L'antisèche : Avec ce Falcao-là, Monaco peut voir venir

Monaco le savait, la victoire était impérative face à l'équipe la plus faible du groupe pour faire un pas vers les huitièmes de finale. Après le nul arraché il y a deux semaines en Russie (1-1), les trois points apparaissaient loin d'être acquis. Mais ce mercredi soir, l'ASM a réalisé un match plein en dominant de la tête et des épaules un CSKA Moscou totalement dépassé dans tous les secteurs. Et ce, dès l'entame de la partie. Le club de la principauté a joué sur un rythme beaucoup plus élevé que son adversaire et a dicté sa loi avec autorité. Et c'est donc en toute logique qu'il a pris les devants au score grâce à son duo d'attaquants. Valère Germain a été le premier à se mettre en évidence, avant que Radamel Falcao, particulièrement en vue, ne donne plus d'ampleur au score.

Et lorsque Monaco a failli craquer, c'est uniquement parce que le club de Leonardo Jardim a fait preuve de suffisance. En témoigne cette relance ratée de Danijel Subasic peu après le premier quart d'heure qui aurait pu permettre à Zoran Tosic d'égaliser. Mais il y avait trop d'écart entre les deux clubs sur la pelouse de Louis-II pour que le succès échappe à la formation de L1. Le CSKA Moscou aurait d'ailleurs pu voir ses filets trembler deux ou trois fois de plus sans que les hommes de Leonid Sloutski ne puissent crier au scandale. Mais les Asémistes ont mal négocié plusieurs contres, notamment en seconde période.

En dehors des buteurs, plusieurs Monégasques ont crevé l'écran. A commencer par Benjamin Mendy, qui est passé un nombre incalculable de fois sur le côté gauche et a délivré plusieurs centres dangereux que la défense moscovite a eu toutes les peines du monde à négocier. C'est d'ailleurs après l'un de ses débordements que Radamel Falcao a inscrit le deuxième but de l'ASM. Fidèle à son début de saison, Tiémoué Bakayoko a lui aussi brillé, mais dans un autre rôle. A la récupération, le milieu a été absolument intraitable. Par son placement et sa capacité à imposer son physique pour gratter des ballons dans les pieds de ses adversaires, il a fait un bien fou aux siens et a été à l'origine de plusieurs offensives de Monaco.

A l'inverse, la défense du CSKA a, elle, montré toute l'étendue de ses carences. Bousculée dans l'impact, débordée sur les côtés, déstabilisée par les combinaisons des éléments offensifs très vifs de l'ASM, elle n'a cessé de rompre et d'offrir des opportunités aux hôtes de la partie. La paire axiale Berezoutski - Ignashevitch, 71 ans à eux deux, est apparue en grande détresse. Quant à Pontus Wernbloom, il se souviendra quelque temps de l'enchaînement de Falcao l'ayant mis dans le vent sur le troisième but monégasque.

C'était l'une des belles promesses que laissait entrevoir l'effectif de Monaco avant le début de saison. Après deux années passées à écumer les bancs de Premier League avec Manchester United et Chelsea, Radamel Falcao allait retrouver le club qui l'avait arraché à l'Atlético contre 60 millions d'euros en juin 2013. Mais l'international colombien a connu une fin d'été compliquée à cause de deux séjours à l'infirmerie. L'un pour une blessure à la cuisse, l'autre pour une commotion cérébrale. Auteur de deux buts en L1 en 5 apparitions, l'attaquant de l'ASM avait besoin de prouver sa valeur au plus haut niveau. Contre le CSKA, il l'a fait, avec la manière.

En retrouvant le chemin du but en C1 déjà, six ans après sa dernière réalisation. Il a d'abord conclu avec sang-froid un contre limpide mené sur la gauche par Benjamin Mendy. Puis, après un échange intéressant avec Valère Germain, il a réalisé un contrôle de classe pour s'emmener le ballon et éliminer Pontus Wernbloom avant de terminer le travail d'une frappe du gauche parfaitement placée. Mais au-delà de ces deux réalisations, ce sont les déplacements du Colombien qu'il faut retenir. Il a retrouvé ce talent pour se démarquer qu'il a montré tout au long de sa carrière. A tel point qu'il semblait littéralement aimanter tous les centres de ses partenaires.

Radamel Falcao attendait ça depuis 2450 jours. Soit six ans et demi. Une éternité à l'échelle de la carrière d'un footballeur. En marquant le deuxième but monégasque contre le CSKA Moscou, le Colombien a mis fin à une incroyable période de disette en Ligue des champions. Sa dernière réalisation dans la compétition datait du 17 février 2010. Il évoluait à l'époque du côté de Porto. Ce soir-là, l'attaquant avait donné la victoire au club portugais contre Arsenal (2-1).

Monaco a prouvé depuis le début de la saison que son point fort résidait dans son animation offensive. Une tendance qui s'est une nouvelle fois confirmée contre le CSKA Moscou. Le club russe n'a jamais réussi à juguler les montées de Benjamin Mendy et Djibril Sidibé. Il n'a pas non plus su comment arrêter les envolées techniques de Thomas Lemar et Bernardo Silva.

Des joueurs qui avaient déjà montré leur talent depuis fin juillet. Ce qui est nouveau pour Monaco, c'est que le club dispose enfin de son onze-type avec le retour de Radamel Falcao. Un apport qui décuple encore la force de frappe de l'ASM. Sa complémentarité avec Valère Germain semble évidente. Une entente qui sied parfaitement à l'inamovible 4-4-2 de Leonardo Jardim. Si le Colombien parvient à tenir le coup sur le plan physique et à démontrer, comme mercredi, qu'il n'a rien perdu de son instinct de buteur, Monaco sera un adversaire particulièrement délicat à manœuvrer dans les matches à élimination directe.

Alors certes, la Ligue des champions reste une compétition particulièrement relevée. Et en cas de qualification - un match nul suffit lors des deux dernières rencontres -, Monaco devra certainement affronter un club de taille. Mais à défaut de pouvoir espérer jouer les premiers rôles en C1, le club de la principauté a le potentiel pour semer le trouble chez plus d'un adversaire.