Football - Ligue des champions : Yohan Cabaye vit des moments difficiles au PSG

Depuis son arrivée à Paris en janvier dernier, Yohan Cabaye n’est plus le même joueur. Le milieu de terrain, incontesté en équipe de France, tarde à rendre la monnaie de sa pièce à Laurent Blanc, qui ne jurait que par lui chez les Bleus et a fait le forcing pour le faire signer au PSG. A 28 ans, l’ancien joueur de Newcastle devait passer un cap dans un top club européen. Mais dix mois après sa signature, le constat est amer. Si bien que la marche parait trop haute pour lui. Le natif de Tourcoing n’a plus disputé un match entier depuis la réception de Rennes, le 7 mai 2014. C’était lors de la 36e journée la saison dernière et le PSG avait perdu (1-2). L’enchainement des rencontres et les éventuels soucis d’infirmerie du club de la capitale devraient permettre au milieu de terrain d’avoir sa chance dans les prochaines semaines. Mais pour la saisir, il va devoir - enfin - prouver qu’il peut redevenir décisif. Cabaye n’a plus beaucoup de jokers dans sa manche.

Yohan Cabaye est le joueur box-to-box par excellence : il est capable de distribuer des caviars, possède une frappe de balle limpide et sait se transformer en machine à récupérer des ballons. Aux côtés de Blaise Matuidi, le Nordiste devait être le deuxième poumon du PSG. A Lille ou à Newcastle, Yohan Cabaye était l’un des éléments les plus décisifs de son équipe. Pas à Paris.

Mis à part Blaise Matuidi (148 matches au PSG, 17 buts, 9 passes décisives), aucun milieu de terrain à vocation défensive ne présentait une feuille de stat comme celle de Cabaye avant son retour en France. Mais à Paris, le Français ne veut pas se griller et cela se voit sur le terrain. Ses prises de risques sont trop minimalistes pour apporter le danger dans les défenses adverses. Il ne tente en moyenne qu’un tir et moins d’un dribble par match depuis le début de la saison. Trop peu quand Matuidi est toujours fort offensivement et que Verratti ne cesse de distribuer des cadeaux à ses attaquants.

Vendredi soir face à Lens, Yohan Cabaye a évolué au poste auquel il aspire à jouer plus souvent : en pointe basse du milieu de terrain à trois. Son poste en équipe de France depuis le barrage retour face à l’Ukraine. Malgré une grossière erreur sur le but lensois, le joueur a rendu l’une de ses plus belles copies avec Paris. Surtout grâce à une activité défensive supérieure à ses habitudes parisiennes.

Il suffit encore une fois de regarder ses statistiques pour se rendre compte que Cabaye est encore trop timide. A Lille, le joueur avait écopé de 56 cartons jaunes en 237 apparitions, 24 sur 93 matches joués avec Newcastle. A Paris ? Seulement 4 (!) en 30 rencontres. C’est vrai, Cabaye bénéficie de moins de temps de jeu. Mais au-delà de ça, l’international français joue constamment avec le frein à main. Il ne tente que deux tacles en moyenne et ne commet qu’une faute par match. Des chiffres à mettre en perspective avec le fait que Paris a souvent le ballon et les phases défensives sont beaucoup plus rares que celles de Newcastle ou Lille. Néanmoins, ses hésitations et sa retenue sont criantes. Le joueur le confessait lui-même dans une interview accordé à L'Equipe pendant la trêve internationale. "Je dois, justement, faire attention à ne pas être forcé, par les circonstances, à le changer (son style de jeu). Il y a un risque que j'en vienne à déjouer et à ne plus tenter de transversale ou une passe qui va couper les lignes. C'est possible… Mais, ces derniers temps, j'essaie de ne plus me poser de questions (...) J'essaie de me mettre dans cet état d'esprit, que je n'avais peut-être pas à mon arrivée au club."

Dans le nord de la France ou en Angleterre, l’équipe tournait autour de lui. Il dictait le jeu, le rythme à adopter et prenait la parole quand le scénario le demandait. A Paris, Cabaye se mélange à des joueurs d’expérience qui doivent faire le job et prendre le match à leur compte. Ce changement de statut demande forcément un temps d’adaptation pour un joueur qui découvre la concurrence exacerbée à 28 ans. Le Français doit apprendre à rester dans l’ombre des Verratti, Motta ou Matuidi. Au moins dans un premier temps. Il n’y a que de la sorte qu’il arrivera à gravir les échelons. Laurent Blanc n’attend que ça pour prouver qu’il ne s’est pas trompé dans son recrutement.