Conflit ASM/LFP: Monaco entre en guerre contre les instances

Le conflit entre la LFP et l’ASM se durcit. Ce n'est plus une querelle doctrinale, c'est désormais une opposition frontale, l'AS Monaco ayant décidé d'assigner la Ligue en justice contre son projet de texte visant à harmoniser les règles, notamment fiscales, entre le club de la Principauté et le reste du football professionnel français. Après avoir manqué l'accession en Ligue 1, à deux reprises (un nul à Sedan et une défaite contre Caen) en l’espace d’une semaine, le leader de Ligue 2 a affirmé dimanche via un communiqué publié sur son site officiel, qu’une requête pour le moins inhabituelle avait été formulée par Noël Le Graët, agissant pour le compte de la FFF et la LFP, vendredi lors d’une réunion avec la sphère dirigeante de l’ASM. Une requête si choquante qu'elle précipite la décision de Monaco d'affronter les instances du foot français devant les tribunaux.

Selon l’écrit, le président de la 3F aurait réclamé auprès du club monégasque une somme "compensatoire" de 200 millions d’euros, pour que la formation du Rocher ne soit pas obligée d’installer son siège en France d’ici au 1er juin 2014, comme prévu par la décision du conseil d’administration fin mars. "La position du club est très claire, l’ASM FC considère qu’une telle demande est totalement inacceptable, poursuit la direction asémiste dans le texte. Le club ne comprend pas ce manque de reconnaissance de la part des instances fédérales (...) La contre-productivité de la décision adoptée brutalement et sans concertation par les instances n’est pas à démontrer alors que le projet du club doit servir tout le football français et son développement futur". Dimanche à la mi-journée, Noël Le Graët et le service communication de la FFF restaient injoignables pour commenter ces graves accusations.

Pour la FFF, c'est Monaco qui a proposé un versement de 200 millions d'euros

Le propriétaire russe du club, Dmitry Rybolovlev, par la voix du club, fait part dans le même communiqué de sa décision d'intenter une action en justice, "afin d’obtenir un règlement judiciaire" mais aussi l'annulation en amont de la décision de la LFP. En guise de réponse, la 3F a publié à son tour un communiqué dans la journée. Elle rétorque que la proposition d'un versement de 200 millions d'euros serait venue du camp monégasque. "Conformément à la décision de son Comité exécutif du 18 avril dernier, la Fédération française de football avait décidé d'organiser une réunion entre la Fédération, la Ligue de football professionnel (LFP) et l'AS Monaco, a indiquéla FFF dans son texte. Des discussions préliminaires avaient été entamées avec des représentants de l'AS Monaco, discussions au cours desquelles le montant de 200 millions d'euros a été avancé par l'AS Monaco, selon un échéancier et des modalités à définir."

Des propos auxquels Jean-Louis Campora n'a pas tardé à réagir. Dans une déclaration transmise à l'AFP, le vice-président de l'ASM a affirmé que son club "n'a jamais fait de proposition financière ni à la FFF ni à la LFP". Il a ensuite précisé qu'il "n'a jamais été confirmé par le président, M. Dmitry Rybolovlev, qu'une réunion aurait lieu entre la FFF, la LFP et le club la semaine du 20 mai comme évoqué dans le communiqué de la Fédération." L'AS Monaco franchit donc un cap dans sa résistance au projet de règlement de la LFP qui, s'il voyait le jour, annulerait l'avantage fiscal dont bénéficie le club pour salarier des stars étrangères. Le Prince Albert II en personne avait, il y a quelques semaines, rappelé l’intention du club de la Principauté de "se battre". "La décision n’est pas définitive et il y a un appel en cours, assurait-il alors dans les colonnes du Parisien. Je crois qu’on a des arguments à faire valoir dans ce dossier. J’espère que tout va rentrer dans l’ordre rapidement, mais on ira jusqu’au bout." Dmitry Rybolovlev vient de le confirmer à sa façon.