Pour le Real Madrid, c'est Berlin ou le chaos

Face à la Juventus Turin, le Real Madrid a déjà tout vu. Tout connu. Du haut de son incomparable histoire européenne, le club dirigé par Florentino Perez a passé quelques soirées difficiles face aux Bianconeri. D'autres plus douces. Dont une, inoubliable. C'était il y dix-sept ans à Amsterdam. Un but de Mijatovic avait remis le Real sur le toit de l'Europe, trente-deux ans après la dernière conquête continentale majeure des Madrilènes.

Aujourd'hui, le Real Madrid ne vise qu'une chose : garder une couronne reconquise de haute lutte l'an passé et réussir un doublé que personne n'a réalisé en Ligue des champions depuis l'AC Milan (1989 et 1990). Mais cet exploit d'un autre temps, quand la C1 s'appelait encore Coupe d'Europe des Clubs Champions, passe par un tour de force : sortir une Juventus dont l'opiniâtreté a mis à mal la machine madrilène à l'aller. Ça passe. Ou ça casse. Parce que derrière ces 90 minutes (ou plus), le Real Madrid se retrouvera au pied d'une montagne de promesses ou dans un puits sans fond.

Débordé par l'envie et l'implacable organisation de la Juventus Turin, le Real Madrid s'est pris les pieds dans le tapis à l'aller. Une défaite 2-1 qui a néanmoins un mérite : entretenir l'espoir d'une 14e  finale de C1, la 2e de suite. Les chiffres le disent : perdre 2-1 à l'aller en Ligue des champions offre 53% de chances au battu de passer au retour. Mais les chiffres disent aussi que les trois dernières fois que Madrid a croisé un club italien en demi-finale européenne, il y a laissé ses derniers espoirs (Milan 1989, Torino 1992 et… Juventus 2003).

Avec Benzema, qui est bon pour le service, le club merengue récupère une force vive qui a manqué au Real et à Ronaldo en particulier. Sans le Français, le Portugais n'est pas exactement le même. Il ne peut que l'accueillir à bras grands ouverts. Carlo Ancelotti aussi. "Karim n'est pas un attaquant classique. Il fait mieux jouer ses coéquipiers", a rappelé le "Mister", mardi. Car une saison blanche, la deuxième sur les trois derniers exercices, ferait tache sur le maillot blanc du Real.

Si le Real Madrid ne renverse pas la Vieille Dame, il ne pourra pas compter sur le FC Barcelone et la Liga pour rattraper le coup et terminer 2014/2015 sur la Plaza Cibeles. En championnat, les hommes de Carlo Ancelotti ont tout perdu samedi face à Valence (2-2). Quatre points de débours et deux journées, c'est évidemment rédhibitoire, même si le Barça doit encore se coltiner l'Atlético. En cas de faux pas à Vicente-Calderon, les Blaugrana auraient à conclure face à La Corogne. Bref, il ne faut pas que le Real compte trop sur la Liga pour redonner du lustre à sa fin de saison.

Une élimination face à la Juventus n'aurait qu'un mérite : ouvrir le chantier de la saison prochaine en avance. A Madrid, personne n'en a envie mais il ne pourrait en être autrement si la soirée de mercredi se terminait sur une fausse note. Quid de Casillas ? D'Ancelotti ? De Bale ? Ou même de Ronaldo ?

Bref, tout va bien… Tout ira peut-être mieux mercredi vers 22h30. Ou plus mal.