Atlético - Barça (2-0) - L'antisèche : Le trou d’air de Messi n’est pas le seul problème du Barça

Pour court-circuiter le champion en titre, l'Atlético a mis en place le même schéma tactique que la semaine passée. Avec le temps, tout le monde commence à connaitre la recette. A savoir un pressing de tous les instants, une maitrise tactique chirurgicale et une capacité à faire déjouer n'importe qui. Même ce Barça, avec sa MSN, n'a pas trouvé la réponse juste pour inverser le rapport de force. Et à 11 contre 11, les Colchoneros ont étouffé des Catalans trop gênés par le pressing pour assurer une première relance digne de ce nom. Malgré une possession de balle largement à son avantage, le Barça s'est réveillé à une demi-heure de la fin en s'offrant quelques situations. Un réveil trop tardif qui a fini par amener le second but des Madrilènes.

Au-delà de l'aspect individuel, c'est surtout le collectif infaillible des Colchoneros qui doit être mis (une fois de plus) en avant. Solidarité, pugnacité, combativité et réalisme, mais il faut aussi une touche de talent individuel pour faire baculer un destin commun. Dans ce rôle, Antoine Griezmann a été parfait. Une tête victorieuse avant la pause, un penalty plein de sang froid dans les dernières minutes pour assoir la qualification, le Français s'est offert une soirée de rêve. Au milieu, Saul Niguez a été phénoménal. A la récupération, dans le pressing et dans le don de soi, le milieu espagnol a été parfait. Surtout techniquement. Sa passe décisive sur le premier but, un amour d'extérieur du gauche, en témoigne.

A noter les performances majuscules de Diego Godin et Filipe Luis derrière. L'un à contrôler Suarez, l'autre Messi. Des monstres défensifs. Côté Barça, il n'y aura pas beaucoup de points positifs à retenir, à part Javier Mascherano. La plus grosse déception est à mettre au crédit de Lionel Messi. Très discret et éteint par Filipe Luis, l'Argentin n'avait pas enfilé son costume de sauveur. Idem pour Neymar, nerveux et trop brouillon. Sans une Pulga hyperactive, le champion en titre s'est retrouvé à court de solutions.

92e minute : le Barça vient d'encaisser un second but d'Antoine Griezmann et se jette à l'abordage pour tenter de marquer un but synonyme de prolongation. Aux abords de la surface, Gabi contre avec sa main un centre d'Iniesta. Le capitaine de l'Atlético effectue son geste dans la surface. C'est limite, mais l'arbitre aurait pu siffler penalty au lieu d'un coup franc… que Messi a envoyé au-dessus de la barre.

C'est probablement la statistique la plus parlante de ce quart de finale retour. Durant les 45 premières minutes, les joueurs du Barça ont vu la surface madrilène de loin. Ils n'ont touché qu'un ballon dans la surface des Colchoneros en première période. Un chiffre ahurissant qui montre à quel point les Catalans ont déjoué.

Il n'aura fallu que dix jours au Barça pour perdre des certitudes qui semblaient inébranlables. La gifle lors du Clasico n'était donc pas un épiphénomène ni le surprenant revers à la Sociedad. Du balbutiement insoupçonné à la perte de la couronne continentale en un temps record. Le Barca vient d'encaisser une série de coups qui l'a envoyé au tapis. Reste à savoir si le Barça réussira à se relever.

Evidemment, peu de personnes en doute, car le Barça, c'est le Barça. Les équipes de champions ont de l'orgueil et finissent toujours par redresser le menton. Il faudra retrouver ce FC Barcelone qui existait avant la dernière trêve internationale. Celui qui martyrisait et écrasait ses adversaires nationaux et continentaux de tout son poids. Aujourd'hui, ce Barça-là est porté disparu. Comme Lionel Messi. Depuis trois matches, la Pulga est à côté de la plaque. Contre l'Atlético, l'Argentin n'a absolument pas pesé sur les débats. Incapable d'accélérer ou d'orienter le jeu, il a trainé son spleen sur la pelouse du Calderon.

Le manque de réussite de Messi est un problème. Mais ce n'est pas le seul. Le duel face aux Madrilènes a mis en lumière des problèmes dans tous les secteurs de jeu. En défense avec des relances approximatives, au milieu avec des joueurs moins mordants et une attaque qui souffre de la méforme de son génie. Même pour le Barça, c'est trop. Son parcours européen s'est terminé par une sortie de route qui va laisser des traces. Mais il reste encore une Coupe du Roi et une Liga à défendre. Luis Enrique a du boulot devant lui.