R comme raclées, S coùmme Sauzée... L'abécédaire d'OM-PSG (3e partie)

Si vous rêvez d'un match à 10 buts à la OL-OM d'il y a quelques années (5-5), vous rêvez. Jamais un choc entre Marseille et Paris n'a débouché sur une telle orgie offensive. Le record ? 7 buts, le 7 avril 1979 au Parc des Princes. Il y avait eu un début de match de folie (ouverture du score Berdoll pour l'OM dès la 2e minute, égalisation de Bureau à la 5e). Puis une seconde période complètement folle, avec deux buts parisiens en deux minutes, deux autres de l'OM en quatre minutes pour revenir à 3-3 avant le but de la victoire de Carlos Bianchi à la 86e. Depuis, seul le 4-2 du PSG au Vélodrome en 2008 s'en est approché.

12 décembre 1971. Retenez cette date. Le PSG n'avait même pas un an et demi. Le Qatar était indépendant depuis trois mois. C'est la date du tout premier match entre le Paris Saint-Germain et l'Olympique de Marseille, lors de la 18e journée. A vrai dire, à l'époque, tout le monde s'en fout. L'OM file vers son premier titre de champion de France depuis la Guerre et Paris n'est qu'un petit promu. Au Vélodrome, il n'y a pas photo : 4-2 pour Marseille et, bien sûr, un doublé de l'inévitable Josip Skoblar, l'homme qui marqua 100 buts sur ses 100 premiers matches sous le maillot de l'OM.

Oui, le choc et la rivalité entre l’OM et le PSG a été monté de toutes pièces par Bernard Tapie et Canal Plus au début des années 90. OK, il a été alimenté par les médias, ravis de trouver dans cet antagonisme capitale - province un sujet de discussion faisant vendre du papier avant, pendant et après le match. D’accord, le spectacle n’a pas toujours été au rendez-vous depuis que le PSG et l’OM se détestent. Et des prestations individuelles incroyables, du type de celle de Ronaldinho en 2003, ont parfois caché la misère.

Néanmoins, dans un océan de rencontres tantôt insipides, d’autres fois violentes, quelques matches entre les deux équipes ont tenu toutes leurs promesses. On pense évidemment à la première de Zlatan au Vélodrome, en 2012 et une première période exceptionnelle, ponctuée par quatre buts (2-2 au final). Comment ne pas penser également à une victoire parisienne au Vélodrome en 2008 (2-4) ou, évidemment, à la "finale" du championnat 1992/1993 remportée 3-1 par un OM sacré champion d’Europe trois jours plus tôt. Sans doute le plus accompli en terme d’enjeu, de jeu, d’intensité et d’émotion.

Pour tout dire, ce n'est pas une spécialité des confrontations OM-PSG. Si Monaco a déjà passé 9-0 à Bordeaux, si Marseille a déjà pris un 7-0 à Lyon, quand le club de la capitale croise son meilleur ennemi provençal, il est rare qu'un des deux protagonistes prenne totalement l'eau. Quatre buts d'écart, voilà l'écart maximal lors des 85 matches entre le PSG et l'OM. Et encore, ce n'est arrivé que deux fois : une de chaque côté. En 1978, Paris avait collé 5-1 à l'OM au Parc. Avec Jean-Michel Larqué sur le banc, alors que Marseille était leader du championnat. Puis, en 1986, au Vélodrome, retour à l'envoyeur avec un 4-0 infligé par l'OM de Tapie au champion en titre, avec... Philippe Jeannol, le défenseur central, qui avait fini dans le but parisien.

Le 5 mai 1989, Franck Sauzée a probablement inscrit le but le plus important de sa carrière. Et sans doute du début de l'ère Tapie. Ce but, inscrit dans le temps additionnel d'un OM-PSG, ouvre la porte d'un 6e titre de champion à l'Olympique de Marseille.  La lourde frappe de l'international français, flottante, échappe inexorablement à Joël Bats, trahi par la trajectoire du ballon et une très légère déviation. Le Vélodrome chavire, ivre de bonheur. A trois journées de la fin, l'OM prend deux longueurs d'avance sur Paris. Dans les tribunes, une jeune supportrice succombe à une crise cardiaque. Tragique.

Dimanche soir, Canal Plus espère un carton d'audience avec Olympique de Marseille - Paris Saint-Germain. La chaîne cryptée, qui est avec Bernard Tapie à l'origine de la montée des antagonismes entre la capitale et la frondeuse provinciale, n'en attend rien d'autre. A l'étranger, OM – PSG n'est pas encore perçu comme Barça – Real ni Arsenal – Manchester United et ne le sera sans probablement jamais. Néanmoins, le match sera retransmis par 41 diffuseurs tout autour de la planète et dans 167 pays et territoires, a révélé la LFP, jeudi. Pas mal.