Basile Boli, le caméléon de l'OM

Après coup, sa sortie médiatique sonne comme un dernier avertissement. Juste après le nul face à Bordeaux (0-0), Basile Boli avait tancé Michel. L'entraîneur de l'OM en avait pris pour son grade. L'ancien défenseur olympien lui reprochait ses (incompréhensibles) choix dans son onze de départ face aux Girondins. ", avait expliqué Boli. J'ai été surpris et en même temps bouleversé. Car il faut vraiment mettre des joueurs d'expérience dans ces moments-là."

Placé dans les cordes par l'uppercut de Boli, Michel n'avait pas tardé à répliquer. "Boli m'a déçu, avait-il lancé aux journalistes. C'est une légende du club. La porte du vestiaire est donc ouverte pour lui. Il manque d'informations. S'il venait à l'entraînement, il aurait pu se rendre compte des raisons qui m'ont poussé à faire ces choix."

Depuis mardi matin, Basile Boli pourra mieux se faire une idée de la valeur des éléments de l'OM. Car il a été nommé coordinateur sportif dans le nouveau staff technique de Franck Passi, promu entraîneur principal à la place… de Michel. L'entraîneur espagnol, qui se croyait hors d'atteinte, ne pensait pas se faire débarquer à la veille d'un match de demi-finale de Coupe de France. Mais Vincent Labrune, qui n'a pas encore totalement perdu la main au sein du club, a tout fait pour mettre un terme prématuré à l'aventure de son désormais ex-entraîneur.

Voir un tandem Passi-Boli monter en première ligne n'est pas si étonnant. Car le club olympien a voulu jouer la carte des anciens de l'OM. Boli représente le symbole des grandes années marseillaises. Son coup de boule victorieux le 26 mai 1993 en finale de la Coupe d'Europe des Clubs Champions face au grand Milan AC de Marco Van Basten, tout comme ses larmes après la défaite face à l'Etoile Rouge de Belgrade en 1991 à Bari, resteront "à jamais" dans le coeur des supporters olympiens. Avant son arrivée à Marseille cette saison en tant qu'ambassadeur du club, Boli faisait figure d'ex-gloire, parfois un peu grincheuse. Aujourd'hui, il est davantage synonyme d'homme d'action.

Si Vincent Labrune s'est acoquiné avec l'icône de 1993, c'est d'abord parce que le président délégué de l'OM avait besoin d'un soutien de poids dans sa guerre interne au sein du club mais aussi dans ses relations, très tendues, avec les supporters. Car Boli sait parler aux Marseillais. Le natif d'Abidjan emploie un verbe simple en appliquant la consigne du club : "Droit au but". Ses messages portent. Et son activité au sein de l'équipe, depuis qu'il a endossé son rôle d'ambassadeur, a été réellement appréciée par les joueurs. "Il dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas", résume un cadre du vestiaire olympien pas mécontent du départ de Michel.

Son franc-parler n'est pas le seul atout dans la manche du nouvel adjoint de Passi. "Il va tenir le rôle qu'il occupe depuis quelques semaines, détaille le nouvel entraîneur principal de l'OM à propos de son acolyte. Il est là pour conforter les joueurs et leur donner confiance. J'imagine qu'il va continuer ce travail-là." Garant d'une certaine idée de grandeur du club olympien, Boli symbolise encore la réussite. "On a porté le maillot de l'OM avec Boli dans des moments où l'équipe a eu de meilleurs résultats, rappelle Passi qui a signé son premier contrat avec le club olympien à 19 ans. On va essayer de leur faire comprendre que l'OM c'est un grand club qui a gagné la Coupe d'Europe. Il n'y en a pas beaucoup… On retrouve souvent les mêmes : Barcelone, Juventus, Milan AC… On veut reparler de ces valeurs aux joueurs."

Au duo Boli-Passi s'est adjoint l'entraîneur de la réserve, Thomas Fernandez. Educateur averti, ce cinquantenaire aux cheveux poivre et sel dirige aussi le centre de formation. Sa présence en équipe première renforce le message de construction autour des fondations de l'OM. Fernandez pourra ainsi faire le lien avec les jeunes formés au club et trop souvent coupés du monde professionnel, notamment sous l'ère Michel. En remplaçant un coach espagnol par une escouade franco-française, la direction marseillaise souhaite aussi donner des garanties aux clubs de supporters. Avec eux aux commandes, les joueurs mouilleront le maillot au cours des derniers matchs de la saison…

Devenu l'homme à tout faire de l'OM, Boli prend de plus en plus de poids au sein du club. Sa nomination de coordinateur sportif peut-elle l'amener à postuler à d'autres responsabilités dans un futur proche ? En privé, l'ancien défenseur olympien ne cache pas qu'il a de l'ambition. Reste à savoir ce que les futurs repreneurs de l'OM voudront faire de ce caméléon.

L'homme se dit prêt à jouer tous les rôles tant qu'il peut servir l'intérêt de son club. Il place l'OM au-dessus de son cas personnel. Voilà au moins une qualité qui peut servir actuellement à Marseille alors que le club enchaîne les coups de théâtre…