Lugano, ça se défend

Il devait être le taulier. Le patron de la défense parisienne. Deux mois après son arrivée dans la capitale, Diego Lugano tarde à répondre aux attentes. Mercredi, les errements de l'Uruguayen ont coûté cher au PSG. Elles ont remis Dijon sur les rails. Et Paris a laissé filer un quart de finale de Coupe de la Ligue qui lui tendait les bras (3-2). Sans viser explicitement Lugano, Antoine Kombouaré n'a pas manqué de pointer du doigt ces "petites erreurs qui ont commis de gros dégâts".

En Bourgogne, Lugano fut l'ombre du brillant capitaine de la Celeste, demi-finaliste du Mondial 2010 avant de soulever la Copa America en juillet. Brice Jovial a profité allégrement de sa lenteur et de son marquage élastique pour "jouer là où il y avait de la place". Lugano était souvent en retard. Et pour la sixième fois en neuf matches, il a été averti. Trois jours plus tôt, face à ces mêmes Dijonnais (2-0), Antoine Kombouaré l'avait sorti prématurément, parce qu'il l'estimait "pénalisé par un carton jaune qui rendait compliquées certaines interventions".

Les réputations ont la vie dure. Celle de Lugano, qui traîne l'image d'un joueur excessivement dur sur l'homme, tient presque de la caricature. Cet été, Leonardo l'a recruté pour "son expérience, son leadership et son talent". Son transfert fleurait alors la bonne affaire : Paris n'avait pas cassé sa tirelire pour l'acheter à Fenerbahçe. Il lui avait suffi de mettre 3,5 millions d'euros sur la table. L'investissement, aussi peu coûteux soit-il, n'est pas encore rentable.

"On avait peut-être une attente démesurée par rapport à Lugano en voyant la façon dont il a été acclamé à son départ de Fenerbahçe, déplore Grégory Coupet au micro de RMC. On a l’impression que ça va trop vite pour le moment. Le rythme est trop rapide. Il va devoir faire attention dans le domaine aérien parce qu’il va être ciblé avec ses coudes. Je suis un peu déçu jusqu’à présent." L'ancien gardien du PSG n'est pas le seul. Antoine Kombouaré attend également plus de "Tota". Il l'avait fait savoir mi-septembre, en conférence de presse. "Aujourd’hui, c’est un joueur qui manque de rythme, disait alors le Kanak. Maintenant, il sera jugé sur les matches. Il y a des joueurs rugueux à l’entraînement et qui, en match, le sont moins. Ce qui m’intéresse, ce sont les actes pendant les matches de compétition."

Dans les actes, l'apport de Lugano ne saute pas forcément aux yeux. Dans les chiffres, c'est nettement plus probant. Avec lui, Paris n'a encaissé que deux buts en cinq rencontres et a gardé sa cage inviolée à quatre reprises. Sans lui, le club de la capitale prend un but par match. La statistique est trop significative pour relever du simple hasard. Elle renforce l'idée que Lugano a des circonstances atténuantes. L'international aux 64 capes paie encore une préparation estivale tronquée et des périples éreintants pour rejoindre sa sélection. "Ce n'est jamais évident pour les Sud-Américains de digérer les voyages, justifiait Christophe Jallet mercredi. Je ne sais pas si Diego a plus payé qu'un autre. Mais avec l'accumulation des matches, la fatigue va venir."

Depuis ses premiers pas parisiens, le 11 septembre, face à Brest (1-0), Lugano a accumulé 781 minutes de jeu. 781 minutes au cours desquelles il a dû se réfréner, pour s'adapter à l'exigence du jeu français. "Au niveau physique, ce n'est pas ce que pensais. J'imaginais ça plutôt comme l'Angleterre. Je voyais ça plus dur, avec plus de fautes", expliquait le natif de Canelones il y a un mois. A sa décharge, aussi, le turnover défensif ne l'aide pas à trouver ses repères. Mercredi, Lugano était associé à Camara. Dimanche, il avait débuté aux côtés de Sakho. Sur le papier, l'association a de l'avenir. Pour peu que Lugano soit à 100%.