Celtic - Juventus : Du cœur, des chants et du jeu aérien : Welcome to Glasgow !

Le kick and rush est un peu comme le rock and roll. On le croit souvent à l'agonie. Mais il ne meurt jamais. Quand l'un reprend son souffle grâce à un riff de guitare salvateur, l'autre retrouve des couleurs, porté par un digne représentant comme le Celtic Glasgow, huitième de finaliste de la Ligue des champions et tête de pont de cette britannicité désuète. Celle-là même qui fit la grandeur et la splendeur du foot insulaire durant le XXe siècle et qui a petit à petit disparu avec l'avènement de la Premier League anglaise et son ouverture au monde.

Au nord du mur d'Hadrien, le Celtic Glasgow n'a rien de l'anomalie qu'il est aujourd'hui dans le grand monde de la C1. Car en Ligue des champions où le modèle barcelonais est devenu roi, on réussit grâce à son talent plus qu'à son cœur. Du talent, les "Bhoys" en ont. Certes. Mais celui-ci n'est pas aussi gros que leur palpitant. S'ils se sont extirpés du premier tour de la Ligue des champions, en battant notamment le FC Barcelone (2-1) au terme d'une rencontre où les Vert et Blanc ont inlassablement couru derrière le ballon et plié sans jamais rompre, c'est grâce à cette propension au combat et cette résistance de tous les instants.

Durant le premier tour de la Ligue des champions, personne n'a moins frappé au but que le Celtic Glasgow (30 tirs). A part Cluj, aucune équipe n'a moins tenu le ballon (38% de possession) ni réussi moins de passes (55%) que les futurs champions d'Ecosse 2012/2013. Enfin, avec quatre buts inscrits de la tête, dont trois par Samaras (incertain), le Celtic est, à égalité avec Galatasaray, la formation la plus efficace dans le jeu aérien. Face à la Juventus Turin, pas de raison que cela change. Parce que Neil Lennon et ses joueurs, dans le Top 16 européen pour la première fois depuis cinq ans, ne savent pas faire autre chose. Et que la méthode est éprouvée. Tout simplement.

Mardi soir, le Celtic Glasgow, premier vainqueur britannique de la C1 (1967), ajoutera un ingrédient indispensable à la réussite du club : le Celtic Park. "Jouer à douze" prend tout son sens lorsque l'on porte les couleurs du Celtic et que l'on entend les chants de 60.000 supporters qui disputent à chaque rencontre de leur club le match de leur vie. "Tout le monde est excité, les supporters en particulier parce qu'ils attendent cela depuis quelques années", a confié Neil Lennon, manager du Celtic, dans les colonnes du Telegraph. "La foule pousse nos joueurs et intimide les autres équipes. Notre stade est à nouveau une forteresse et c'est ce que je voulais." Une forteresse qui n'a cédé que deux fois en 23 matches de C1. Les deux fois face au Barça (2004, 2008), qui est reparti bredouille cette année.

Et si le public ne suffit pas, Lennon et ses "Bhoys" s'en remettront aux coups de pied arrêtés. Ils ne seront peut-être pas nombreux. Mais sur chacun, Gigi Buffon peut d'ores et déjà s'attendre à en prendre plein la tête. Chaque sortie sera un combat. "Sur chaque phase arrêtée, avec notre qualité de passe et notre taille, nous sommes une menace pour n'importe quelle équipe", prévient Lennon. La Juventus, qui a toujours perdu à Glasgow, sait à quoi s'en tenir. La dernière fois, c'était en 2001. Lennon - qui était alors sur le terrain - et le Celtic l'avaient emporté 4-3 au terme d'une soirée mémorable. Quelques années plus tard, Pavel Nedved a concédé que les Turinois, déjà qualifiés, étaient sans doute arrivés en Ecosse la fleur au fusil. Une erreur que les Bianconeri ne réitéreront pas, mardi. C'est l'autre certitude de ce huitième de finale. La première ? Le kick and rush n'est pas encore totalement mort.