A Marseille, la quête de l'Europe divise

"Si on continue comme ça, on va regarder l'Europa League à la télévision." Rudi Garcia n'a pas apprécié le match de son équipe face à Dijon (1-1) la semaine dernière. Et il l'a fait savoir. Ses propos d'après-match marquent une réelle inquiétude. L'entraîneur de l'OM craint ainsi de passer à côté de l'objectif de la fin de la saison : se qualifier pour la "petite" Coupe d'Europe. "C'est simple, si on joue comme lors de nos deux derniers matchs, on va perdre notre cinquième place, avance le coach olympien. Mon boulot, c'est de faire en sorte que l'OM reste cinquième jusqu'au bout." Erigée en priorité du projet "OM champion", une qualification pour l'Europa League version 2017-2018 ne fait pourtant pas l'unanimité, notamment chez les supporters du club olympien.

Désireux de voir l'OM briller aux quatre coins de l'Europe, les fans marseillais vouent un culte particulier à la Coupe d'Europe. Mais leur regard se tourne inévitablement vers la Coupe aux grandes oreilles, la Ligue des champions. Et ils délaissent sa petite soeur, l'Europa League. "Si on veut revenir au top niveau, il faut privilégier le championnat, lâche un responsable d'un groupe de supporters en virage Nord. C'est le seul moyen de retrouver une vraie compétition européenne. L'Europa League, ce n'est pas ça qui va nous faire rêver…" Ce son de cloche, on le retrouve chez beaucoup de supporters. Ils portent l'idée que l'OM n'a pas encore les épaules assez larges pour disputer plusieurs compétitions de front. "On va encore s'épuiser à courir après plusieurs lièvres à la fois, estime Franck, encarté chez les Winners. Jouer cette Coupe va nous prendre toute notre énergie…"

Dans les coulisses du club marseillais, la nouvelle direction ne voit pas l'Europa League comme un obstacle à la progression du projet "OM Champion". "On fera tout pour bien figurer dans cette compétition si on arrive à se qualifier, explique-t-on du côté de la Commanderie. On sait que l'Europa League est chronophage mais on doit montrer que l'on existe à nouveau sur le plan européen." Pour l'équipe de Frank McCourt, la Coupe d'Europe reste un vecteur de notoriété, même s'il ne s'agit pas de la Ligue des champions.

La communication actuelle du club tourne d'ailleurs autour de la qualification pour l'Europa League. Après le déplacement de dimanche à Toulouse, l'OM recevra Saint-Etienne. Un duel pour l'Europe qui s'annonce chaud. Et le slogan du match n'est pas équivoque : "A nous l'Europe". Derrière ce message, se cache la volonté d'éloigner les Verts de cette fameuse cinquième place. Elle garantit une qualification pour l'Europe au bénéfice de la Coupe de la Ligue où le vainqueur, Paris, obtiendra (certainement) une place en Ligue des champions via le championnat. Le sixième rang de la Ligue 1 pourrait d'ailleurs devenir également synonyme de Coupe d'Europe si le PSG remet ça ou si Monaco remporte le trophée.

Dans sa quête de remontée dans la hiérarchie hexagonale, le club phocéen doit montrer ses muscles en championnat mais aussi en Coupe d'Europe. Un parcours réussi sur le plan continental donnerait aussi du crédit au projet global "OM champion". Reste à savoir comment les Marseillais vont être armés pour lutter sur plusieurs plans. Le recrutement prévu cet été pour être d'abord qualitatif pourrait aussi devenir quantitatif. Car tous les postes devront être doublés pour prétendre bien figurer dans les joutes du jeudi soir. Car les (longs) déplacements du milieu de semaine mettront à mal les organismes de l'équipe marseillaise, aussi. "C'est une question d'organisation, résume-t-on en coulisses. On doit pouvoir s'affranchir de ces obstacles pour grandir encore."

Si l'OM veut réellement redevenir un grand d'Europe, le club doit se structurer pour arriver à faire bonne figure dans toutes les épreuves qu'ils disputent. Cette saison, les résultats de Lyon (4e de L1) prouvent que l'Europa League n'est pas incompatible avec un bon parcours en championnat. Devant leur télévision, les coéquipiers de Dimitri Payet ont certainement envié les joueurs de l'OL lorsqu'ils ont éliminé la Roma en 8e de finale. S'ils ne veulent pas continuer à vivre ces événements par procuration, les Marseillais savent ce qu'il leur reste à faire.