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Zagreb la sulfureuse

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 08/12/2011 à 21:33 GMT+1

Si la large de victoire de Lyon à Zagreb mercredi (1-7) a suscité tant d'émotion, le pedrigree du club croate y est pour beaucoup. Dans un pays où la corruption reste un fléau, le Dinamo est géré de façon opaque et autocratique par un homme aussi puissant que contesté, Zdravko Mamic.

Dinamo Zagreb, 2011

Crédit: AFP

Vida le défenseur et Kelava le gardien ont aujourd'hui une notoriété très supérieure à celle qui devrait être la leur, pour des joueurs éliminés de la Ligue des champions. Un clin d’œil et un pouce levé à Gomis pour l'un au moment du but de la qualification, une apathie douteuse pour l'autre : ils sont célèbres partout en Europe désormais. Dans la presse néerlandaise de jeudi, on ressort une photo du même Vida datant d’il y a deux ans, alors qu’il évoluait à Osijek, et le montrant sortir d’une maison de paris sportifs. On exhibe également un document bancaire semblant démontrer l’existence d’un transfert de fonds de 2,5 millions d’euros de l’OL vers le Dinamo le 3 décembre dernier. A supposer que ce document soit authentique, la ficelle est de toute façon un peu grosse, puisqu'il s'agit vraisemblablement d’une traite du transfert de Dejan Lovren.
Face à "l'affaire Zagreb - Lyon", la presse croate se fait suiviste. Elle se contentait, jeudi, de reprendre les théories et "informations" de ses homologues étrangères. Cela est peut-être lié à la menace du Dinamo de poursuivre en justice quiconque continuerait de répandre l’hypothèse d’un match arrangé. Le Dinamo Zagreb : voilà sûrement le "problème" des Lyonnais, 24 heures après leur qualification pour les huitièmes de finale. Si les Gones avaient battu Rosenborg 7-1 dans les mêmes circonstances, personne n’aurait rien trouvé à redire, Yannick Noah ou pas. Mais le Dinamo a un passé et, même s'il a limogé son coach à la première heure de la matinée, comme pour souligner sa bonne foi, ce passé incite à une méfiance spontanée. Il y a un mois à peine, l’ancienne gloire Robert Kovac, qui a fini sa carrière au Dinamo, était entendu par l’Uskok, l’organisme croate de lutte contre la fraude et la corruption. Cette entrevue faisait suite à celle de Zoran Mamic, le directeur sportif du club. Ce même Zoran Mamic est d’ailleurs un habitué puisqu’il a été entendu au siège de l’UEFA en août 2010 dans le cadre d’une enquête internationale de matches truqués. A l’époque, le directeur exécutif du club, Zdravko Mamic, frère de Zoran, ainsi que la fédération croate, avaient indiqué que Zoran Mamic n’était qu'un témoin. En réalité, il est suspect.
Une curieuse agence de management
Le portail index.hr rappelle, dans un article intitulé "Mamic avait des raisons de se venger de l'Ajax" que le Dinamo avait été éliminé de la Ligue Europa en 2009 après que l'Ajax eut "balancé" son dernier match à domicile contre Anderlecht, permettant aux deux équipes de se qualifier aux dépens du Dinamo. Cela qui avait à l'époque provoqué la colère de Mamic, une colère alors tournée contre l'Ajax, Platini et l'UEFA, qualifiant le Dinamo "d'enfant non désiré de l'Europe". Ces dernières années, rappelle la presse, le Dinamo a été impliqué dans trois rencontres soupçonnées d’avoir été truquées. Deux rencontres de coupe d’Europe contre Arsenal et Timisoara, et la finale de la coupe de Croatie contre le Hajduk Split, grossièrement gagnée grâce notamment à deux penalties. C'est que le niveau de corruption en Croatie est élevé selon les classements de Transparency International, et il n’y a aucune raison qu’un milieu générant autant d’argent que le football y échappe. Il faut donc comprendre comment il fonctionne. Le président de la fédération de football, Vlatko Markovic, a été élu contre l’ancien joueur Igor Stimac avec le soutien (l’achat de voix?) de Zdravko Mamic. Quant à ce dernier, il est à la tête du Dinamo dans la mesure où le club possède le statut d’association publique. Il est donc géré par la municipalité de Zagreb. Or, le maire de Zagreb, Milan Bandic, est un proche de Mamic. Celui-ci a financé sa campagne. Mamic est donc tout puissant au sein de la fédération et du club puisque son frère en est le directeur sportif, et son fils contrôle l’agence de management sportif par laquelle tous les joueurs du Dinamo doivent passer lorsqu’ils signent avec le club.
picture

2011-2012 Champions League Dinamo Zagreb Jurcic

Crédit: dpa

Autrement dit, la famille Mamic ne dépense pas un sou dans le club puisqu’il est financé par les impôts des Zagrébois, mais ils touchent de grosses commissions chaque fois qu’un Lovren, Eduardo, Modric, bientôt Badelj, est vendu. Lorsqu’Eduardo est arrivé mineur en Croatie, Mamic lui a fait signer un contrat lui réservant 20% de tous ses revenus à vie. L’affaire est en cours. Récemment, l’Argentin Leandro Cufré, ancien de la Roma, a été viré du club parce qu’il n’avait pas signé ce type de document, et, pire encore, il saluait les supporters. Car si la fédération et la justice ferment les yeux sur les agissements de Mamic, les supporters du Dinamo, pas seulement les Bad Blue Boys, se sont réunis au sein du collectif Zajedno za Dinamo, qui vise à sensibiliser l’opinion sur l’état de décrépitude du club et d’y dénoncer, par des actions légales, la corruption. Entre eux et Mamic le tout puissant, la guerre dure depuis dix-huit mois maintenant. Par le biais d’un communiqué, ces derniers ne reprennent cependant pas l’idée d’un match truqué en l’absence de preuves. Mais ils appellent au départ de Mamic, avec cet argument brutal : le Dinamo est à ce jour la pire équipe de l’histoire de la Ligue des Champions.
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