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Hervé Renard : "Les gens se demandent si, venant d'Afrique, on a le niveau"

Eurosport
ParEurosport

Publié 07/03/2014 à 22:14 GMT+1

Hervé Renard fustige le regard de certains sur les entraîneurs évoluant en Afrique. Il s'en étonne mais se félicite surtout de voir Sochaux relever la tête en L1.

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Crédit: Eurosport

Hervé Renard, même dans les périodes les plus sombres du FCSM depuis votre arrivée, vous n’avez jamais cessé d’afficher votre confiance. Avez-vous parfois surjoué ce rôle de l’éternel optimiste?
H.R. : Pas un instant ! Il y a eu des moments difficiles, où j’ai senti que certains joueurs, peut-être 25% de l’effectif,  commençaient à se résigner. Cela peut se comprendre, car cela fait plusieurs saisons que le club se bat pour rester en Ligue 1. Mais si moi, l’entraîneur, j’arrive le matin le visage fermé, avec l’impression de ne plus y croire, c’est fini ! Je suis passionné par mon métier, et quand j’ai signé à Sochaux, je connaissais très bien la situation de l’équipe. J’ai toujours cru que se maintenir était possible, et avec nos derniers résultats (sept points en trois matches), je n’ai pas changé d’avis.
Tout en restant mesuré…
H.R. : Oui, car il ne faut pas tomber dans l’excès. Ni catastrophisme quand les résultats ne sont pas bons, ni euphorie parce qu’on vient de faire trois bons résultats de suite !
Vous avez quitté la Zambie, où vous êtes devenu un héros depuis la victoire lors de la CAN 2012, pour arriver à Sochaux, dans un club relégable…
H.R. : (Il coupe) Dans une carrière d’entraîneur, il y a des défis à relever. J’étais en Zambie avec l’objectif de participer à la Coupe du monde. Quand nous avons perdu en septembre dernier au Ghana (1-2) le dernier match de la phase de groupes, je savais que j’allais partir, alors que mon contrat courait jusqu’en juillet 2014. J’en ai parlé à Kalusha Bwalya, le président de la fédération. Il aurait pu me demander d’aller au bout de mon contrat, mais il a compris. J’avais cette possibilité de revenir en France, et Sochaux me l’a offerte.
Dans les semaines qui ont suivi votre arrivée, on a parfois eu l’impression que vous cherchiez le bon dispositif. L’équipe changeait souvent…
H.R. : C’est normal, même si, dans notre situation, il ne fallait pas prendre trop de temps. Il y a eu des blessures, des suspensions, des méformes. On cherche toujours le meilleur équilibre possible. On partait de tellement loin au niveau comptable…
Il paraît que vos séances d’entraînement ont surpris…
H.R. : Je ne sais pas comment cela se passait avant mon arrivée, et cela ne me regarde pas. Je note juste que les deux saisons précédentes, Sochaux s’est maintenu. Cela signifie donc qu’un travail de qualité avait été fait par Eric Hély et son staff. Chaque entraîneur a sa méthode. J’ai la mienne, je sais ce que je veux.
Un jour, je repartirai en Afrique
Le mercato hivernal, pendant lequel cinq joueurs (Pelé, Sunzu, Marange, Sinkala et Jordan Ayew) sont arrivés, a-t-il tout changé ?
H.R. : Tout, je ne sais pas. Si on ne bat pas Rennes (2-1) juste avant la trêve, le club n’aurait sans doute pas fait cet effort financier. La venue de ces cinq joueurs est le fruit d’un consensus entre la direction, la cellule de recrutement et le staff technique. On a fait venir cinq joueurs revanchards, ou qui avaient des choses à prouver, comme les deux zambiens, qui veulent s’imposer en Europe. Et contrairement à ce que l’on peut croire, quand on est dix-neuvième de Ligue 1, ce n’est pas si simple de convaincre des joueurs de venir.
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2013 Sochaux Hervé Renard Sanjin Prcic

Crédit: Panoramic

Vous avez essentiellement travaillé en Afrique (Ghana, Angola, Algérie, Zambie deux fois). Avez-vous eu l’impression que les techniciens français qui exercent sur ce continent sont moins bien considérés ?
H.R. : Complètement ! Pourtant, ces dernières années, des gens comme Paul Le Guen, Eric Gérets, Sven-Göran Erikson ont entraîné en Afrique. Mais j’ai l’impression qu’en France, les gens se demandent si on a le niveau. C’est une méconnaissance du football international. L’Afrique, c’est beaucoup plus professionnel et cohérent qu’avant. Le football, ce n’est pas que la Ligue des Champions, la Coupe du Monde et deux ou trois grands championnats européens.
La Ligue 1 en fait-elle partie ?
H.R. : Je n’ai jamais cessé de la suivre, même en vivant en Afrique. Le constat est simple : aujourd’hui, il y a deux clubs, Monaco et le Paris-SG, qui sont capables de faire venir des joueurs de niveau international, pendant que les autres perdent leurs meilleurs éléments, qui partent la plupart du temps à l’étranger. On nivelle par le bas, et cela risque de s’amplifier durant les prochaines années…
Retournerez-vous travailler un jour en Afrique ? Votre nom circule en Tunisie et surtout au Maroc…
H.R. : A l’heure où je vous parle, je n’ai qu’un seul objectif, aider Sochaux à rester en Ligue 1. Le reste, ce ne sont que des rumeurs. Je n’ai rien signé avec personne ! Si Sochaux descend en L2, je serai libre. Si le club conserve sa place parmi l’élite, mon contrat est automatiquement renouvelé. Mais pour répondre à votre question, oui, un jour, je repartirai en Afrique. Je ne sais pas quand, je ne sais pas où, mais pour moi, c’est une évidence.
Pourquoi ?
H.R. : Parce que j’ai vécu des moments fantastiques sur ce continent. J’ai adoré la passion, la communion dans les stades – même si parfois, c’est très chaud -, j’ai participé aux quatre dernières éditions de la CAN (en 2008 en tant qu’adjoint de Claude Le Roy au Ghana, en 2010, 2012 et 2013 avec la Zambie). Une équipe nationale, en Afrique, cela représente beaucoup pour les gens.
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