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Porto - Benfica, tout les oppose et, aujourd’hui, un peu plus encore

Nicolas Vilas

Mis à jour 12/12/2014 à 19:24 GMT+1

Plus qu’un duel entre les géants du foot portugais, le classico de ce dimanche est l’opposition entre deux clubs aux profils, aux dynamiques et aux politiques différents. Cette année, un peu plus encore que les précédentes…

Jackson Martinez (Porto) face au Benfica

Crédit: AFP

Les hostilités ont débuté il y a une quinzaine de jours. Lorsque le FC Porto a publié sur les réseaux une photo illustrant l’une de ses victoires les plus symboliques, ainsi légendée : "Il y a 60 ans… Avec des buts de Teixeira, Carlos Duarte et Perdigão, le FC Porto battait le Benfica (3-1) lors de l’inauguration du Estádio da Luz." Les Dragons ouvrent le feu. Jusqu’ici, les rapports avec le SLB étaient plutôt apaisés. Les deux directions se sont rapprochées peu avant les élections de la Ligue, avec pour "ennemi" commun le Sporting. Mais les Aigles ne se sont pas laissés voler dans les plumes. Ils ont riposté au FCP dans la foulée. Par le même canal : "Il y en a qui ne se souviennent que de certaines inaugurations et qui en oublient d’autres mais l’histoire retient tout ! Le match inaugural [du Estádio das Antas, ancien stade du FC Porto], le 28 mai 1952, le Benfica a battu le FC Porto 8-2." La guerre est déclarée. Il faut dire qu’au-delà de leur histoire, Benfica et Porto ont pas mal de points divergents. Notamment cette saison…

L’Europhile et l’Eurosceptique

L’élimination du Benfica de toute compétition européenne a semé le trouble à la Luz. Lors d’une conf de presse faisant suite à sa deuxième défaite contre le Zenit, Jorge Jesus a glissé : "Nous ne savons pas encore si nous allons terminer derniers. Il manque encore un match", avant d’être repris par l’attaché de presse. Mister Jorge s’embrouille. Y compris avec les journalistes. Lorsque ceux-ci insistent sur cette sortie prématurée, il s’emporte : "On croirait qu’on n’a plus rien à gagner !" Il tente de dédramatiser : "C’est une compétition en moins et dans, la théorie, ça peut faciliter les choses." A Porto, Julen Lopetegui répond : "Moi, je préfère être présent dans les compétitions européennes." Le Basque sourit. Et il peut. Son équipe a inscrit 16 buts en phase de groupe de Ligue des champions. Aucun club portugais n’y était parvenu jusqu’ici. Avec 14 points, il réalise la plus belle perf du foot portugais depuis le FCP de 1995-1996 (16 points).
Lope réussit ses débuts et JJ l’observe avec envie. Avant la sienne, aucune équipe de la Liga n’avait planté que deux buts dans une poule de C1. Depuis son arrivée chez les Aigles (2009), il n’a survécu à cette phase qu’à une seule reprise (quart-de-finaliste en 2012). Jusqu’ici, ces échecs dans l’épreuve reine avait été atténués par les deux finales (perdues) de Ligue Europa. Cette année, il n’en sera rien. Le coach de 60 ans à la longévité inhabituelle, recordman du nombre de matches sur le banc du Glorioso (près de 300), pourrait le payer cher. Son contrat s’achève en juin prochain et, cette fois-ci peut-être plus encore qu’en 2013, Luis Filipe Vieira aura du mal à convaincre les socios de le prolonger. En septembre dernier, Jesus déclarait : "La Ligue des champions est importante mais le plus important est d’être à nouveau champion." Pas sûr que cela suffise. Et surtout pas sûr qu’il n’y arrive. S’il s’incline dimanche, Porto lui passera devant…
Les Dragons disputent déjà avec les Aigles le statut du plus européen des clubs portugais. Si le SLB reste celui qui compte le plus de présences en C1 (34 participations contre 29 pour Porto), il est moins habitué à la Champions League (nouvelle formule). Depuis 1991, les Lisboètes ont pointé douze fois dans l’épreuve millionnaire ; le FC Porto vingt fois ! Ces derniers n’ont manqué que deux accessions (2003 et 2011) lors des 23 derniers exercices. Et ces années-là, ils ont remporté la C3. Ces deux trophées qui additionnés aux deux "grandes oreilles" (1987 et 2004) tirées par Porto en font le plus titré au niveau continental dans son pays.
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Jorge Jesus, l'entraîneur de Benfica, lors de la finale de Ligue Europa 2013 perdue face à Chelsea.

Crédit: AFP

Des certitudes et des doutes

Au total, le FC Porto a enfilé 47 pions cette saison. Soit une moyenne de 2,24 buts par match (1,76 pour le SLB). Au-delà d’un Jackson très inspiré (17 buts en 20 matches), Lopetegui peut compter sur un Brahimi intenable (7), un Quaresma increvable (3), sans oublier les Tello, Quintero, Torres ou Aboubakar.  Au Benfica, Talisca avec ses 9 buts est la grande révélation. Jesus peut compter sur Salvio (8) mais regretter que Jonas (7) n’ait pas été inscrit à temps pour disputer la C1. Car Lima, lui, doute. Trois buts pour l’attaquant de 31 ans et une moyenne de 0,16 but par match. Son pire démarrage depuis qu’il est en Liga (2009). Défensivement, Jorge Jesus cogite plus encore. Non pas que ses stats soient alarmantes (0,76 but par match) mais le départ d’Oblak (Atlético Madrid) vient à peine d’être digéré par la prise de pouvoir du si souvent souffrant Julio César. Garay a laissé un grand vide. Lisandro Lopez peine à s’imposer et c’est Jardel que JJ associe à Luisão. A gauche, Eliseu devait s’imposer mais une blessure le tient à l’écart. Et tandis que Benito ronge son frein, c’est André Almeida qui continue d’évoluer "adapté".
Les Dragons, eux, n’ont pas vraiment changé leurs habitudes dans ce secteur. La vente de Mangala à City a été corrigée par l’arrivée de Martins Indi. Dans les buts, Fabiano résiste à la concurrence de Fernandez. Les internationaux brésiliens Danilo et Alex Sandro ont contribué à faire de leur FCP une défense peu perméable (0,58 but par match), la meilleure du championnat (5 buts encaissés) après onze journées depuis la fastueuse année 2011. Le bon boulot de Casemiro, d’Herrera ou Ruben Neves n’y est pas pour rien. Fernando a été mieux remplacé que ne l’ont été les regrettés Matic et André Gomes, à la Luz… Preuve que Jesus cherche encore : il a déjà utilisé 28 joueurs cette saison, contre 23 pour Loptetegui à qui certains reprochaient un trop grand turnover à la rentrée. Le temps de jeu moyen des athlètes de l’Espagnol est de 889 minutes contre 740 pour les Benfiquistes.
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Martins Indi (FC Porto)

Crédit: Panoramic

Chacun ses remèdes contre la crise

Ennemis sur le terrain, Benfica et Porto sont en revanche compagnons de galère dans le vestiaire. S’ils partagent les mêmes craintes face à la crise financière, et notamment bancaire, chacun emploie des méthodes différentes pour y faire face. En septembre, pour contrer la fin du Benfica Stars Fund - soutenu par la banque en faillite BES –, le club a couché  près de 30 millions d’euros pour racheter les droits de neuf de ses joueurs. Une façon d’anticiper la possible interdiction de la tierce propriété (TPO) sur laquelle la FIFA table depuis plusieurs mois. Pour le président Luis Filipe Vieira, il ne faut pas confondre : "Il y a les fonds et les fonds." Il assurait, il y a un an, que le Benfica Stars Fund était d’une "totale transparence." Avec sa disparition, il place ses pions ailleurs.
Le lancement de Benfica TV est un succès qui a généré plus de 28 millions d’euros la saison dernière. C’est presque le double des droits télé engrangés par Porto (15,9) et le Sporting (15). Plus que jamais, LFV a fait de la communication un outil de commercialisation. En ligne de mire, les socios. Le SLB qui scande son statut de club "avec le plus de socios au monde" s’adresse de plus en plus à eux. Leur président prévient qu’il faudra "un énorme effort" dans "ce cycle exigeant d’un point de vue économique." Comprenez : "Soyez patients !" Il a promis depuis un moment un Glorioso "made in Benfica". "La saison prochaine, nous aurons quatre ou cinq joueurs de la formation dans l’équipe professionnelle", pilonne-t-il.
Au Dragon, les paroles et les actes pointent ailleurs. Pinto da Costa a fait de la TPO une alliée. Sa possible prohibition "ne fait aucun sens",  selon lui. Il a annoncé qu’il était prêt à témoigner devant le TAS en défense du fond d’investissement Doyen Sports (en contact avec un club français : l’OL ?) dans le litige qui l’oppose au Sporting. A Porto, pas de télé de club. PdC maintient sa préférence envers Oliverdesportos et Porto Canal, une chaîne régionale. Un choix stratégique et politique. Il en fait tout autant avec les finances : emprunts, ouverture de capital ont été orchestrés ces derniers mois. Pas de promesses sur la formation, ni envers les joueurs nationaux.
Lope est l’entraîneur de la Liga 2015 qui a le moins utilisé de joueurs portugais: trois (Quaresma, Ruben Neves et Ricardo). Le Benfica en est à huit. L’équipe B du FC Porto b (en D2) est aussi celle qui présente le plus petit ratio de joueurs locaux (15/30). Le SLB, qui semble suivre la politique vendue par Vieira, possède la plus nationaliste des réserves(19/25). Les deux clubs se rejoignent toutefois sur un point : alors que leur passif cumulé dépasse les 660 millions d’euros, ce sont les ventes d’athlètes qui représentent la plus grande source de recettes. Et l’été prochain, au Nord comme dans la capitale, il faudra vendre pour continuer de survivre. Et ce classico sera une belle vitrine…
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Talisca (Benfica) face à Monaco en Ligue des champions

Crédit: Panoramic

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