Notre débat : Le PSG doit-il se séparer d’Unai Emery ?

Cela a été dit et répété : Unai Emery sera jugé en février, à l’aune des résultats parisiens en Ligue des champions. Le problème de cette affirmation de début de saison réside dans le fait que personne n’imaginait le PSG perdre autant de points en championnat. Il n’empêche, c’est à la fin du bal qu’on paye les musiciens, et la danse parisienne est loin d’être achevée. Surtout en championnat où ses sept points de retard sur Nice ne sont pas insurmontables.

Dans cette histoire, on oublie un peu vite que l’Espagnol a récupéré un groupe qu’il n’a pas taillé, avec des recrues pas forcément demandées (Ben Arfa, Jesé). Surtout, il s’est heurté à un vestiaire qui a du mal à assimiler ses méthodes et a demandé à revenir à des pratiques plus conformes à leur confort. Bien sûr, Emery est responsable de plusieurs échecs mais les joueurs ne sont pas exempts de tous reproches, loin de là. Très loin. Emery a besoin de temps. Point à la ligne.

Si savoir se déjuger est une qualité appréciable, le faire aussi tôt dans la saison reviendrait à un échec XXL pour le projet QSI. En nommant un coach jeune mais plein de promesses pour succéder à Laurent Blanc l’été dernier, le PSG avait tenté un pari en ouvrant un nouveau cycle. Celui-ci ne fait que débuter et on veut déjà y mettre fin. Avant de connaître son issue.

Dernier point, et non des moindres : la question de son éventuel successeur. Les pistes évoquées jusqu’à présent ne sont que des choix par défaut. Autrement dit, tout ce que doit éviter le PSG. Reste à savoir si Nasser Al-Khelaifi saura résister au choix de la facilité, voire à ce que pourrait lui dicter l’état-major qatari. Car diriger un grand club, c’est éviter de céder à la moindre rafale de vent. Aussi forte soit-elle.

Parce que son bilan est insuffisant, déjà. Compte tenu de la marge dont disposait le quadruple champion de France en titre sur la concurrence en Ligue 1 (19 points d’avance à la trêve l’an passé, 31 en fin de saison…), avoir un retard de sept points sur Nice à ce stade de la saison est inacceptable, même en tenant compte du départ de Zlatan Ibrahimovic. A cela, il faut ajouter la décevante deuxième place de Paris dans un groupe loin d'être inabordable en Ligue des champions. Et puis, il y a le jeu. Le PSG est défaillant dans tous les secteurs et le niveau collectif du club de la capitale est en nette régression. Ça fait beaucoup pour l'Espagnol.

Emery a besoin de temps, c'est une évidence, mais il ne semble pas forcément en mesure de l'exploiter pour faire progresser son équipe. Parce qu'il tergiverse dans son projet de jeu, entre sa volonté de mettre en place ses idées et la tentation de revenir à une stratégie proche de celle de Laurent Blanc pour maintenir ses joueurs dans leur zone de confort. Et, justement, parce qu'il n'arrive pas à imposer son autorité sur son vestiaire. Il y avait légitimement un doute sur la capacité d'Emery à gérer un effectif comme celui du PSG. Il est loin d'avoir été levé.

Emery, c'était un pari d'une direction parisienne dans l'urgence après une gestion catastrophique du cas Blanc, prolongé durant l'hiver avant d'être débarqué en fin de saison. L'Espagnol a gagné la Ligue Europa à trois reprises, mais son palmarès n'était pas en rapport avec les ambitions du PSG en Ligue des champions. Dans cette compétition, le jeune technicien basque n'a pas vraiment de vécu. Contrairement aux noms annoncés pour prendre éventuellement sa succession (Mancini, Capello, van Gaal…). Le remplacer par l'un d'entre eux n'est pas totalement dénué de sens.