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Ben Arfa : "Avoir touché le fond, ça m’a permis de me poser les bonnes questions"

Martin Mosnier

Mis à jour 11/05/2016 à 14:46 GMT+2

A 24 heures de la liste des 23 de Didier Deschamps pour l’Euro, Hatem Ben Arfa, qui pourrait être l’invité de dernière minute, s’est confié à nous. L’occasion de revenir sur sa renaissance niçoise, un an après avoir "touché le fond". Entretien exclusif avec un joueur "serein" aux ambitions décuplées.

Hatem Ben Arfa

Crédit: AFP

Souriant et détendu, Hatem Ben Arfa respire la sérénité en cette fin de saison. Il nous a reçus mardi au Parc des sports Charles Ehrmann, le centre d'entrainement de l'OGC Nice. Celui que vous avez élu meilleur joueur de la saison est revenu sur son année hors-norme après quatre saisons délicates et six mois de chômage. Le voilà désormais aux portes de l'équipe de France. Alors que Didier Deschamps dévoilera sa liste dans 24 heures, le milieu offensif niçois n'a pas voulu s'appesantir sur ses chances d'apparaître dans le groupe tricolore. Entretien avec un joueur apaisé et sûr de sa force.
Il y a un an, vous étiez au chômage. Aujourd’hui, vous faites partie des meilleurs joueurs du championnat. N’avez-vous jamais douté de votre avenir notamment lorsque votre premier contrat à Nice n’a pas été homologué ?
H.B.A. : (Il hésite longuement) Non, je n’ai pas douté. Enfin… Non, je n’ai pas eu de doutes. Je me suis dit : "encore un obstacle." J’ai eu un petit coup de mou mais je savais que la lumière allait revenir. Mon succès aujourd’hui s’explique par beaucoup de patience et de travail. D’avoir touché le fond, ça m’a permis de me poser les bonnes questions.
N’avez-vous jamais été tenté par une solution de facilité, c’est-à-dire filer dans un championnat exotique avec de belles rémunérations à la clé ?
H.B.A. : J’ai eu beaucoup de propositions et de tentations, c’est certain. Mais je ne suis jamais tombé là-dedans parce que j’avais encore des choses à faire. Quand j’aurai fait ce que j’ai à faire, quand j’aurai gagné des titres, je pourrais partir loin.
C’est pour cela que vous avez refusé des salaires astronomiques pour signer à Nice ?
H.B.A. : C’est simple, je savais que j’allais faire une bonne saison. J’en étais convaincu et sûr de moi. Parfois, il faut reculer pour mieux sauter. Ce que j’ai perdu, je le récupérerai l’année prochaine.
Pourquoi avoir choisi Nice, un club qui n’a pas d’immenses références en France ?
H.B.A. : A Nice, il y avait le coach, Claude Puel, avec lequel j’ai beaucoup discuté. C’est un club où je connaissais le directeur administratif et Mathieu Bodmer. Il y avait un cadre. Et il faut être honnête, il n’y avait pas beaucoup de propositions de clubs de L1 l'an passé. Aujourd’hui, on parle beaucoup mais à l’époque, il n’y avait que Nice. Ça facilite le choix (rires).
Je ne m'attendais pas à tout l'amour que je reçois
Est-ce que vous savourez d’autant plus votre succès aujourd’hui après les difficultés que vous avez connues ?
H.B.A. : C’est mon parcours, c’est mon destin. Il fallait que je passe par là, par tous ces moments difficiles, pour vivre ces émotions aujourd’hui.
Pendant de nombreuses années, vous avez été l’espoir déchu du football français. Aujourd’hui, vous faites l’unanimité quasiment pour la première fois de votre carrière…
H.B.A. : (Il coupe) Ça me fait plaisir. C’est comme cela, c’est le travail. J’ai essayé d’être naturel cette année et ça paie. Après, les gens t’apprécient. Je m’attendais à revenir fort. Ça, j’en étais persuadé. Mais tout ce qu’il y a autour, tout l’amour que je reçois : je ne m’attendais pas à tout cela. Et ça, je le prends en pleine face. Je suis toujours surpris et ça monte tout le temps. Je suis un être humain, ça me fait du bien.
Est-ce que vous vivez votre réussite actuelle comme une revanche envers tous ceux qui ont douté de vous ?
H.B.A. : (Longue hésitation). Non, ce n’est pas une revanche. Bien sûr que j’avais envie de revenir. J’ai de la fierté, je ne voulais pas rester là où j’étais. Mais c’était plus pour moi-même, pas par rapport aux gens ou aux observateurs.
Je suis dans la forme de ma vie
Vous avez été cinq fois champion de France mais, paradoxalement, c’est l’année où vous ne gagnez rien que vous signez votre meilleure saison…
H.B.A. : Oui, c’est ma meilleure saison en L1 et à l’étranger. C’est la plus complète, la plus régulière à tous les niveaux. La clé, évidemment, c’est la régularité mais pas seulement. J’ai progressé dans mon volume de jeu et devant les buts. J’ai beaucoup travaillé mon efficacité et notamment la frappe enroulée du gauche. Mais comme tout le monde, je suis passé par des hauts et des bas. Mais quand j’étais moins bon, je suis resté dans le même état d’esprit. Pareil quand j’étais en forme. J’ai trouvé une sorte d’équilibre cette saison. Aujourd’hui, je suis dans la forme de ma vie.
Vous avez un nouveau rôle à Nice, l’équipe la plus jeune d’Europe. Celui d’un grand frère. Est-ce aussi cela qui vous a permis de progresser, en donnant l’exemple ?
H.B.A. : Par mon comportement, je devais leur montrer qu’aucun adversaire ne devait nous faire peur et leur transmettre de la confiance. Pendant toute la semaine ou durant les matches, j’essaie de leur faire prendre conscience de nos qualités.
Est-ce que vous diriez que c’est plus Nice qui a profité de votre arrivée ou Ben Arfa qui a profité du tremplin niçois ?
H.B.A. : C’est du "win-win". Nice m’a beaucoup apporté, c’est grâce à ce club que je suis là aujourd’hui. Moi aussi, j’ai apporté au club grâce à mon travail et ce que j’ai fait sur le terrain. C’est vraiment du gagnant-gagnant.
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Hatem Ben Arfa dans les bras de Jean-Pierre Rivère, le président de l'OGC Nice

Crédit: AFP

Je vais regarder attentivement la liste
Est-ce que vous avez enfin l’impression d’exprimer tout votre potentiel ?
H.B.A.: Oui, il a fallu du temps mais c’est comme ça. Mais attendez, ce n’est pas fini…
Au point de postuler à une place chez les Bleus pour l’Euro.
H.B.A. : Je vais la regarder attentivement, la liste. Toute la France va la regarder, footballeur ou pas. Je serai devant ma télé et j’espère y être.
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Hatem Ben Arfa à Clairefontaine en novembre 2015

Crédit: AFP

On vous sent apaisé. Beaucoup plus qu’à une certaine époque où vous sembliez volcanique.
H.B.A.: Oui, c’est vrai. Je suis tranquille, serein.
Est-il l’heure pour vous de confirmer chez l’un des meilleurs clubs d’Europe ?
H.B.A. : Je me sens prêt à m’imposer chez un grand d’Europe. J’ai passé beaucoup de paliers donc je suis prêt à affronter n’importe quel challenge. Grand ou moins grand.
Celui du FC Barcelone est immense…
H.B.A. : Il y a beaucoup de bruit avec le Barça. Un jour, c’est le Barça, un autre jour c’est un autre club. Pour l’instant, je me concentre sur la fin de saison avec mon club et c’est tout.
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