Real Madrid – Atlético : Antoine Griezmann, une croissance en 5 actes

27 juillet 2014. Antoine Griezmann signe pour six ans en faveur de l'Atlético Madrid. Le Français vient de passer cinq saisons au pays Basque avec la Real Sociedad.  Ses deux dernières ont été prolifiques : 31 buts et 10 passes décisives en 84 matches.

Sa progression ne passe pas inaperçue. Le champion d'Espagne n'hésite pas à mettre la main au portefeuille. L’Atletico Madrid paie les 30 millions d'euros réclamés par la Real Sociedad. Pour Griezmann, ce transfert chez le finaliste de la Ligue des champions est un tremplin. Le néo-international voit plus haut, plus loin. Mais l'apprentissage sera plus douloureux que prévu.

Ses premiers pas avec les Colchoneros sont prometteurs. Fin août, face au Real, sa passe décisive pour Mario Mandzukic offre la Supercoupe d'Espagne à l'Atlético (1-0, 1-1). Trois semaines plus tard, il débloque son compteur en Ligue des champions, face à l'Olympiakos (3-2). Mais Simeone est un entraîneur exigeant. Il attend tellement plus de son nouveau numéro 7. Et le fait savoir en des termes crus :

Dans le langage du technicien argentin, cela veut dire "se livrer davantage", "continuer à grandir". En somme, se muer en guerrier. En tueur des surfaces.

A Madrid, l'attaquant de 23 ans n'est plus cantonné à un côté. Il est repositionné dans l'axe. Pour y gagner en efficacité. Son entraîneur le "considère plus complet qu'un simple ailier".  Mais ça ne saute pas immédiatement aux yeux. Il attendra le 1er novembre 2014, face à Cordoue (4-2), pour, enfin, marquer en Liga. Le déclic ? Encore un peu de patience...  

La concurrence avec Mario Mandzukic, arrivé lui aussi durant l'été 2014, bat son plein. Griezmann ne l'a pas domptée. Entre les deux, Simeone tarde à trancher. Le déplacement à Bilbao va résoudre le casse-tête. Nous sommes le 21 décembre. Dernière journée de Liga avant la trêve. Griezmann est seul en pointe. Il plante trois fois. Un triplé, en moins d'une demi-heure chrono.

L'Atlético s'accroche au podium. Chez les Colchoneros, la hiérarchie offensive est bousculée. En un éclair, le natif de Macon vient de rejoindre Mandzukic et ses six réalisations. Pour Simeone, la tendance se mue en certitude : désormais, le titulaire en pointe, c'est Griezmann.

Les fêtes de Noël ne l'ont pas freiné. Pas plus que l'arrivée de Fernando Torres durant le mercato hivernal. Griezmann attaque 2015 pied au plancher. Le 3 janvier, il s'offre un doublé d'entrée, face à Levante (3-1). Mais c'est un mois plus tard qu'il se met définitivement le stade Vicente-Calderon dans la poche : sa sortie face au Real (4-0) est escortée par une salve d'applaudissements. Dix minutes plus tôt, Griezmann a scellé le sort du derby madrilène.

Son repositionnement dans l'axe est une réussite. L'intéressé lui-même le reconnaît mi-février, au micro de Téléfoot :

Griezmann n'est plus le même joueur. La mise à l'épreuve de Simeone a porté ses fruits. L'international aux 16 sélections enfile les buts comme des perles. Si bien que, le 7 avril, il égale ses seize réalisations de la saison précédentes… face à la Real Sociedad (2-0).

S'en suivent deux doublés, à Malaga (2-2) et à La Corogne (1-2), le week-end dernier.

Ses premiers mois madrilènes ont été laborieux. Mais en 2015, Antoine Griezmann s'est imposé comme LE finisseur qui manquait à l'Atlético. C'est surtout vrai en Liga, où seul le Barcelonais Lionel Messi fait mieux que ses 14 buts depuis janvier.

Mais ce rendement de haut vol n'atteint pas les mêmes sommets en sélection, avec laquelle il excelle davantage en joker. Ni sur la scène européenne. Jusqu'ici, Griezmann n'a marqué que deux fois en huit rencontres de Ligue des champions. Mercredi soir, le quart de finale retour au Bernabeu, chez le voisin du Real, lui offrira une occasion de briller. De confirmer ce qu'il démontre à chaque journée de Liga : l'Atlético en a fait un buteur. Un vrai.