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Et pourquoi pas une Coupe du monde à 211 ?

Maxime Dupuis

Mis à jour 06/10/2016 à 16:59 GMT+2

Après avoir rêvé tout haut d’un Mondial à 40, Gianni Infantino a lancé l’idée d’une Coupe du monde à… 48 nations et, pourquoi pas, disputée dans plusieurs pays. Cela ressemble à tout sauf à une bonne idée.

Gianni Infantino

Crédit: Panoramic

Michel Platini n'est plus aux commandes de rien du tout. Mais les idées de l'ancien boss de l'UEFA ont survécu à sa chute. Vous en voulez une preuve ? Ecoutez Gianni Infantino. Le roi du monde, qui longtemps fut le fidèle bras de Platoche, a très envie de nettoyer la vitrine de la FIFA. Alors qu'on attend surtout de lui qu'il balaie l'arrière-cour, le Suisse s'est lancé dans un combat que l'on qualifiera ici d'inutile. Quel est-il ? Réviser le format de la Coupe du monde, compétition reine du football et point de repère quadriennal le plus attendu du sport mondial, avec le rendez-vous olympique.
Depuis son élection, et comme Platini avec l’Euro, le président de la FIFA le répète à l'envi : il veut élargir le Mondial à 40 équipes. Enfin, il voulait. Car l'inflation touche aussi la fédération internationale. Désormais, Infantino rêve d'un Mondial à 48 et, il l'a confié à l'AFP, souhaite l'organiser "dans plusieurs pays". Plusieurs pays, c'est au moins deux. Et c'est déjà arrivé, en 2002. Mais dans l'esprit du successeur de Blatter, le "plusieurs" ne s'arrête pas à un duo. Pour faire simple, il aimerait faire du Mondial ce que Platini a fait de l'Euro : une compétition plus ouverte et disputée dans plusieurs pays. Ce que sera l'Euro 2020, premier Championnat d'Europe nomade de l'histoire.
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Gianni Infantino, lors du deuxième jour du 66e congrès de la fifa à Mexico, le 13 mai 2016.

Crédit: AFP

L'élargissement sert plus les tribunes que le terrain

Pas la peine de tourner autour du pot durant deux heures : c'est une mauvaise idée. Parce que la Coupe du monde fait partie de ces rares compétitions qui sont parfaitement calibrées. Depuis 1986, elle se dispute avec une phase de poules puis quatre tours à élimination directe. Et à 32 équipes depuis 1998. Le système est équilibré. Seize éliminés après le premier tour avec un règlement clair et d'une simplicité enfantine : 2 équipes passent en huitièmes. Après ? Il n'y a pas plus simple : c'est de l'élimination directe avec le sel qui accompagne ces rendez-vous uniques.
L'Euro 2016 et la réintroduction de la règle des meilleurs troisièmes, qui était en vigueur en Coupe du monde de 1986 à 1994, n'a pas été l'idée du siècle et a fait grincer quelques dents. Aussi, l'élargissement à 24 équipes, contre 16 auparavant, a plus servi les tribunes que le rectangle vert. Les fans qui régalent, c'est bien. Mais on préfère le talent sur le terrain. Du moins en ce qui me concerne.
L'idée de Gianni Infantino est d'autant plus bancale qu'elle ressemble à un leurre. Le boss de la FIFA juge que cela "ouvrirait plus de chances à plus d'équipes". Mathématiquement, c’est indiscutable. Mais la Coupe du monde, ce n'est pas "L'école des fans". Elle n'a pas été créée pour faire plaisir. Aussi, l'assertion d'Infantino est d'autant plus contestable qu'il n'imagine pas intégrer 16 nations supplémentaires au premier tour du Mondial. Mais leur faire disputer un barrage quelques jours avant le match d'ouverture. En gros, 16 nations viendraient disputer un match de "Coupe du monde-light" et repartiraient de suite au pays après avoir été éliminé. Avouez que c'est un peu cavalier et que cela ne renforce en rien le caractère compétitif du rendez-vous quadriennal.
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Trophée de la Coupe du monde

Crédit: AFP

Deux années pour rien

Une question s'impose : mais pourquoi diable Infantino veut-il mettre sa patte sur la Coupe du monde ? Le Suisse avance des raisons sportives, louables. Mais, en creux, la FIFA rêve d'une compétition plus rémunératrice. Et l'argent reste, quoi qu'en en pense, le nerf de la guerre. Qualifier plus de pays, c'est susciter encore plus d'intérêt et augmenter droits TV dans les pays concernés. Aussi simple que cela. Qualifier plus de pays, c'est aussi s'attirer les sympathies de plus de présidents de fédérations. Et, lorsque Gianni Infantino briguera un nouveau mandat, cela ne desservira pas ses intérêts. Mieux vaut prévenir que guérir.
Croire qu'ouvrir la Coupe du monde au quart des affiliés à la FIFA (48 sur 211 inscrits) va faire du bien au football de nations est l'autre erreur historique que pourrait entériner la fédération internationale en 2017. Comme l'Euro à 24, la Coupe du monde à 48 risque de tuer les deux années et les éliminatoires qui précédent le rendez-vous. Si tout le monde (ou presque) est qualifié, à quoi les prendre au sérieux... Ça vous semble être un détail ? C'est tout sauf ça. A une époque où les clubs puissants rêvent de prendre toute la lumière et considèrent les trêves internationales comme des obstacles à leurs intérêts économiques, c'est loin d'être anodin. Infantino, qui a longtemps œuvré à l'UEFA, est bien placé pour le savoir. A priori, il a déjà oublié.
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Gianni Infantino

Crédit: AFP

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