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"On joue le maintien"

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ParEurosport

Mis à jour 26/11/2010 à 22:17 GMT+1

L'entraîneur de Toulouse, Alain Casanova, nous a longuement reçus dans son bureau cette semaine, pour expliquer les difficultés de son équipe, qui vient de prendre six points en dix journées et reste sur trois revers consécutifs. Le départ de Gignac ? Trop réducteur comme argument, nous dit-il.

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Crédit: Eurosport

ALAIN CASANOVA, Toulouse a été leader avec quatre points d'avance cet été, et vous ne gagnez quasiment plus depuis. Pourquoi ?
A. C. : Les joueurs étaient revenus avec un mental intéressant, sortaient d’une saison très médiocre et ne voulaient pas revivre la même. On a joué des équipes qui n'étaient sûrement pas prêtes. Brest jouait son premier match en L1 contre nous, nous sommes allés à Bordeaux qui était en reconstruction, on a reçu Arles-Avignon qui n'était pas prêt, à Nancy c'était le deuxième match sur son synthétique après une défaite. Voilà. Ensuite, on a été plus attendu, et des problèmes ont surgi. D'abord notre manque d'efficacité offensive. Il y avait toujours la qualité de notre jeu collectif, mais avec énormément de difficulté à marquer. Il y a eu une cassure à Rennes. On était bons, on a pris un but à la 44e, on a perdu 3-1 et ça nous a fait mal. Depuis c’est compliqué, avec des absences : Pelé, Cetto, M’Bengué… Là, on est sur une spirale. On se déséquilibre un peu plus à vouloir soutenir nos attaques. On a été en difficulté sur des coups de pied arrêtés. La confiance est entamée et notre jeu a moins de qualité. Marseille était un condensé de tout ça. On a été solides mais on n’a pas été transcendants collectivement, avec toujours les mêmes problèmes d’efficacité.
Le départ de Gignac, dont tout le monde parle, est-ce central dans vos difficultés ?
A. C. : Je n’aime pas me retrancher derrière des excuses ni mettre le doigt sur ce qui semble évident aux yeux de tous. Je ne veux surtout pas qu’on s’apitoie sur notre sort. J’aime faire front à l’adversité. C’est vrai qu’on ne remplace pas Gignac facilement. Mais en trois ans on a perdu Carrasso, Gignac, Mathieu... Eh bien il faut modifier des choses, il faut que tout le monde se prenne en charge et apporte davantage. On a pris de jeunes attaquants, ils sont en période de doute. On leur a mis trop de pression. Pas nous : l’opinion, les médias, mais quand on a 19 ans et, pour l'un (Santander), qu’on ne connaît pas le championnat de France, ou pour l'autre (Tafer) qu’on était remplaçant du remplaçant à Lyon, on ne peu pas avoir de miracles.
Doutez-vous de leur capacité à y parvenir ?

A. C. : Au début, quand on les a pris, non. Les qualités, ils les ont. Là, c'est seulement mental. Il y a un écart avec ce qu’ils font en match et à l’entraînement. On a toujours bien travaillé à l'entraînement, mais on a du mal à le transférer en match.
J'ai demandé à un de vos joueurs s'il n'y avait pas eu un excès de confiance après ces quatre victoires. Il ne m'a pas démenti... L'avez-vous constaté ?
A. C. : Pas du tout. Je suis très vigilant par rapport à ça. Je veux qu’on soit très humbles. On n’a snobé personne. On perd contre Saint-Etienne (0-1) là où on doit faire un nul. Monaco (0-0), on doit gagner mille fois. Contre Lille, on fait le meilleur match de la saison, on doit gagner (1-1)...
Votre président, Olivier Sadran, parlait la semaine dernière d'un manque d'investissement chez vos joueurs, d'une baisse du volume des courses...
A. C. : Sur les derniers matches, il a raison, mais c’est aussi dans la confiance que ça se joue.
Vos jeunes joueurs ne tardent-ils pas à confirmer ? C'est le moment pour eux de le faire...
A. C. : C'est le cas pour quelques uns d’entre eux. Capoue fait un début de saison digne du niveau international. Certains joueurs ont montré un énorme niveau et on eu du mal à confirmer, comme Moussa (Sissoko) et Franck Tabanou. Mais ils ont 21 ans, il faut leur laisser le temps.
Faîtes-vous le lien entre la baisse de vos résultats et un projet de jeu qui semblait plus ambitieux cet été ?
A. C. : Non. Notre évolution s’est faite naturellement. C’est ma troisième année ici. J’ai d'abord voulu qu’on soit très solides défensivement, pour rassurer l’effectif et tenir compte du profil des joueurs que j’avais. La deuxième année, avec les blessures de Gignac et le renforcement de certaines convictions, j’ai cherché un jeu plus basé sur la possession. Ça n'a pas été criard car ça n'a pas réussi. Cette année, on a repris avec cet objectif-là. Ça s’est mis en place rapidement, cela a été bien accueilli par les joueurs et validé par le premier mois de compétition. On avait des convictions dans ces transformations avec un jeu à base de vitesse, de mouvement, de rythme. Mais il s'est liquéfié. Pour qu’il soit valable et positif, il faut de l’efficacité. Mais je ne regrette pas du tout.
A une question sur votre possible limogeage, votre président a répondu que c'était l'interrogation "la plus stupide de l'année". Comment avez-vous perçu cette réponse ?
A. C. : Je ne me pose pas de question. Je suis dans mon métier, je l'adore. Je souffre quand je vois que je n’arrive pas à faire progresser mes joueurs, quand je vois que notre jeu ne progresse pas. Je crois en ma méthode d’entraînement. Les joueurs prennent énormément de plaisir. Nous, entraîneurs, nous sommes dans la cocote. Si on est là à douter de ses qualités et de l'entourage du club, on n'est plus assez serein pour anticiper les problèmes de jeu qui vont surgir. Que les gens se posent des questions, pourquoi pas ? On verra...
Diriez-vous aujourd'hui que Toulouse joue le maintien ?
A.C . : Dès le début, je n’ai parlé que de ça. On voit notre équipe avec de jeunes joueurs d’avenir et quelques confirmés comme Cetto ou Didot, on la considère comme un prétendant à l’Europe. Mais on est le treizième budget, on est l’un des effectifs les plus réduits de France. Là-dessus, se greffent le départ de Gignac, la blessure de notre gardien. J’ai toujours pensé que la saison serait difficile. Quand j’ai vu que le joueur confirmé qui devait remplacer Gignac ne pouvait pas venir et qu'on a perdu Pentecôte pour six mois, j'ai compris. Quand on avait douze points sur douze, je me suis juste dit : "ce sera toujours ça de pris". Mon discours ne change pas : je regarde derrière. Je suis un terrien, je ne suis pas dans le paraître, je sais combien c’est difficile. On ne peut pas faire les marioles, personne ne peut se sentir au-dessus des autres. La descente peut concerner beaucoup de monde.
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