Avec Quaresma, le Portugal a aussi son Nasri

Malgré un retour remarqué au FC Porto cette année, Ricardo Quaresma ne figure pas dans les 23 du Portugal pour le Mondial au Brésil. Retour sur le cas du "Gitan" qui divise sûrement autant que celui de Samir Nasri en France. Les tweets en moins…

Quaresma a pourtant réussi un retour remarqué au FC Porto

Crédit: AFP

Lundi soir, Paulo Bento a dévoilé l’identité de ses 23 protégés pour le voyage au Brésil. Plus que jamais, le sélectionneur du Portugal a pris un groupe d’habitués. Peu de surprises dans ses choix et une absence qui fait débat. Celle, plus ou moins attendue, de Ricardo Quaresma. L’ailier, qui est de retour au FC Porto depuis le début de cette année, est l’une des rares satisfactions de son équipe. Neuf buts enfilés en 24 rencontres mais un tempérament, à 30 ans, toujours aussi prononcé. Le vice-président de la Fédé, Humberto Coelho, avait pourtant promis que Bento convoquerait les joueurs "se trouvant dans les meilleures conditions". Nani et ses deux matches joués en 2014 ou Vieirinha (Wolfsburg) qui revient à peine de blessure sont donc plus légitimes que le roi de la "trivela" (extérieur du pied, en portugais) ? Bento invoque d’abord une réponse d’ordre "technico-tactique".
Mais l’assistance insiste. Que se passe-t-il avec Danny qui malgré sa quinzaine de pions avec le Zenit ne figure même pas dans les 30 ? Bento répond : "J’occupe un poste qui est exposé aux critiques", et il embraye à la troisième personne : "Le sélectionneur national entend que les quatre ailiers actuels [Ronaldo, Nani, Varela et Vieirinha] lui donnent des garanties sportivement, physiquement et dans l’implication. Ils auront toujours l’objectif d’aider l’équipe et d’être derrière elle". Bento qui avait déjà fait preuve d’autorité à l’égard de Bosingwa et Ricardo Carvalho reste ferme. Encore que… Pourquoi, dans ce cas, avoir intégrer Quaresma dans la liste des 30 ? "Si je suis critiqué en le plaçant dans les 30, si je ne l’avais pas fait, je l’aurais été plus encore…" Plus hésitant que Didier Deschamps sur le cas Samir Nasri, Paulo Bento a condamné Ricardo Quaresma à la même privation. Une de plus. Comme Nasri, Quaresma avait été "oublié" en 2010. Pire que Nasri, en plus des Coupes du Monde 2010 et 2014, en 2006 et malgré une saison pleine à Porto, Scolari l’avait déjà mis de côté. Et quatre ans plus tôt, c'est Antonio Oliveira qui l'avait placé 24e sur sa liste...
Une fin de saison mouvementée
Quaresma traîne depuis longtemps la réputation d’un joueur caractériel. Il était présent lors de la phase finale de l’Euro 2012 où il a fait banquette. Il s’est néanmoins fait remarquer. A l’entraînement. Une vilaine altercation avec l’actuel Lyonnais, Miguel Lopes. Un geste mal placé qui va lui coûter sa place dans le groupe. Quelques mois plus tard, la presse people annonce qu’il est mis en détention pour avoir agressé un policier Sa dernière apparition avec la Seleção date du barrage face à la Bosnie (6-2). Sept minutes disputées par le joueur qui évoluait alors au Besiktas où il ne va pas tarder à devenir l’une des têtes de turcs des dirigeants. Après s’être entraîné seul à Istanbul, il se met au Golfe. Une pige à Al-Aïn, à Dubaï. "J’ai commis une grave erreur en partant là-bas".
Le "Gitan" revient de loin. Et beaucoup se demandent quel sera son rendement, lors de son come-back. Il embrase le Dragon mais ce sera bientôt le retour de flamme. De plus en plus de supporters y voient une alternative aux blessés Nani et Vieirinha pour l’équipe nationale. Jesualdo, son ancien entraîneur à Porto tempère : "Quaresma sait qu’il n’a jamais été très heureux en sélection (…) Il est en train de surpasser sa crise d’identité. S’il n’y parvient pas, il ne pourra pas retourner en Seleção". Le Professor – que RQ avait insulté en 2008 après avoir été remplacé en cours de match - a senti le coup venir. Le 30 mars dernier – soit une poignée de jours après les mots de Jesualdo, Quaresma est mêlé à une embrouille de fin de match, au stade de Madère. Il écope d’un jaune et d’une amende de… 77 euros. Porto s’incline face au Nacional (1-2) et Ricardo fulmine. Une quinzaine de jours plus tard, il voit rouge à la Luz (1-3), en demi-finale de la Coupe du Portugal. L’ambiance était particulièrement hostile envers celui qui avant de défendre le FCP avait été formé au Sporting. Et il a craqué. De quoi conforter ses détracteurs. Quaresma n’a donc pas changé. Il est toujours aussi imprévisible. Pour le meilleur et pour le pire.
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Quaresma à l'entraînement avec Cristiano Ronaldo et Miguel Lopes

Crédit: Panoramic

Il était pourtant soutenu
Ricardo Quaresma a pu compter sur de nombreux soutiens, ces derniers mois. Pour le benfiquiste Nuno Gomes, il avait "démontré qu’il pouvait faire partie de la liste finale". Fernando Santos, le sélectionneur portugais de la Grèce, aurait bien aimé l’avoir de son côté : "Quaresma me rendrait bien service !" Le président du syndicat des joueurs, Joaquim Evangelista, "préfère avoir Quaresma comme ami plutôt que certains dirigeants". Lors de l’incident survenu à Madère, la "Mustang" a affirmé avoir été insultée "tout au long de la rencontre de Gitan et de bien d’autres choses…". Quaresma a d’ailleurs été soutenu par l’association ethnique des gitans du nord. Gitan par son père, il a rapidement et souvent été appelé comme tel, avec plus ou moins de sympathie. "Solidaire", son président, Pinto da Costa, n’hésite d’ailleurs pas à parler de "racisme" et accuse certains responsables de vouloir "écarter" Quaresma de l’équipe nationale.
Une image soignée
Depuis son retour au Portugal, Quaresma a pourtant soigné son image. Ses rapports avec la presse n’ont, de toute façon, jamais été trop compliqués. L’homme est accessible. Affable. Un père de famille rangé qui partage régulièrement sur son compte Twitter ses moments de vie. Mais aussi ses actions caritatives. Cette semaine, il s’est rendu à l’Institut d’oncologie de Porto  pour rendre visite aux malades. Dernièrement, il a appelé ses suiveurs à soutenir les 200 jeunes filles enlevées au Nigéria. "J’aurais pu faire une meilleure carrière", glissait dernièrement, Ricardo Quaresma. Il a en tout cas tout d’un bon homme…
Le renouveau et Lopes attendront
La principale nouveauté de la liste de Bento est clairement la présence de Rafa (20 ans). Le milieu offensif de Braga avait été convoqué pour la première fois lors du dernier match amical face au Cameroun (5-1). Le sélectionneur a toutefois bien expliqué que "le potentiel renouvellement se fera tranquillement". Seuls sept éléments ont disparu depuis l’Euro 2012 (Quaresma, Rolando, Miguel Lopes, Custodio, Ruben Micael, Hugo Viana et Nélson Oliveira). Les promesses André Gomes, Ivan Cavaleiro et Anthony Lopes, n’iront pas au Brésil, non plus. Le portier de l’OL sort pourtant d’une saison pleine. "On a opté pour les trois gardiens qui ont été le plus souvent avec nous", tente de justifier le sélectionneur. Rui Patricio sera donc accompagné de Beto – vainqueur de la C3 avec Séville – et d’Eduardo pourtant en dedans avec le Sporting de Braga.
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Quaresma sous le maillot du Portugal en 2011

Crédit: Panoramic

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