Ça y est, Toni Kroos est entré dans une nouvelle dimension

Le 8 juillet 2014 restera une date essentielle dans la carrière de Toni Kroos. Pas seulement parce qu'il faisait partie de ces onze allemands entrés dans l'histoire du football en atomisant le Brésil, chez lui, en demi-finale de la Coupe du monde (7-1). Aussi, surtout, parce qu'il a été le principal protagoniste de la démonstration de la Nationalmannschaft.

Elu homme du match, Kroos a pris une autre dimension à Belo Horizonte. Son talent ne faisait aucun doute. Très jeune, il était déjà considéré comme l'une des plus grandes promesses du football outre-Rhin, et il a répondu à ces  attentes avec le Bayern. Mais il lui manquait une prestation d'envergure dans un match marquant pour obtenir cette reconnaissance au niveau international. C'est ce qu'il a réalisé en ce 8 juillet 2014.

Kroos a été directement impliqué sur les quatre premiers buts de l'Allemagne face au Brésil. Au passage, il a montré l'étendue de son registre offensif. D'abord les coups de pied arrêtés, avec un corner parfaitement botté sur l'ouverture du score de Thomas Müller. Puis la justesse de passe, avec une ouverture géniale pour Müller sur le deuxième but, inscrit par Miroslav Klose. Et enfin, sa capacité à se projeter vers la surface pour marquer, avec un doublé en l'espace de… 69 secondes, le plus rapide de l'histoire de la Coupe du monde. Dont un but sur un tir puissant et précis du gauche qui traduit bien sa qualité de frappe. Il a aussi réussi 93% de ses 79 passes sur l'ensemble du match. Kroos pouvait difficilement réaliser une prestation plus aboutie pour célébrer sa 50e sélection.

Décisif face au Brésil, Kroos l'avait déjà été face à la France en quart de finale. Il avait provoqué la faute de Paul Pogba pour obtenir un coup franc qu'il a déposé sur le crâne de Mats Hummels sur le seul but du match. Sa prestation de Belo Horizonte confirme une montée en puissance assez nette dans le tournoi. Et probablement servi par le repositionnement de Philipp Lahm au poste de latéral droit. Le capitaine de la Nationalmannschaft donne plus d'options dans l'animation offensive, et de solutions de passe à la rampe de lancement qu'est Toni Kroos. Avec Sami Khedira et Bastian Schweinsteiger, Kroos forme un trio aussi complémentaire depuis le quart de finale face à la France (1-0). Il y a pris une influence encore plus importante sur le jeu de son équipe. Et il fait la différence.

Kroos est le véritable cerveau de la Nationalmannschaft. Il y rayonne dans cette position de meneur de jeu qui lui permet d'exploiter au mieux ses qualités. Et ça ne date pas du match face au Brésil. "Cela fait déjà deux ans, depuis l'Euro, qu'il donne l'impulsion en sélection, a souligné Joachim Löw. Il apporte beaucoup par sa technique, il se rend toujours disponible, il a une main à la place du pied, et il est en très bonne forme." Kroos est le principal garant du style de jeu de l'Allemagne, qui n'est pas sans rappeler celui de l'Espagne avec une moyenne de 558 passes courtes depuis le début du tournoi. Il en est le métronome, celui qui réussit le plus de passes par match (83). Et le joueur recherché par ses coéquipiers. "Toni amène le ballon à chaque fois là où il doit être amené, et ça c'est une grande force", résume ainsi Miroslav Klose.

Toni Kroos était déjà au cœur de l'actualité des transferts. Il n'a pas trouvé d'accord avec le Bayern Munich pour prolonger un contrat qui expire en juin 2015. Pour ne pas perdre son joueur sans récupérer d'indemnité de transfert, le club bavarois est quasiment contraint de le vendre cet été. Et le Real a flairé le bon coup. Pour la presse espagnole, l'accord est total entre le joueur et le club merengue. Son départ pour Madrid devrait être officialisé peu après la Coupe du monde, contre une somme estimée à 25 millions d'euros. Une affaire. Le Real va récupérer un milieu ultra-complet, qui a prouvé sa compétitivité au plus haut niveau, et seulement âgé de 24 ans. Et pour Kroos, un transfert à la Maison Blanche ne serait que la confirmation de son entrée dans une nouvelle dimension.