Un an après la finale France-Argentine - Varane - Lloris : une retraite, une disparition et deux interrogations

S'il fallait mesurer à quel point le football peut être ingrat, il suffirait de jeter un œil sur la trajectoire d'Hugo Lloris et Raphaël Varane depuis un an. Le 18 décembre 2022, le duo formait l'épine dorsale de la défense des finalistes de la Coupe du monde. Patrons incontestables de l'une des deux meilleures sélections au monde. Un an plus tard, le gardien est écarté par Tottenham depuis le début de saison, Varane a subitement disparu des terrains de Premier League avant d'y revenir dimanche à Anfield face à Liverpool. Entretemps, les deux hommes avaient, dès le mois de janvier, annoncé leur intention d'en finir avec l'équipe de France.

Une décision qui épousait une forme de logique pour l'ancien capitaine des Bleus, à 36 ans. Un choix plus surprenant pour Varane qu'il motivait par son souhait de ne plus exposer son corps à des cadences infernales. Aujourd'hui, il n'est pas complètement extravagant de lier leur difficile situation en club à leur désir de couper les ponts avec leur sélection. Pour Lloris, cela relève même de l'évidence. Il n'aurait jamais imaginé sa situation actuelle si elle avait mis en péril son statut en Bleu.

Cet été, il n'était pas prêt à accepter tout et surtout n'importe quoi. Homme de principes, le Niçois a mal vécu sa mise à l'écart, l'attitude franchement détachée du nouvel entraîneur, Ange Postecoglou, à son égard et il n'était pas question de partir simplement pour faire plaisir à Tottenham qui s'épargnerait bien aujourd'hui son salaire. Lloris a décidé de ne pas faire de vague pour deux raisons : il espère un arrangement à l'amiable et ce n'est pas le genre du bonhomme. Le mercato hivernal qui arrive pourrait le remettre au centre des débats d'autant que Newcastle, qui a perdu Nick Pope pour quatre mois, semble tâter le terrain. Malgré ce black-out général depuis le printemps, le recordman de sélection en équipe de France se voit encore jouer deux ans. Pas question de tirer un trait sur sa carrière dans l'anonymat d'une mise à l'écart subie.

A 30 ans, il n'est évidemment pas question de raccrocher pour Varane. Mais il traverse l'un des moments les plus délicats de sa carrière. Après avoir collectionné les Ligue des champions à Madrid, sa carrière à Manchester United a d'abord été freinée par des blessures. Mais aujourd'hui, en pleine possession de ses moyens, il ne joue plus, relégué à la troisième ou quatrième place dans la hiérarchie des défenseurs centraux. S'il maintient son temps de jeu en Ligue des champions, il n'avait plus, avant ce week-end, démarré le moindre match de Premier League depuis le 30 septembre, ne comptait que 18 minutes de temps de jeu depuis et n'avait pas participé aux quatre derniers matches des siens.

Une mise au frigo spectaculaire qu'Erik ten Hag a, tour-à-tour, justifié par des "choix tactiques", puis par la concurrence. "Je pense que Harry (ndlr : Maguire) et Jonny (ndlr : Evans) se sont bien comportés. L'année dernière, Harry n'a pas beaucoup joué, alors j'ai été très heureux des performances de Rapha. J'ai toujours été satisfait de ses performances. Mais en ce moment, Harry joue très bien et il y a une concurrence interne", confiait le Néerlandais en novembre avant de tordre le coup aux rumeurs qui faisaient état de relations tendues entre les deux hommes.

"S’il est présent sur le banc, c’est qu’il doit être en forme. Dans mon esprit, lorsque vous êtes sur le banc, c'est que vous pouvez jouer. Donc, je ne sais pas pourquoi ce n'est pas le cas", s'interrogeait sur sa chaîne Youtube l'ancien monument de la défense mancunienne, Rio Ferdinand. D'autant que les prestations du Français ne sont pas infamantes et son match solide contre le Bayern la semaine dernière a alimenté les questions autour de son absence de six semaines en Premier League. Titulaire face à Liverpool dimanche grâce aux nombreuses absences à son poste, il a démontré avec une prestation dense qu'il en avait encore sous le capot. Mais Varane, comme Lloris, subit les décisions de son coach. La finale de la Coupe du monde n'a jamais semblé aussi loin pour les deux hommes.