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Les huit joueurs qui doivent tout à la Coupe du monde

Laurent Vergne

Mis à jour 02/06/2014 à 10:08 GMT+2

Dans leur carrière, la Coupe du monde tient une place prépondérante. Si on se souvient d'eux aujourd'hui, c'est d'abord, parfois même uniquement en référence au Mondial.

Oleg Salenko et Roger Milla.

Crédit: AFP

Toto Schillaci (Italie)

Il a le profil type de cette série. A croire même qu'elle a été préparée spécialement pour lui. Avant la Coupe du monde 1990 en Italie, Toto Schillaci n'était presque rien. Après, il ne fut pas grand-chose. Mais lors de ce "Mondiale" à domicile pour la Squadra, il est devenu Toto le héros. L'improbable héros. Transcendé, intouchable, en permanent état de grâce, celui qui évoluait encore en Serie B douze mois plus tôt va inscrire six buts en sept matches. Son histoire commence lors de la première rencontre des Italiens, face à l'Autriche. Englués, les joueurs d'Azeglio Vicini sont incapables de trouver l'ouverture. Alors le sélectionneur lance dans le dernier quart d'heure Salvatore Schillaci. L'attaquant de la Juventus honore alors seulement sa deuxième sélection. Elle va changer sa vie.
Sur un de ses premiers ballons, Toto reprend de la tête un centre de Gianluca Vialli et délivre l'Italie. S'il se contente encore d'entrer en jeu face aux Etats-Unis (le seul match où il ne marquera pas), Schillaci est ensuite titularisé contre la Tchécoslovaquie. Il ouvre le score. Puis il en fait de même contre l'Uruguay en huitièmes et l'Eire en quarts. L'Italie devient dingue de son Toto à l'histoire si belle. Il aurait encore pu être le héros de la demi-finale contre l'Argentine puisque c'est lui qui débloque la marque. Mais la Squadra s'incline finalement aux tirs au but. Une dernière réalisation lors du match pour la troisième place contre l'Angleterre offre le titre de meilleur buteur à Schillaci. Un vrai conte de fées. Mais minuit va sonner avec la fin du Mondial. Toto-Cendrillon voit son carrosse redevenir citrouille. Toto va commencer à tousser et carburer à l'ordinaire. Cette Coupe du monde, pour lui, restera comme une parenthèse enchantée totalement inattendue. Il a flotté sur son nuage avant d'en descendre aussi sec. Mais ça valait le coup d'être vécu. Et d'être vu.
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Toto Schillaci

Crédit: Imago

Roger Milla (Cameroun)

Roger Milla a vécu une longue, très longue carrière. Il a beaucoup bourlingué, en France notamment, de Valenciennes à Montpellier, de Bastia à Saint-Etienne en passant par Monaco. Il a beaucoup marqué, aussi. Mais rien n'a plus compté pour lui que ses trois phases finales de Coupe du monde. Les trois premières du Cameroun. Ce sont elles qui lui valent de figurer dans la légende du football. Milla, c'est LE Lion indomptable. Révélation trentenaire en 1982 en Espagne, plus vieux buteur de l'histoire de l'épreuve à 42 ans en 1994, c'est d'abord et avant tout le héros totalement hors normes du "Mondiale" italien en 1990.
Sorti de sa retraite à l'ile de la Réunion pour rejoindre la sélection camerounaise, il va inscrire quatre buts, dont un doublé face à la Colombie en huitième de finale. Avec, à chaque fois, cette petite danse en guise de célébration qui fait le tour de la planète. Pour tout le monde, Milla, c'est le héros d'un football camerounais séduisant et attachant. L'homme qui a porté une équipe africaine en quart de finale de la Coupe du monde pour la première fois. Un homme du Mondial, qui doit énormément au Mondial, même si l'inverse est tout aussi vrai en ce qui concerne cette terne édition 1990 dont le Cameroun fut l'unique rayon de soleil.
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Le sacré tour joué par Roger Milla à René Higuita, le gardien colombien, lors du huitième de finale Cameroun-Colombie en 1990

Crédit: Panoramic

Sergio Goycoechea (Argentine)

A bien des égards, ce Mondial 1990 aura été celui des héros improbables. On l'a vu avec Salvatore Schillaci et Roger Milla. Mais que dire de Sergoy Goycoechea ? Le gardien de but argentin, alors âgé de 26 ans, n'aurait jamais dû entrer dans la lumière. Nerry Pumpido, portier de l'Albicéleste sacré en 1986, semble inamovible quand débute ce Mondial. Quant au numéro 2, il s'agit alors de Luis Islas. "Goyco" n'est là que pour faire le nombre. Sauf que Islas, frustré de jouer les doublures, claque la porte. Du coup, Goycoechea monte en grade. La fracture de la jambe de Pumpido lors du deuxième match de l'Argentine contre l'URSS, va faire le reste.
Goycoechea entre en jeu et va s'imposer comme une des révélations du tournoi. Avec lui, le champion du monde en titre sort le Brésil en huitièmes puis la Yougoslavie et l'Italie via deux séances de tirs au but dont Goycoechea est le héros. En quart, il bloque les tentatives de Stojkovic et Hadzibegic puis celles de Donadoni et Serena en demie. Elu meilleur gardien du tournoi, Goyco connaitra des lendemains plus difficiles, avec même un passage par… Brest, en deuxième division française. Malgré tout, il totalise 44 sélections sous le maillot ciel et blanc. Reste que dans l'esprit du grand public, sa carrière tient en un tournoi et deux séances de tirs au but.
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Sergio Goycoechea

Crédit: Imago

Oleg Salenko (Russie)

Oleg Salenko a laissé une empreinte indélébile dans l'histoire de la Coupe du monde. Il est le seul joueur à avoir inscrit cinq buts dans un même match. C'était en 1994, face au Cameroun, avec la Russie. Il n'a pourtant participé qu'une fois à une phase finale pour seulement trois petits matches joués, mais un statut de meilleur buteur de l'édition 1994. Ce quintuplé face aux Lions Indomptables a suffi à le placer dans le gotha. Avant cela, l'ancien attaquant du Dynamo Kiev ne possédait pas vraiment une grande réputation internationale. Et cet exploit est globalement resté sans lendemain, avec des passages à Valence et aux Glasgow Rangers sans grande relief. Il n'en reste pas moins que tout le monde sait que Salenko a accompli en Coupe du monde ce que personne, ni avant ni après (pour l'instant) lui n'a jamais réussi.

Yordan Letchkov (Bulgarie)

Yordan Letchkov, c'est d'abord un but. Un coup de tête monstrueux pour offrir à la Bulgarie sa plus grande heure de gloire sur la scène internationale : une victoire face à l'Allemagne en quart de finale de la Coupe du monde 1994. La carrière du divin chauve bulgare est à jamais associée à cette World Cup américaine, dont il fut une des révélations, bien qu'il avait déjà 27 ans à l'époque. Sa carrière en club n'a jamais été à la hauteur de cette parenthèse glorieuse, particulièrement après le Mondial 1994. A Marseille ou au Besiktas Istanbul, Letchkov n'a jamais réussi à capitaliser sur son formidable tournoi. Mais il reste ce but contre l'Allemagne et cette série de matches de très haut niveau.
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Le but victorieux de Yordan Letchkov face à l'Allemagne en 1994.

Crédit: Imago

Jürgen Sparwasser (R.D.A.)

Certains joueurs sont des stars. D'autres des idoles. Jürgen Sparwasser, lui, est devenu un symbole. Il a suffi pour cela d'un but. Celui inscrit lors de la Coupe du monde 1974 lors du "derby" allemand entre la R.F.A. et la R.D.A. lors du premier tour. A la 77e minute, le milieu de terrain du FC Magdebourg marque l'unique but de ce match pas comme les autres, en pleine Guerre froide. 40 ans après, s'il reste un joueur est-allemand dans les mémoires, c'est Sparwasser. Pourtant, il était paradoxalement le moins est-allemand des joueurs est-allemands. Joueur fin malgré son gabarit, Sparwasser avait quelque chose de latin dans son expression footballistique. Mais qu'importe. Il est resté le joueur incarnant l'unique heure de gloire de la R.D.A. en phase finale de Coupe du monde.

Just Fontaine (France)

Attention, Just Fontaine, c'est une superbe carrière. Il serait injuste et absurde de la résumer à une Coupe du monde. Justo a marqué 165 buts en 200 matches de L1 et il fut un des pions essentiels du grand Stade de Reims des années 50 après avoir fait les beaux jours de l'OGC Nice au début de sa carrière. Mais s'il possède une renommée mondiale, si tous les amateurs de football aux quatre coins du globe connaissent le nom de Just Fontaine, c'est parce que l'avant-centre tricolore a réussi un exploit qui, 56 ans après, fait toujours date. Ses 13 buts lors de l'édition 1958 de la Coupe du monde constituent un record que certains considèrent comme inabordable aujourd'hui. Pourtant, avant d'arriver en Suède, Fontaine n'était même pas considéré comme un titulaire au sien de l'équipe de France. Il a fallu la blessure de René Bliard pour lui ouvrir une place en attaque aux côtés de Kopa et Piantoni. Sa carrière de joueur s'est brisée net à seulement 27 ans, à cause d'une vilaine fracture. Mais Fontaine reste l'inoubliable Justo, le seul homme à avoir signé un quadruplé, un triplé et un doublé dans un même Mondial. CR7, Leo, accrochez-vous pour faire aussi bien…
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Just Fontaine porté en triomphe par le clan tricolore

Crédit: AFP

Josimar (Brésil)

C'est un des charmes de la Coupe du monde: révéler à la face du monde des talents inconnus ou, à tout le moins, méconnus. Y compris parmi les nations majeures du football. Prenez Josimar. "Quand le Mondial a commencé en 1986, j'étais un joueur inconnu qui évoluait en milieu de tableau avec Botafogo", rappelle l'intéressé. Tele Santana le choisit pourtant dans son groupe pour pallier l'absence de Leandro, mais il n'est alors que la doublure de l'arrière droit titulaire, Edson. La blessure de celui-ci va placer Josimar en pleine lumière. Le jeune homme (24 ans) va en faire bon usage : il marque deux buts d'anthologie contre l'Irlande du Nord puis la Pologne en huitièmes de finale et son activité, sa vitesse et la qualité de sa frappe en font une des attractions du tournoi. Inséré dans le XI type de ce Mondial 1986, Josimar semble parti pour une grande carrière, mais il ne digèrera jamais ce nouveau statut. Il passe par tous les excès et brille davantage dans les fiestas qu'il accumule que sur le terrain. Josimar, c'est une étoile filante. Mais ceux qui ont vécu ce Mondial 1986 en garde un souvenir fort.
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