L'heure de vérité

660 millions d'euros par an, pendant quatre ans, soit quasiment 2,7 milliards d'euros. Voilà la somme que la LFP espère voir affichée sur sa calculette, ce lundi, date de clôture des appels d'offres pour les droits de la Ligue 1 (2012-2016), en additionnant les propositions que les différents diffuseurs lui auront envoyés pour s'attribuer ces droits. Alors que le déficit cumulé des clubs de l'élite s'élevait à 114,1 millions d'euros la saison dernière, que cela s'annonce pire pour 2010/2011, les droits TV constituent plus que jamais le nerf de la guerre. Plus de la moitié des ressources des clubs sont issues de ces droits. Certains clubs risqueraient ni plus ni moins que leur peau en cas de baisse substantielle.

Le problème, pour la LFP, est que ce scénario est possible. Orange ne remettra pas sur la table les 203 millions d'euros par saison qu'il avait alignés en 2008. Canal+ n'a pas l'intention de compenser et a même l'ambition de réduire sa facture, 435 millions annuels en ce moment. Depuis des mois, la LFP et les diffuseurs français entretiennent une guerre des nerfs qui est une guerre du verbe, chacun clamant la certitude que ses intérêts vitaux seront préservés. Lundi, les dés seront jetés et on saura vraiment qui a bluffé.

Pour éviter une baisse des droits, la LFP a fait le pari d'une plus large exposition du championnat, avec une journée étalée sur trois jours - un match le vendredi à 21h, 6 matches le samedi (un à 17h, quatre à 19h, un à 21h) et trois matches le dimanche (un à 14h, un à 17h, un à 21h). Neuf lots ont été construits. Le prix de réserve cumulé des six principaux, rendu public pour la première fois, atteint 600 millions d'euros. Si on y ajoute les droits mobiles (60 millions environ), le message est limpide : la L1 ne vaut pas moins qu'avant aux yeux de la LFP. Si le montant global des prix de réserve est atteint, les six lots seront attribués, même ceux qui n'ont pas atteint le prix de réserve individuel. Si le prix de réserve global n'est pas atteint, les seuls lots dont les offres individuelles seront conformes aux prix de réserve seront attribués.

Pour les autres, il n'y aura pas de négociation de gré à gré ou de deuxième tour. Pas l'ombre, théoriquement, d'un petit arrangement entre amis. Ces lots seront reversés à CFoot, la chaîne que lancera la Ligue au mois de juillet, créée dans le but unique d'impressionner Canal+ et de maîtriser jusqu'au bout, si nécessaire, l'exploitation des images de son propre spectacle. Le modèle économique de la chaîne reste à inventer. Il dépendra mécaniquement du ou des lots non attribués. Mais le scénario le plus désirable, pour la Ligue, serait qu'un acteur additionnel s'incruste dans la danse aux côtés de Canal+, comme l'avait fait Orange en 2008. Tout cette spéculation mène aujourd'hui à la chaîné Al-Jazira, que la rumeur dit alléchée par le nouveau PSG. Al-Jazira Sport s'est déjà porté acquéreur des droits audiovisuels de la L1 à l'international (environ 200 millions d'euros sur six ans) et envisagerait d'ouvrir un canal en français après en avoir ouvert un en anglais en 2006. Une certitude : le conseil d'administration de la Ligue, vendredi, tendra l'addition à qui voudra bien la payer.