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"Espagne, équipe ultime"

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 02/07/2012 à 14:52 GMT+2

Durant 90 minutes, vous avez refait l'Euro avec notre reporter Maxime Dupuis. La Roja lutte à ses yeux pour le titre de meilleure équipe de l'histoire.

Spain

Crédit: AFP

Portugaais : Selon vous est-ce que Prandelli a fait des erreurs ?
M.D. : Quand on perd 4-0, on a souvent fait des erreurs. Mais je pense qu'il ne faut pas blâmer Cesare Prandelli. Décider de jouer à quatre derrière était une décision logique. D'accord, les Italiens avaient tenu tête aux Espagnols avec trois centraux lors du premier match mais la montée en puissance transalpine dans ce tournoi avait été avec le système à quatre défenseurs. Il a voulu aller au bout de ses idées et surfer sur la vague. Difficile de lui en vouloir. Quant aux changements et le fait de se retrouver à dix à l'heure de jeu, là aussi, il n'est pas responsable des blessures de Chiellini ou Thiago Motta. Aurait-il dû conserver un remplacement et, par exemple, laisser Cassano sur le terrain ? Di Natale a failli relancer le match à son entrée. Conclusion : Prandelli n'a pas été verni. Et cela ne doit pas faire oublier le reste de son travail, gigantesque depuis deux ans.
Furiaroja : Les Bleus ont-ils appris quelque chose de cet Euro interrompu en quarts ?
M.D. : J'ai envie de vous dire que je l'espère. J'espère surtout que le prochain patron des Bleus a compris certaines choses et que le talent individuel ne fait pas tout. A l'avenir, il faudra peut-être laisser quelques francs-tireurs de côté pour construire quelque chose de solide. Cela ne sera pas facile car la presse et la vox populi sont versatiles et oublient souvent les atermoiements de la veille mais le futur sélectionneur devra passer par là pour reconstruire. Sinon, l'équipe de France connaitra toujours ces mêmes soubresauts constants.
Packman : Si les 45 tirs d'Angleterre-Italie avaient abouti à des buts, pensez-vous qu'on aurait pu parler d'un classique ? L'Italie n'est-elle pas l'équipe qui a fait le plus rêver au final ?
M.D. : 45 buts, ça aurait même été le match du siècle ! Sérieusement, j'ai failli citer ce match comme mon préféré un peu plus tôt dans le chat. Mais je suis d'accord qu'un Angleterre - Italie à 2-2 ou 3-3 aurait eu sa place parmi les très grands matches. Pour ce qui est de l'Italie, je suis d'accord avec vous, finale mise à part. D'ailleurs, je trouve amusant la nouvelle cote de sympathie pro-Italienne. C'est comme en 2010 avec l'Allemagne. Deux équipes qui ont pour habitude de ne pas faire soulever les foules hors de leurs frontières et voilà qu'après un virage à 180 degrés, elles deviennent des sélections populaires. Je trouve ça bien. Preuve que rien n'est gravé dans le marbre. On peut changer, évoluer. A condition d'avoir les joueurs pour.
Tom : Pensez-vous qu'après ce triplé il peut y avoir un relâchement dans la sélection espagnole ?
M.D. : Bonne question. Du relâchement, il y en a eu ces deux dernières années côté espagnol. Mais durant des matches qui comptaient pour du beurre. L'Espagne a parfaitement géré la période qui est allée de la Coupe du monde à l'Euro. Et le résultat est probant. Quid de la suite ? Difficile à dire. Mais une chose est certaine, cette équipe est encore jeune. Même pas 27 ans de moyenne d'âge et, surtout, un état d'esprit exceptionnel. Là est la clé.
Domenech : Est-ce que les Italiens étaient vraiment fatigués de leur demi-finale contre l'Allemagne, ou ils n'avaient pas le niveau pour battre l'Espagne?
M.D. : Les deux Raymond. L'Espagne, hier, était trop au-dessus. Mais l'Italie était au bout du rouleau. Cesare Prandelli l'a dit en conférence de presse. C'était d'ailleurs son seul regret : ne pas avoir bénéficié d'un jour de plus de récupération alors que les Italiens ont joué dimanche, jeudi et dimanche lors de la semaine dernière.
Mike : Juste avant la finale, vous vous attendiez à un match serré comme en phase de poules ou alors à une large victoire espagnole ?
M.D. : Les matches ne se déroulent jamais comme on le prévoit ou on l'aimerait. Mais je ne m'attendais pas à un 4-0. Une victoire par quatre buts d'écart, c'est du jamais vu dans l'histoire des finales de l'Euro et de la Coupe du monde. Je pensais que cela serait plus disputé que cela.
Manu : Penses-tu que Del Bosque est le meilleur entraineur du monde ?
M.D. : Vicente del Bosque est devenu hier le premier entraîneur vainqueur de la Ligue des Champions, de la Coupe du monde et de l'Euro. Est-il le meilleur entraîneur du monde pour autant ? Je ne pense pas. Rien que pour rester en Espagne, je crois que Guardiola et Mourinho sont au-dessus. Mais le mérite de del Bosque est d'être un formidable chef d'orchestre, qui sait apaiser les tensions et fait vivre un groupe.
Visiteur : Pensez-vous que l'élimination en demie des Portugais a remis en cause les chances de Ballon d'Or pour Cristiano Ronaldo ? L'Euro a-t-il ouvert la porte à d'autres prétendants ?
M.D. : Non, je ne crois pas. Cristiano Ronaldo reste avec Lionel Messi le candidat numéro un au Ballon d'Or qui, dans sa version actuelle et avec le vote des sélectionneurs et capitaines des équipes nationales, est devenu une élection du meilleur joueur du monde et non du meilleur de l'année. Quant aux prétendants, on pourrait ajouter des Espagnols et Pirlo. Mais ces joueurs sont avant tout dévoués au collectif. Iniesta l'a dit hier : le Ballon d'Or lui importe peu. D'ailleurs, je trouve ça bien que l'Espagne domine le football mondial sans distinction individuelle. C'est la preuve de la réussite d'un groupe. Pas une tête plus haute que l'autre et des joueurs qui jouent les uns pour les autres. La réussite ultime.
Labafe : Qu'a-t-il manqué au Portugal pour battre l'Espagne ? Pensez- vous que c'est l'équipe qui a causé le plus de problèmes à l'Espagne ?
M.D. : Avec l'Italie, au premier match, sans aucun doute. Que leur a-t-il manqué ? Je dirais simplement du réalisme. Car les occasions, les Portugais en ont eu, notamment Cristiano Ronaldo. Trois coups francs bien placés, trois fois non-cadrés. Un contre en fin de match mal joué par Raul Meireles et CR7 aurait aussi pu changer l'histoire de l'Euro. Il n'en a rien été mais, franchement, si le Portugal avait éliminé l'Espagne, il n'y aurait rien eu de scandaleux.
Chcha : Ne pensez-vous pas que c'est une mauvaise idée de mettre les pays organisateurs dans le premier chapeau ?
M.D. : Surtout lorsqu'il y en a deux, cela déséquilibre les groupes. Mais d'un point de vue organisationnel et pour la répartition des matches et des stades, c'est bien plus simple. En faisant cela, l'Ukraine était assurée de jouer à Kiev et à Donetsk par exemple. En 1998, la France était bien tête de série...
Matthieu : Peut-on réellement parler de meilleure équipe de l'histoire ? Cette Espagne 2012 était pour moi prenable. J'ai l'intime conviction que notre EDF de 2006 (ou 98-00) l'aurait battue...
M.D. : Voilà la question que j'attendais : L'Espagne est-elle la meilleure équipe de l'histoire ? Je n'en suis pas sûr mais elle n'en est pas loin. Parce qu'elle a tout gagné en quatre ans et que c'est inédit mais aussi et surtout car la Roja est pour moi l'équipe de football ultime. Depuis quatre ans, elle arrive avec son jeu, ses idées et gagne. Elle ne s'adapte quasiment pas et force l'adversaire à le faire. C'est le rêve de tout entraîneur. L'Espagne l'a fait. C'est fabuleux.
Pour ce qui est de la comparer aux équipes de France du passé, je ne crois pas que celle de 2006 aurait fait le poids. Celle de 1998 non plus. Mais 2000... Cet Euro a été le chef d'oeuvre des Tricolores. Résisteraient-ils aux Espagnols de 2012, on ne le saura jamais malheureusement. Mais ils n'auraient peut-être pas été loin.
ROPL : Coentrao ou Jordi Alba ?
M.D. : Sur le tournoi, difficile de ne pas pencher vers Jordi Alba, même si le Portugais n'a pas démérité. Mais Jordi Alba, nouveau Barcelonais, a illuminé l'Euro sur son côté gauche. Les Espagnols étaient sceptiques quant à sa capacité à évoluer au plus haut niveau. La réponse a été sans équivoque.
Yannick : Pensez-vous que le fait de jouer sans 9 va se répandre ?
M.D. : Je n'espère pas ! Je suis un ardent défenseur des 9 à l'ancienne. Sérieusement, je ne crois pas car tout le monde n'a pas Cesc Fabregas dans son équipe. Del Bosque avait les joueurs pour faire ça. On ne peut pas mettre n'importe qui en pointe et lui donner la mission dévolue au Catalan. 

Ce que réussit et tente l'Espagne est remarquable, c'est évident. Mais copier constamment sur le modèle de la Roja est stupide. On ne réussit pas ce que fait l'Espagne avec n'importe quel joueur. Cela ne se décrète pas. Il n'y a pas qu'une manière de gagner. Heureusement d'ailleurs.
Fr98 : D'après vous, devrait-on instaurer l'arbitrage vidéo après le but non-accordé aux Ukrainiens durant le match Angleterre-Ukraine ?
M.D. : Michel Platini a balayé l'éventualité d'un revers de la main, samedi. Il a peur de l'engrenage technologique qui, selon lui, amènera à s'en servir pour tout et n'importe quoi.   
Remy : Que pensez-vous de la démission de Laurent Blanc ?
M.D. : A titre personnel, je la regrette. Les Bleus ont quand même joué un quart de finale et le sélectionneur s'était lancé dans un chantier qui nécessitait plus de deux ans. On va désormais répartir de zéro ou pas loin. Il s'est beaucoup investi pour les joueurs et en a aidé certains. D'autres n'ont pas su se tenir et, d'une certaines manière, l'ont poussé à bout. Il a fait confiance à des joueurs qui ne lui rien rendu en échange. Après, Laurent Blanc n'a pas été parfait. Il s'est trompé face à l'Espagne et n'est pas "mort avec ses idées". Dommage. Mais il a remis le navire France à flots et, par exemple, relancé Franck Ribéry, dont le comportement a été parfait durant l'Euro. J'espère que son successeur lui rendra hommage. Si c'est Didier Deschamps, je n'en doute pas.
C.Ronaldo : Quel joueur vous a le plus impressionné ?
M.D. : J'ai beaucoup aimé Pirlo. Joueur intelligent s'il en est. Son aisance technique, son travail à la récupération sont des modèles. Ces milieux de terrain sont rares.
Giuseppe : Est-ce que l'Espagne aurait gagné l'Euro sans Casillas ?
M.D. : Il est vrai que le Madrilène n'a pas toujours été trop inquiété avant une finale qu'il a parfaitement gérée. Son arrêt sur la tentative de Di Natale empêche l'Italie de revenir à 2-1. Il est importantissime, comme son arrêt face à la Croatie, qui a changé pas mal de choses au premier tour. Et l'on ne parle pas de la séance de tirs au but face au Portugal. Casillas a constamment réalisé les arrêts qu'il fallait, comme en 2010 ou en 2008. Notons que le capitaine de la Roja en est à dix matches à élimination directe de suite sans but encaissé, c'est exceptionnel.
Zed0k : Quand on voit ce que Torres a apporté en jouant seulement 15 minutes en finale, ne pensez vous pas qu'il aurait fallu le préférer à Fabregas dans les matches précédents ?
M.D. : Et vous avez vu ce que Fabregas a apporté ? Franchement, je ne pense pas que del Bosque ait eu tort. D'ailleurs, la finale et le résultat final lui ont donné raison. Et l'Italie était au bout du rouleau quand Torres est entré en scène. Sa seule erreur est d'avoir titularisé Negredo en demie. Il n'avait pas brillé face au Portugal. Pour le reste, le coaching de del Bosque concernant l'attaque a été plutôt bon.
Raphael : Bonjour Maxime, ne pensez-vous pas que la France aurait fait un meilleur parcours si elle n'avait pas rencontré l'Espagne en quart de finale ?
M.D. : Je ne crois pas. Si cela n'avait pas été l'Espagne, ç'aurait été l'Italie. Et franchement, je ne suis pas sûr que les Bleus auraient battu cette Squadra Azzurra. Au moins, les Français auraient probablement joué leur jeu.
Mehdi : Fernando Torres mérite-t-il son titre de meilleur buteur ?
M.D. : On n'est pas dans le mérite. Il a marqué trois buts, il est meilleur buteur. Voilà. Mais je rajouterais co-meilleur buteur car, je ne sais pas pourquoi, aujourd'hui il faut départager les égalités. En comptant... les passes décisives ou les minutes jouées. C'est tout bonnement ridicule. On n'élit pas un meilleur buteur en comptant les passes décisives. Fernando Torres (Espagne) est pour moi co-meilleur buteur avec Mario Gomez (Allemagne), Mario Balotelli (Italie), Cristiano Ronaldo (Portugal), Alan Dzagoev (Russie) et Mario Mandzukic (Croatie).
Giuseppe : Mario Balotelli a-t-il enfin explosé ?
M.D. : Honnêtement, j'ai des doutes. Il est encore jeune. Pour moi, cet Euro n'a rien apporté de nouveau au sujet de l'Italien. C'est un cador, un super attaquant mais je ne suis pas encore convaincu de sa régularité. J'attendrai de voir la suite et la saison à venir pour dire que Balotelli a explosé. J'ai envie de le voir enchaîner les gros matches, ce dont il n'est pas encore capable.
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