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Les 7 raisons pour lesquelles René Girard est l’entraineur le plus sous-estimé de L1

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 08/11/2013 à 18:46 GMT+1

Champion avec Montpellier, René Girard a relancé Lille depuis son arrivée. Sa réputation n'est pas à la hauteur de ses résultats. Voici pourquoi.

René Girard Lille montage 16/9 2013 Ligue 1

Crédit: Eurosport

A son arrivée dans le Nord, il a très vite compris qu’il n’était pas le bienvenu. Un an plus tôt, René Girard avait décroché le titre de champion de France avec Montpellier et son budget de misère face au monstre PSG gavé aux millions d’euros de QSI. Un exploit monstrueux. Pourtant, les supporters du LOSC n’en voulaient pas en août et ont créé plusieurs groupes Facebook contre sa venue.  Aujourd’hui, Lille est deuxième et revit. René Girard est l’entraineur qui a gagné le plus de matches en Ligue 1 depuis 2009-10 (80). Comment expliquer l’énorme décalage entre ses résultats et son image auprès du public ? Pourquoi est-il l’entraineur le plus sous-estimé de l’élite ? Tentatives de réponse.

1. Parce que, sur le terrain, c’était une terreur

René Girard, c’est d’abord une image. Panini en l’occurrence. Cheveux longs, moustache et une réputation de boucher. Au cœur du grand Bordeaux des années 80, quand Tigana, Giresse et Lacombe déclenchent les frissons, Girard a la semelle leste. Girard, c’est le prototype du chien de garde qui fait le sale boulot. Une réputation construite par la rudesse de son jeu qui n’aide pas franchement à l’image de "Néné". Pourtant son jeu ne manquait pas de finesse. Mais les clichés ont la peau tenace. Dans l’album Panini de 1981, sa courte biographie construisait déjà son personnage : "Sa valeur véritable est un tantinet ternie par son impulsivité. Il ne fait pas bon se frotter à ses crampons." Fatalement, face à la relance élégante d’un Laurent Blanc, il n’y a pas match auprès du grand public.

2. Parce que, sur le banc, c’est une terreur

Il ne peut pas s’en empêcher, c’est plus fort que lui. Sur le banc, Girard est un râleur, un vrai poison pour les arbitres. Ce caractère, parfois volcanique, est l'héritage de l'un de ses mentors, Kader Firoud, entraîneur à la dure de Nîmes. On se souvient de son doigt d’honneur adressé à son homologue de Schalke en Ligue des champions. L’arbitre n’est pas la seule de ses victimes. Il ne lâche jamais ses joueurs. Il replace, recadre, engueule et râle. Après la rencontre, il peut encore s’emporter devant les micros. "Il y en a quelques-uns qui feraient mieux de fermer leur clapet car ils parlent plus qu'ils ne courent", avait lâché Girard après une rencontre face à Lyon visant notamment Bastos. "On les retrouvera, je crois qu'il y a un match retour. On aura l'occasion de remettre les pendules à l'heure." Pas vraiment l’image qu’on se fait d’un gentleman. Face aux traits d’humour et à la bonhomie de Ranieri en conférence de presse, Girard fait figure de vilain petit canard.

3. …mais qu’il reste un discret dans la vie

Girard n’est pas du genre à bomber le torse ou à faire son auto-promo. Le Gardois est un discret. "Mon père m'a toujours dit : 'Moins tu parles, plus t'es sûr de ne pas dire de conneries'", glisse-t-il un soir à Henri Bedimo en zone mixte. Girard est très loin des envolées lyriques et auto-centrées de Mourinho. Lui la joue profil bas. Pas facile d’exister dans un milieu où ce sont généralement les plus orgueilleux qui font parler d’eux. Une anecdote résume le personnage. En 1993, après une première expérience sur le banc de Nîmes qui tourne court, il prend du recul et ouvre un bar tabac en toute discrétion. "On était ouverts du lundi matin, à six heures, jusqu'au dimanche midi", rappelle-t-il. Girard n'a jamais été un carriériste.

4. Parce que ses équipes ne font pas rêver

Milieu défensif de formation, il ne cache pas qu’il construit d’abord ses équipes par l’arrière en les dotant d’une base solide. Avec Girard, ça bétonne et ça ne fait pas rêver. Avec lui, le spectacle, c’est souvent sur le banc, rarement sur le terrain. L’année de son titre, Montpellier présente la meilleure défense de Ligue 1, c’est encore le cas de Lille cette saison. Depuis 2009-10, il est l’entraineur de Ligue 1 qui a remporté le plus de victoires 1-0 (32 soit 14 de plus que n’importe quel autre entraineur de l’élite et 40% de ses victoires sur cette période). D’Aimé Jacquet, son mentor, il tient la maxime : "La rigueur n’exclut pas le plaisir." Face à Rudi Garcia et son style de jeu champagne, la comparaison n’est pas à son avantage.

5. Parce qu’il n’est pas bling-bling

Girard n’est pas dans l’air du temps. Il n’est pas, n’a jamais été et ne sera jamais l’entraineur à la mode. Il se définit lui-même comme un nostalgique. Homme du terroir, il symbolise le football à papa. Il confiait en 2012 au Journal du Dimanche aimer "Michel Sardou, les livres qui parlent d’histoires vraies, comme les biographies de flics et de voyous" et ne comprenait pas "ce monde qui robotise tout, où il y a de plus en plus de radars et de plus en plus de voitures rapides". A 59 ans, il ne changera pas ses convictions. A Lille, lorsque les dirigeants ont voulu "revenir aux fondamentaux", ils ont logiquement fait appel à lui. Son credo ? "Bosser, bosser, bosser." "Je dis toujours que je suis quelqu’un de pas intéressant parce que je ne fais pas lever les mecs à sept heures du matin, je ne les fais pas mettre en mini-jupe pour changer leur quotidien… Je ne suis pas très original dans mon fonctionnement." Sur le papier, Girard, ce n’est ni bling-bling ni sexy. Face aux yeux bleus de Galtier, à la mèche soyeuse de Garcia ou à la classe naturelle de Blanc, il fait pâle figure.
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2012 Ligue 1 Girard Nicollin

Crédit: AFP

6. Parce que Nîmes ou Montpellier, ce n’est pas Paris ou Marseille

La carrière d’entraineur de René Girard s’est construite soit dans l’ombre (adjoint de Roger Lemerre en équipe de France, sélectionneur de l’équipe de France Espoirs), soit en première ligne mais dans des clubs de seconde zone (Nîmes, Pau, Strasbourg, Montpellier). Un titre de champion de France n’a pas la même résonnance dans l’Hérault qu’à Marseille ou Paris. Voilà pourquoi René Girard a rarement fait la Une. "Bien sûr qu’il devrait entraîner dans un plus grand club que Montpellier. Mais il y a des cons partout", analysait Loulou Nicollin à propos de son ancien chouchou. En menant l’OM jusqu’à la seconde place de L1 en 2009, Eric Gerets s’est assuré une popularité que n’atteindra jamais René Girard. 

7. Parce qu’il n’a jamais eu la reconnaissance que son parcours d’entraineur méritait

René Girard est quand même l’homme qui a fait trébucher le PSG version QSI dans sa quête du titre de champion de France. Ce n’est pas rien. Pourtant, il n’a jamais capitalisé sur ce succès. Rarement un titre de champion de France a aussi peu fait parler. Une année après son triomphe, il quitte le MHSC après des dissensions avec son président. Mais René Girard en a l’habitude. En 2008, alors qu’il est à la tête des Espoirs, Gérard Houllier et Raymond Domenech le licencient sans motif valable pour placer Erick Mombaerts. C’est l’histoire de sa carrière. Celle d’un besogneux aux résultats flamboyants mais qui reste avant tout un besogneux aux yeux du plus grand nombre.
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