Malgré un climat tendu, l'OM a-t-il la tête à l'endroit ?

"Aujourd'hui, il n'y a pas de catastrophe. On verra après le match de Rennes…" En vieux sage de la vie olympienne, Steve Mandanda ne tient pas à mettre de l'huile sur le feu. Pour le gardien marseillais, la gifle reçue à Monaco (6-1) il y a deux semaines est "une petite erreur de parcours". Pourtant, cette très large déconvenue a mis en lumière les carences d'un effectif appelé à jouer l'une des cinq premières places du championnat. Présents en nombre au stade Louis-II, les supporters n'ont guère apprécié de se voir humilié par le voisin monégasque. "On a vraiment mal vécu ce match, précise un des leaders d'un groupe de supporters du virage Sud. C'était comme si on se retrouvait six mois en arrière. Nos ambitions dans le jeu avaient complètement disparu. Et notre équipe apparaissait tellement faible… Finalement, cette gifle a réveillé nos dirigeants. Et ils ont accéléré leur mercato. Il était temps…"

Malgré les arrivées d'Aymen Abdennour et Kostas Mitroglou dans les dernières heures du mercato, la colère n'est pas retombée chez les fans marseillais. Et Jacques-Henri Eyraud a pu s'en rendre compte. Au cours d'une réunion avec les différents responsables de groupes de supporters durant la trêve internationale, le président olympien a fait face à cette remontée d'amertume du peuple marseillais. "C'était beaucoup tendu que la précédente réunion, raconte un témoin. Eyraud n'a pas apprécié les commentaires de certains qui ont critiqué son projet dans la presse." Plusieurs "capos" ont rétorqué devant le patron olympien qu'ils avaient été déçus du mercato. "On s'attendait à mieux, c'est vrai, confie l'un d'entre eux. Devant, on voulait un cador. Et on a eu Mitroglou…"

Dans ce climat plus crispé, l'OM n'a déjà plus le droit à l'erreur. C'est le sens du message des supporters à la direction olympienne. Celle-ci se défend d'avoir raté son marché des transferts. "Je suis satisfait des nouvelles recrues", explique ainsi Rudia Garcia. Le coach olympien affirme aussi toujours entretenir d'excellentes relations avec Andoni Zubizarreta. Le directeur sportif espagnol est pourtant pointé du doigt par certains pour son incapacité à avoir fait venir des "grands noms" cet été. A l'OM, on se justifie en argumentant que le marché des transferts a perdu la tête cet été. "Pour expliquer qu'ils n'ont pas pu faire venir certains joueurs, ils nous ont dit que les prix avaient explosé, raconte encore un supporter olympien. Mais on l'a bien vu ça ! Il faut qu'ils s'adaptent à ces évolutions et gardent de l'ambition !"

La crédibilité du projet "OM champion" commence à être mise à mal. Mais Steve Mandanda croit toujours à un avenir meilleur. "Quand on regarde le budget et le recrutement, on peut dire que l'OM a changé, martèle le portier olympien. Et mis à part notre défaite à Monaco, notre début de saison reste correct. On a déjà eu des périodes et des saisons compliquées à Marseille. Malgré tout ça, les supporters ont toujours été présents." Ce sera encore le cas pour la réception de Rennes, dimanche soir. Si quelques banderoles rappelant la curée monégasque pourraient fleurir en tribunes, les fans olympiens n'iront pas plus loin. Pas encore. Car ils comptent voir les nouvelles recrues à l'oeuvre avant de juger. Dimanche, Aymen Abdenour fera sa première apparition sous le maillot de l'OM. Il pourrait débuter avec Adil Rami. "Cette association m'inspire sérénité et sécurité", avance Mandanda. C'est précisément ce qui manque à Marseille après quinze jours à évoquer la fessée prise sur le Rocher.

Outre les débuts d'Abdennour, l'opposition face aux Rennais sera l'occasion de revoir Dimitri Payet, enfin remis de blessure. Elément fondateur du projet marseillais de Frank McCourt, l'ancien Lillois doit rassurer tous ses coéquipiers. "On est content de le retrouver, sourit Mandanda. Il doit nous apporter tout ce qu'il sait faire de bien. Et en plus, il prend son rôle de capitaine très à coeur. Avec ou sans lui, ce n'est pas la même chose…" Payet permettra notamment à l'OM d'être plus efficace sur les coups de pieds arrêtés offensifs. Ce sont précisément ces phases de jeu qui ont permis à Monaco de faire couler Marseille. "C'est plus facile de rectifier cinq buts encaissés sur coups de pieds arrêtés que cinq buts pris dans le jeu", estime Rudi Garcia. On verra face à Rennes si l'OM s'est vraiment remis la tête à l'endroit…