Bordeaux joue les modestes

Bordeaux n'en démord pas. A chaque fois qu'un micro se tend, tous les Girondins jouent la carte de la modestie. Dans la lignée de Laurent Blanc, leur entraîneur, les hommes au Scapulaire refusent de parler de titre comme si le mot leur était interdit. "C'est vous, les journalistes, qui parlez de titre. Notre objectif, même l'an dernier, c'était d'être dans les trois premiers", explique Souleymane Diawara sur le site du club. Yoann Gourcuff s'empresse de confirmer : "Pour le classement, honnêtement, on ne pense qu'au prochain match qui arrive. On a vu qu'en championnat tout va très vite. Avec 2-3 matches on peut chuter comme on peut revenir sur le peloton de tête."

Des propos qui semblent difficiles à croire quand on voit la situation comptable des Bordelais sur la scène hexagonale. Les pensionnaires de Chaban-Delmas pointent à une belle troisième place à deux longueurs de l'OM et trois de l'OL. Samedi soir, Bordeaux s'est même installé un court moment dans le fauteuil de leader de la Ligue 1. Grâce à sa victoire au Havre (0-3), le club girondin a pris les commandes du championnat jusqu'à 22h51 avant que Marseille prenne la direction des opérations à la suite de succès contre Nantes (2-0). En clair : le championnat n'est pas encore plié. Et Bordeaux a son coup à jouer.

Pas de quoi toutefois faire changer le discours des Bordelais : "Pour moi, cela reste anecdotique, avoue Laurent Blanc dans Sud Ouest. À cinq journées de la fin, si nous sommes toujours là, cela ne me posera pas de problème de l'annoncer haut et fort. En attendant, je suis réaliste". Cet acharnement du Cévénol à rester caché commence à agacer. Et notamment ses adversaires directs. Samedi, Eric Gerets, qui n'a jamais sa langue dans sa poche, est donc monté au créneau : "J'ose dire que l'OM joue le titre. Ça me fait rigoler que nos concurrents où il y a du bon vin n'osent pas en parler", s'est amusé l'entraîneur belge de Marseille. Mais voilà, Bordeaux ne compte pas changer d'un iota son discours. Comme meurtri par le passé

Depuis le début de la saison, les Girondins ont en effet toujours connu des moments de creux à l'heure à confirmer pour venir s'installer durablement aux premières places du championnat. Troisièmes à l'issue de la 13e journée, ils ont ainsi subi une série noire marquée par trois matches consécutifs sans succès. Bis repetita après la 21e journée où les Girondins pointaient encore à la place de dauphin à une petite longueur de Lyon. Quatre nouveaux matches sans victoire ont suivi. Résultat : les Girondins ne veulent pas s'emballer. "La dernière fois que nous avons voulu mettre la pression sur nos adversaires directs, nous n'avons plus eu aucun résultat. Nous avons passé trop de temps à regarder les autres" , confirme Matthieu Chalmé.

Le match au Havre porte toutefois à l'optimisme. Si les hommes de Laurent Blanc ont manqué de régularité au milieu de terrain et n'ont pas toujours été très sereins en défense, ils ont surtout décroché un deuxième succès de suite et mis fin à une longue période de disette hors de leurs bases. Les coéquipiers de Chalmé n'avaient en effet plus gagné depuis le 17 janvier loin de Chaban-Delmas. L'anomalie est réparée. Cerise sur le gâteau : Yoann Gourcuff semble avoir trouvé son second souffle après une mauvaise passe. Les voyants sont au vert surtout que la trêve internationale arrive au bon moment pour soigner les blessés (Henrique, Ramé). Quoi qu'en disent les Bordelais, le titre est plus que jamais d'actualité.