Nice ne fait plus la loi

Chassez la déception, elle revient au triple galop. Après avoir concédé une défaite injuste face à Lyon à Gerland (2-3) dans les arrêts de jeu, le Gym rêvait d'effacer ce cruel souvenir dans son chaudron du Rey, de le ranger au rang de péripétie, d'aller de l'avant. Pourtant, en concédant deux nouveaux points face à des Manceaux coriaces (2-2) et désormais troisièmes de Ligue 1, les hommes d'Antonetti ont crû revenir en arrière. Un même avantage de deux à zéro, une attaque flamboyante à l'image du duo Mouloungui-Rémy intenable sur le côté gauche. Un même sentiment de maîtrise malgré quelques imperfections. Et au final un retour assassin de ses rivaux dans l'épilogue.

Pourtant, si les Azuréens semblaient sortis grandis de leur revers entaché d'un pénalty inexistant, là, les hommes de Frédéric Antonetti ont semblé quitter leur antre tête basse, sans doute plus frustrés que lors de leur dernière sortie. "Ce soir, nous avons vu un mauvais Nice" tranche Antonetti, visage crispé, loin de sa stoïcité d'avant-match. "Le Mans aurait mérité de gagner. Si on continue de jouer comme cela, c'est très inquiétant. On va seulement essayer de se reprendre" poursuit-il, déçu. Une chute que l'entraîneur avait déjà prononcée à Gerland et sur laquelle il ne pensait certainement pas revenir. Car ce Nice-là, tellement virevoltant offensivement, n'aurait jamais dû concéder deux points.

Comme face à Toulouse, Le Mans s'est d'abord embourbé dans des errements défensifs coupables. Après Ben Frej et Camara, c'est surtout Cerdan qui a failli. Sa mauvaise relance sur un centre de Mouloungui profite à Faé (1-0, 2e) puis sa toile sur une ouverture du même Faé sert à Rémy qui cloue Pelé d'une frappe à ras du poteau (2-0, 29e). Insaisissables grâce à leur vitesse de percussion sur les côtés dans une première demi-heure de folie, les Azuréens auraient même pu prendre le large sur un coup-franc d'Hellebuyck (8e) et sans une main - visiblement bien volontaire celle-là - de Baal sur un centre menaçant de Rémy (12e). Mais peu à peu, le bel envol des Aiglons a laissé la place à des pertes de balles à l'entrejeu et à une baisse de régime physique indiscutable.

Décidemment coriace à l'extérieur après deux victoires de rang, les Sarthois ont survécu grâce à leur tandem norvégien, Stromstad-Helstad, dans tous les coups, et à l'abattage de Coutadeur à l'entrejeu. Si le corner menaçant de Coutadeur est sauvé in extremis par Diakité (22e), la déviation de la tête de Ben Frej (2-1, 49e), malheureux dans la même situation (21e), inverse définitivement la tendance. Fouettés par l'entrée de Gervinho (68e), les Manceaux arrachent le nul sur une reprise de Lamah (2-2, 86e) qui les projettent à une place, synonyme d'Europe. Malgré le départ de ses cadres et un troisième changement d'entraîneur en trois ans, le Muc 72 garde la main. Le gym, un genou à terre, ne dira pas le contraire.

"Nous avons gagné un point car Le Mans aurait mérité la victoire. Il faut être honnête et objectif, et donc reconnaître la supériorité de notre adversaire. On a pourtant eu la chance de marquer deux buts. Mais nous avons été largement battus dans la récupération, sur les premiers et deuxièmes ballons. Comment attaquer sans ballon ? Et nous avons concédé beaucoup de fautes. Il y a eu des absences. C'est un retour sur terre. Il y a longtemps que nous n'avions pas été autant ballottés. Il faudra tirer les enseignements de ce match".