Les ambitions Deschamps

Champion en titre, l'OM n'est peut-être pas encore à la hauteur de son statut.  Avec quatre matches nuls et une défaite pour terminer 2010, Marseille pointe au 5e rang à trois points du leader lillois (qui compte un match en retard). Didier Deschamps sait que son équipe peut mieux faire. "On a connu des problèmes. Les autres aussi sans doute. On dit que certains tournent à plein régime. Ce n’est pas notre cas. Même si on est loin d’avoir tout raté", dresse-t-il comme bilan. Une épisode lui laisse d'amers regrets : celui du départ de Mamadou Niang pour Fenerbahçe. "Le départ de Niang, sincèrement, je ne l’avais pas envisagé, avoue-t-il dans le quotidien. C’était inconcevable pour moi. Si j’avais pensé que c’était possible, j’aurais réfléchi pour me retourner". Mais l'entraîneur se satisfait d'avoir remporté "le match le plus important du début de saison, à Moscou (3-0, le 23 novembre". Un succès qui permet à l'OM d'être en lice en 8e de finale de la Ligue des Champions et de rester engagé dans toutes les compétitions.

Dans la première moitié de saison, deux Olympiens ont pu attirer les regards, André-Pierre Gignac et Lucho Gonzalez, le premier cristallisant les foudres du Vélodrome pour son manque d'efficacité (un seul but marqué en Ligue 1 et trois en Ligue des Champions). "La saison passée à Toulouse, il ne s'est presque pas entraîné. Il ne faisait que jouer, le défend Deschamps. Il est parti à la Coupe du monde blessé, n'a pratiquement pas fait de préparation (...) Il doit se nourrir de sa première partie de saison pour être plus performant". Pour l'instant, DD compte toujours sur lui. "De toute façon, si on veut atteindre nos objectifs, l'efficacité des deux attaquants axiaux est indispensable. Ils doivent être à vingt-cinq buts à deux. Pour le moment, il y a un déficit", prévient-il. De son côté, Lucho Gonzalez a connu des hauts mais aussi quelques bas. Mais Et son avenir reste flou. "Au fond de lui, il nourrit quelques regrets. Il imaginait le club plus ambitieux, avoue Deschamps. En le faisant jouer plus bas, j'ai diminué un peu son influence. Il a encore deux ans et demi de contrat. Pour gagner, il faut des joueurs pour gagner. Quand j'entend que ce n'est pas un grand joueur joueur, je me demande qui est un grand joueur de L1".

Pour défendre son titre, l'OM va-t-il devoir s'activer cet hiver sur le marché des transferts ? Visiblement, Didier Deschamps n'y est pas très favorable. "Ce mercato ne sert qu'à corriger, en se projetant sur la saison suivante. Un vrai renfort aurait un coût élevé", estime-t-il. D'autant plus qu'il sait que les finances du club sont limitées et qu'il fait confiance aux joueurs qu'il a aujourd'hui à sa disposition. "On a pu réagir à la blessure d'Azpilicueta en prenant Rod (Fanni, recruté à Rennes pour 4 millions d'euros). Sinon, on n'était pas bien. Je ne vais pas empiler les joueurs. D'autant que ceux dont je dispose n'ont pas évolué à leur meilleur niveau jusqu'ici", affirme-t-il.

S'il ne se préoccupe pas du mercato d'hiver, Didier Deschamps anticipe déjà un été compliqué entre les joueurs en fin de contrat (Taiwo) et les velléités de départ (Diawara, Mandanda, Heinze, Lucho). "La comptabilité décidera de tout, sait-il. Le tout est de savoir clairement pour ne pas naviguer à vue. Anticiper, c'est toujours le but", espère-t-il. Et éviter ainsi un nouvel épisode Niang... Car l'entraîneur se projette déjà dans l'avenir. "Les trois prochaines saisons seront compliquées, annonce-t-il. Le stade sera livré en 2014, mais avant, il y aura des travaux et donc moins de places. Il y a aussi l’interrogation sur les droits TV. Il va falloir composer. Peut-être sera-t-on obligé de vendre des joueurs, même en cas de qualification pour la Ligue des Champions (…) Il y aura des moyens moindres, c’est une évidence ".

Au sujet de l'avenir, Didier Deschamps n'élude pas les questions quand il s'agit du sien. Alors qu'on l'avait annoncé du côté d'Anfield, il répète son envie de s'inscrire dans la durée à l'OM. Mais il n'en reste pas moins lucide. "Quand je parle d'être l'entraîneur de l'OM dans le nouveau stade, c'est sincère. Cette perspective me plaît, dit-il. Maintenant, 2014, c'est très loin dans mon métier. J'ai aussi dit ça pour que l'on comprenne que je ne suis pas un vagabond. Je l'ai prouvé l'été dernier, je pouvais partir (à Liverpool). Je souhaite m'inscrire dans la durée". "Je suis lucide. Il y a un an, au mois de janvier, certaines personnes pensaient que ce serait mieux si je m’en allais", ne manque-t-il pas de rappeler.