Fabregas a déjà les clés

Tac, tac, tac. Le bruit du nouveau bonheur de Cesc Fabregas. Le bruit cultivé à la Masia. Le bruit retrouvé après huit années d'exil à Arsenal. "C'est la plus belle chose que j'ai vue dans ma vie. On entend seulement le bruit du ballon. Tac, tac, tac. Je n'avais jamais vu des entraînements de ce niveau", s'enthousiasme l'Espagnol de retour au bercail. Fabregas au Barça, c'est l'histoire d'un fil qui se renoue. Entre 2000 et 2003, il fait ses gammes en Catalogne, en compagnie d'autres phénomènes de la génération 1987 comme Piqué et Messi. Il n'y a donc pas de grosse surprise à le voir se fondre dans le collectif comme s'il n'avait jamais quitter les Blaugrana.

Depuis son arrivée, Fabregas affole les compteurs. Quatre buts déjà et une foule de passes décisives (5). David Villa est admiratif : "Bien qu’il soit parti pendant un long moment, il vient du club et il a la Masia dans ses jambes et dans son sang. Tout le monde sait que cela lui donne quelque chose en plus. Il était un super joueur à Arsenal… Alors avec tous ces grands joueurs autour de lui, nous savons ce qu’il peut nous apporter et il est en train de le montrer."

Pep Guardiola a eu l'idée géniale de muer le milieu défensif de formation en créateur placé en soutien de Messi. Fabregas jouit d'une liberté totale sur la pelouse. Son intelligence de jeu permet au Barça de compléter sa palette et de donner encore plus de profondeur aux offensives catalanes. La blessure d'Iniesta l'installe un peu plus devant ses responsabilités. Fabregas n'est pas du genre à les fuir. "Nous voulions l'essayer à cette position, parce qu'il est très bon en venant de loin. Cesc a une grande liberté. Il se déplace où il veut, il est très fort physiquement et a une belle vision du jeu. Pendant des années, nous l'avons suivi. Nous comprenons pourquoi Arsène Wenger ne voulait pas le laisser partir. Nous savions qu'il allait devenir très important pour nous", se réjouissait Guardiola samedi soir, après une nouvelle démonstration de l'ancien Gunner.

Samedi, Barcelone a infligé sa plus grosse claque sous l'ère Guardiola (8-0 face à Osasuna),  une première au Camp Nou depuis 16 ans. A la baguette, un duo en or. Messi, trois buts et deux passes décisives, et Fabregas, trois passes et un but. Les deux hommes se trouvent les yeux fermés. Une action résume leur entente. 13e minute : Accélération de Fabregas qui prend appui sur Messi. En une touche de balle, l'Argentin remet à l'Espagnol dans le dos de la défense. Reprise de volée, lucarne opposée.

Le duo compte d'ores et déjà 13 buts et 10 passes décisives, participant à 18 des 24 buts de leur équipe depuis la reprise. Sur les quatre buts inscrits par Fabregas, Messi lui en a offert trois. Alors que l’Espagnol est à l’origine de trois des neuf buts de l’Argentin. "Cesc nous connaît bien grâce à la sélection, et en plus, il a été formé au club : avec ses connaissances techniques et tactiques, il s’intègre facilement au style du Barça", témoigne son compère de l'entrejeu, Xavi.  Le Camp Nou est sous le charme. A l'applaudimètre, il n'y a guère que Messi et Puyol qui devancent l'ancien Gunner alors que les maillots floqués à son nom fleurissent.

Lui veut garder les pieds sur terre. Humble avant tout : "J'ai l'impression qu'il me reste encore des trucs à apprendre. Il y a des choses que je dois piger dans les mécanismes de l'équipe. Les gens ne voient que les buts, mais moi je vois autre chose. Principalement au niveau défensif." Un problème ? Pas vraiment tant Guardiola semble vouloir, à terme, lui confier les clés de la création offensive. Le Barça sera-t-il encore plus injouable cette année avec Fabregas ? Ruben Gonzalez, buteur contre son camp samedi au Camp Nou : "Il n'y a aucun commentaire à faire. Je n'avais jamais vu jouer une équipe comme cela dans ma vie."