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Seleçao 1982 ? Une demi-douzaine de demi-dieux et deux boulets

Laurent Vergne

Mis à jour 04/07/2014 à 00:10 GMT+2

C'est un peu cru, mais cela résume assez bien finalement ce qu'était cette équipe, arrivée en Espagne avec une auréole au-dessus de la tête et repartie la queue entre les jambes. Sans le titre mondial, mais avec

La mythique équipe du Brésil lors du Mondial 1982.

Crédit: Imago

Waldir Peres

Le pire gardien de l'histoire de la Seleçao? Waldir Peres n'a pas bonne presse au Brésil et c'est peu de le dire. Une (méchante) rumeur dit ici que, dans le dictionnaire, à côté de "merda", le nom de Waldir Peres apparait en guise de synonyme. Principal point faible de cette équipe, Peres commet une incroyable bourde dès le premier match contre l'URSS sur une frappe de Bal. "Son placement et sa gestuelle sur cette action interrogent même jusqu'à sa connaissance basique du poste", interrogera le quotidien Globo. Curieusement, il sera le seul joueur brésilien à recevoir un carton jaune dans ce tournoi. La défaite contre l'Italie marque sa dernière apparition en équipe nationale.
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Waldir Peres

Crédit: Imago

José Leandro

Du haut de ses 23 ans, il était un des plus jeunes joueurs de ce onze mythique. Il n'a pas aujourd'hui la même reconnaissance qu'un Junior, son pendant côté gauche. Pourtant, Leandro a été une vraie vedette au Flamengo, avec lequel il a gagné quatre fois le Championnat dans les années 80. Joueur très fin, très technique, à la qualité de centre précieuse, il avale les kilomètres sur le flanc droit et ses montées répétées tendent à replacer Socrates dans l'axe du terrain. Il est en quelque sorte l'ailier droit que cette équipe n'avait pas…

Oscar

Du Brésil 1982, on a retenu ses extraordinaires forces (le milieu de terrain, ses latéraux) et sa double abyssale faiblesse (le gardien et l'avant-centre). Entre deux, sa charnière centrale passe un peu à l'as. On dira qu'elle était solide, à l'image d'Oscar. Déjà titulaire en 1978 en Argentine (il sera encore là en 1986 mais comme remplaçant), le défenseur de Sao Paulo tient plutôt bien la baraque. Il aurait surtout pu rester dans l'histoire comme un véritable héros. Face à l'Italie, à la dernière minute, c'est son coup de tête au second poteau sur un coup franc d'Eder que Dino Zoff stoppe en deux temps sur sa ligne. Sur le coup, tout le monde a vu le ballon rentrer. Ou a voulu le voir. Mais non…
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Oscar, défenseur central du Brésil en 1982.

Crédit: Imago

Luizinho

Partenaire d'Oscar dans l'axe défensif, peut-être le joueur le moins connu de ce onze. Comme Oscar, il a souffert des montées perpétuelles de Junior et Leandro, plus occupés à aller jouer avec Zico et Cie qu'à se cantonner près de leurs buts. Luizinho dira plus tard qu'il avait voulu s'en ouvrir à Tele Santana. Mais, d'une part, il était jeune (23 ans) et d'autre part, cette équipe était si confiante dans ses qualités offensives qu'elle pensait pouvoir se permettre quelques largesses. "Parfois, on avait tout faux tactiquement", expliquera Luizinho.

Junior

Magnifique arrière gauche, dans la grande tradition des latéraux brésiliens, très offensifs. Un digne héritier de Nilton Santos, continuant de tracer un sillon vieux de trente ans dans lequel s'engouffreront, ensuite, un Roberto Carlos ou un Marcelo. Aspiré par la moitié de terrain adverse, Junior n'a pas toujours été irréprochable dans les situations défensives. Ainsi était la Seleçao de Tele Santana. Mais son but, face à l'Argentine, au deuxième tour, à la conclusion d'un mouvement d'anthologie, est peut-être celui qui incarne le mieux la fluidité du jeu de passe brésilien durant cette Coupe du monde.

Toninho Cerezo

Encore un perdant magnifique. Technique et puissant, l'éternel moustachu est un des pions importants du dispositif de Tele Santana, même si lui aussi a une fâcheuse tendance à oublier que dans "milieu défensif", le deuxième terme compte plus que le premier. Sa monumentale bourde sur le deuxième but de Paolo Rossi, une transversale trop nonchalante interceptée par l'avant-centre de la Squadra, ternit forcément son bilan et a marqué sa carrière internationale. D'ailleurs, pendant le match, juste après ce but, Cerezo restera plusieurs minutes à errer sur le terrain en pleurant.

Paulo Roberto Falcao

A l'époque, il est une des rares stars à évoluer déjà en Europe, à la Roma. Falcao est sans aucun doute un des meilleurs joueurs de cette Coupe du monde. Son but contre l'Italie aurait pu, aurait dû être celui de la qualification pour les demi-finales... Mais de son Mondial, on peut aussi retenir ce geste, face à l'URSS : c'est lui qui, faussement désinvolte, laisse passer le ballon entre les jambes, avant qu'Eder n'enchaine contrôle et frappe pour offrir la victoire aux Brésiliens. Tout l'esprit de cette Seleçao est contenu dans l'attitude de Falcao. Il reste deux minutes, le Brésil est accroché mais, tranquille, il laisse passer le ballon entre ses jambes. Oui, toujours, le soin de mettre de l'art dans la manière.
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Falcao avait cru offrir la qualification pour les demi-finale

Crédit: Imago

Zico

Celui que Socrates appelait "le Roi". La star des stars, c'était lui. Beau, fin, élégant, merveilleux technicien, buteur aussi, Zico savait absolument tout faire. C'était impossible de ne pas aimer Zico. En Espagne, à 29 ans, il est au sommet de son expression. Il le prouve en inscrivant notamment quatre buts, dont un coup-franc somptueux face à l'Ecosse et une volée acrobatique magnifique contre la Nouvelle-Zélande. Un artiste, un vrai, qui a fait aimer le football à beaucoup, beaucoup de gens. Un des plus géants de l'histoire du jeu, simplement. Le meneur de Flamengo est très certainement un des plus grands joueurs de l'histoire à ne jamais avoir remporté la Coupe du monde.
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Zico fut une des stars de la Coupe du monde 1982. Mais l'histoire s'arrêtera brutalement pour le Brésil

Crédit: Imago

Socrates

Nous avons déjà évoqué ici l'extraordinaire personnalité de ce joueur totalement à part, et sur le pré et en dehors. Point d'ancrage du milieu de terrain, le Docteur Socrates, capitaine et extraordinaire leader au charisme inégalable, n'a sans doute jamais été aussi fort qu'en cette année 1982. Son tandem avec Zico est peut-être ce qui s'est fait de mieux depuis quarante ans. Son but contre l'U.R.S.S. de Rinat Dassaev, au premier tour, reste un monument. Ce Mondial, il le voulait vraiment. A tel point que, au niveau physique, il avait effectué une vraie préparation, un sacrifice chez lui. Il avait même arrêté de fumer… Tout ça pour ça…

Eder

Il a été l'idole de toute une génération d'ailiers gauches et le chouchou de ces dames. Eder, c'est à la fois la plus extrême des finesses, et la pure puissance. En témoignent ses deux buts, au premier tour. Face à l'URSS, c'est lui qui offre la victoire à deux minutes de la fin d'une magistrale volée du gauche qui laisse Rinat Dassaev sans réaction. Une sacrée frappe de mule. Sinon, on peut lui préférer celui face à l'Ecosse : à l'entrée de la surface, un petit lob piqué du gauche, d'une délicatesse inouïe, pour mystifier le pauvre Jim Leighton. Deux chefs d'œuvre dans deux registres bien distincts. Dommage qu'Eder ait ensuite baissé de pied au deuxième tour.
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Eder, ailier gauche de la Seleçao 1982

Crédit: Imago

Serginho

L'autre "boulet", c'est donc lui. Si Reinaldo et Careca n'avaient pas été blessés, jamais sans doute Serginho "Chulapa" n'aurait-il occupé une place de titulaire, dont il n'avait manifestement pas l'étoffe. L'excellence de ses équipiers n'aura fait que cruellement accentuer sa propre incapacité à se hisser au niveau. Un but contre la Nouvelle-Zélande, et un autre face à l'Argentine, quand même. Mais une pancarte "pas à la hauteur" qui lui collera à jamais à la peau. Si Careca avait évolué à sa place en pointe, on n'ose imaginer combien le Brésil, qui a marqué quinze fois en cinq matches, aurait inscrit de buts dans ce tournoi espagnol...
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