Ajaccio - Bastia : Avec plus de soufre que de souffle

Tout restait ouvert dans un derby corse peu spectaculaire mais animé. Et soudain, le jeu est passé au second plan, victime de la violence qui peut sévir sur les terrains de football. Dans les dix dernières minutes de la rencontre, alors qu'Ajacciens et Bastiais poussaient pour faire la différence, une bagarre a éclaté sur la pelouse du stade François Coty. Un énième duel entre le petit Johan Cavalli et l'immense Gaël Angoula dégénère (81e). Echauffourée, expulsion des deux principaux protagonistes de cette bagarre, répercussions dans les tribunes... La rencontre est interrompue pendant cinq bonnes minutes, et si le match est bien allé à son terme, le jeu n'a jamais vraiment repris ses droits, les deux équipes maintenant le score nul et vierge qui précédait cet incident.

Jusqu'à ce débordement de trop, le derby corse s'était révélé plutôt terne. Et si Ajaccio a eu les opportunités de faire la différence, les évènements extra-sportifs ont été les plus marquants de l'après-midi. Dès les premières minutes de jeu, les deux équipes ont eu du mal à mettre du rythme dans la foulée d'un avant-match très particulier. Les festivités de ce derby, le premier en Ligue 1 depuis sept ans, ont laissé la place à un hommage à Maître Antoine Sollacaro, assassiné mardi à Ajaccio. Les Acéistes, dont l'avocat était un fidèle supporter, ont ensuite peiné à mettre la machine en route, les Bastiais se montrant menaçant les premiers en contre. Las, Toifilou Maoulida comme Anthony Modeste ont manqué de précision et Ajaccio est monté en pression. Jusqu'à étouffer les Bastiais dans la deuxième moitié de cette première période, sans pour autant connaître plus de réussite.

Bien en vue en soutien d'Eduardo et Adrian Mutu, Johan Cavalli est le premier à mettre Novaes en évidence, d'une tête plongeante qui ne parvient pas à tromper le gardien bastiais. Rapidement chauffé par ses adversaires, le Brésilien s'est ensuite montré intraitable, aussi bien devant Ricardo Faty (39e) que Mutu (55e). Et lorsque Novaes était battu, il a trouvé plusieurs suppléants pour contrecarrer les tentatives ajacciennes. Choplin puis Kazri ont détourné sur leur ligne des tentatives de Cavalli (40e) et Medjani (63e). Frustrés, les supporters corses laissaient exploser de premières bombes agricoles au cœur de cette seconde période, tandis qu'Angoula se signalait déjà par un coup de coude à la gorge de Mutu et un tâcle audacieux sur Eduardo.

Pour autant, Laurent Duhamel n'a sorti son premier avertissement qu'après l'heure de jeu, pour une intervention de Bouhours sur Modeste. Incapables de concrétiser leurs actions, les Acéistes ont laissé la porte ouverte pour un coup bastiais. Anthony Modeste aurait pu la jouer matador avant de laisser place aux matamores. Mais sa tentative de la tête sur un corner de Rothen a filé du mauvais côté du poteau (52e). L'attaquant bastiais pensait disposer d'une nouvelle occasion de devenir le héros de la soirée mais, malgré tous ses trépignements, il n'a pas obtenu le penalty attendu sur un tirage de maillot de Medjani (77e). Laurent Duhamel lui a même délivré le deuxième carton jaune de la soirée. Le dernier avant que le match ne bascule dans une autre dimension.