La nouvelle vie de Cesc

Cesc Fabregas n'en pouvait plus. S'il ne cache pas son admiration pour Arsène Wenger et tient à rétablir quelques vérités concernant son transfert en Catalogne. Le meneur de jeu espagnol était tout simplement lassé de ne jamais rien gagner. La seule raison de son départ, c’est celle-là. À l’exception d’une FA Cup en 2005, le champion du monde 2010 n'a en effet rien remporté d'autre à Londres. Une réalité difficile à vivre, surtout quand on côtoie en sélection des partenaires qui trustent tout. Sur la scène européenne comme au niveau national.

"J'ai décidé de partir après avoir constaté qu'une nouvelle fois nous étions incapables de remporter le moindre trophée, confie-t-il dans le quotidien El Pais. A un niveau personnel, je pense que mon rendement a été bon. Mais en ce qui concerne le palmarès du club, en revanche, je suis logiquement amer. Je n'ai pas gagné la Premier League malgré qu'on soit passé très près à trois reprises. J'aurai aimé laisser quelque chose de plus avant de partir," assure-t-il avec regret et un brin de nostalgie.

Irrité par la réputation de son ancien mentor dans la péninsule ibérique, l'ancien capitaine des Gunners a tient prendre sa défense. Avec vigueur et sincérité. Alors que la presse espagnole reproche à l'Alsacien de l'avoir "séquestré" à Londres, Fabregas affirme au contraire qu'il n'aurait jamais signé au Barça sans son intervention. "L'image qu'il a ici est erronée, recadre-t-il avant d'aller plus loin, en dévoilant que le Français est allé jusqu'à s'opposer à son board pour qu'il puisse rejoindre la Catalogne.  "Il m'a aidé avec les dirigeants d'Arsenal. Il les a convaincus alors qu'eux ne voulaient me vendre à aucun prix. Il a fait pression pour qu'ils baissent le montant qu'ils réclamaient"

Cette mise au point effectuée, l'Espagnol s'est ensuite détendu pour savourer son retour au bercail. Admiratif du jeu produit, il espère s'intégrer avec humilité à cette mécanique qui domine le monde depuis maintenant plusieurs saisons.  "J'ai la sensation qu'il me reste encore beaucoup à apprendre. Cette équipe est très bien rodée, et il y a des choses que je dois saisir", déclare l'ex-capitaine d'Arsenal revenu dans son club formateur pour 29 millions d'euros.

Fabregas a déjà réussi son entrée avec le Barça, marquant sur une passe de Messi un des deux buts de la victoire face à Porto en Supercoupe d'Europe (2-0), et participant aussi au succès en Supercoupe d'Espagne sur le Real Madrid (3-2).  "Je n'ai jamais vu une équipe aussi concentrée sur la transition attaque-défense. Jouer contre le Barça est très compliqué, mais jouer au Barça n'est pas si facile. C'est cela, le défi", ajoute-t-il. "Sincèrement, j'ai l'impression de les gêner encore un peu, mais ils sont tellement bons qu'ils s'en arrangent et le dissimulent. J'essaie d'interpréter leurs passes, d'en profiter offensivement. Je dois m'adapter à eux. Défensivement, j'ai beaucoup à apprendre", admet-il.

Mais visiblement d'humeur sentimentale, il  ne peut s'empêcher de revenir sur Wenger au moment de conclure son entretien. "Ce que m'a dit Arsène Wenger au moment de partir m'accompagnera toute ma vie. J'étais tellement ému que je n'arrivais pas à lui dire quoi que ce soit. Ce que m'a donné cet homme n'a pas de prix." Outre du talent, l'homme a donc visiblement de la mémoire. Bousculé comme jamais par la presse et les observateurs britanniques, Wenger saura apprécier l'hommage.