fair-play financier demande de converger vers un équilibre des comptes d'exploitation avant intervention des actionnaires. Donc il est surtout important que Lens profite de cette étincelle pour générer ses propres recettes". L'arrivée de Mammadov à Lens a surtout un impact immédiat. Celui de sauver le club et de lui offrir un avenir en Ligue 1. "Il est très dur pour les clubs très structurés de remonter en Ligue 1, explique encore M. Bolotny. Tout l'argent qui est mis en Ligue 2 pour conserver ses infrastructures n'est pas mis sur la masse salariale (le recrutement, ndlr)". Grâce à son nouveau propriétaire, Lens pourrait donc avoir la chance de retrouver l'élite avec son centre de formation de la Gaillette et son stade Bollaert. On comprend mieux qu'il ait été accueilli en "héros".
Hafiz Mammadov n'a d'ailleurs pas choisi Lens par hasard. Là aussi son projet diffère de celui de Monaco. "C'est un modèle qui est pas mal, détaille Frédéric Bolotny. Lens est un club qui a beaucoup d'atouts : une montée en L1 qui se profile, la rénovation du stade, une marque historique, le soutien des entreprises locales et un club populaire avec le meilleur public de France". Loin de l'image du club du Rocher. "La grosse différence, ajoute-t-il, c'est que cette manne financière qui a permis de remettre en place un management historique (avec le retour de Gervais Martel, ndlr)". Sportivement, l'homme d'affaires n'intervient pas dans la vie du club. Seule la présence de joueurs d'Azerbaïdjan est prévue dans le groupe pro et surtout au centre de formation.
Mais c'est surtout la motivation de Mamadov qui diffère de celle de Rybolovlev. "A Lens, c'est du marketing d'Etat. De ce point de vue, c'est plutôt comparable au Qatar au PSG. A Monaco, c'est plus le jouet d'un milliardaire". Comme les Qataris à Paris, il est là pour soigner l'image de l'Azerbaïdjan. Sur le maillot de Lens, c'est ainsi un slogan vantant son pays qui trône ("Azerbaïdjan, Land of Fire), pas Baghlan, le nom du groupe industriel possédé par Mammadov. Quant à savoir si Mario Balotelli le portera un jour, il est trop tôt pour le savoir. Lens pourrait tout aussi bien s'approcher du modèle des clubs moyens en Angleterre. Mais mercredi, à défaut de Balotelli, un but de Yoann Touzghar qui enverrait le RCL en demi-finale ferait déjà le bonheur des Sang et Or.
Les actionnaires des clubs en Ligue 1 :
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