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Rendons à Allegri ce qui appartient à Allegri

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 02/06/2017 à 16:20 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS - Parce qu’il ne crève pas l’écran médiatiquement et qu’il propose un football finalement assez ordinaire, l’entraineur italien est rarement cité comme un des hommes-clé de cette Juve, et pourtant.

Massimiliano Allegri, Juventus, 2016-17 (Getty Images)

Crédit: Getty Images

Inclassable. Pas parce qu’il est trop fort pour apparaître dans un hypothétique classement des meilleurs entraîneurs de la planète, non, juste qu’on aime bien ranger les coaches dans des cases. Il y a les génies tactiques à la Guardiola ou Bielsa, les hargneux à la Conte et Simeone, les gestionnaires à la Ancelotti, les self made men à la Sampaoli ou Sarri, les icônes à la Mourinho. Or, difficile de joindre Allegri à l’un de ceux-là. Tant mieux, car cela veut probablement dire qu’il est devenu le nec plus ultra dans sa profession aujourd’hui. Cette Vieille Dame à qui il offre déjà la deuxième possibilité en trois ans de gagner tout ce qui est possible n’est pas la Juve de la BBC, de Dybala ou de Buffon. Non, c’est la Juve de Max Allegri.
L’Allegrisation de la Juve
Avoir trouvé sa place au sein de l’institution Juve est un aspect qui ne doit pas être négligé. Les résultats aident certes, et d’ailleurs, en ce sens, il rappelle un certain Marcello Lippi qui n’avait aucune attache avec la maison blanche et noire à son arrivée en 1994 et succédait à un mythe tel que Giovanni Trapattoni. La tâche d’Allegri a été encore plus ardue, lui provenait de l'AC Milan qu’il avait guidé pendant trois ans et demi et avec lequel il fut l’antagoniste du premier scudetto remporté par la Juve de Conte. Ce dernier fut donc son prédécesseur et avait su réinjecter l’historique ADN du club. Il en était le garant des valeurs et avait une relation fusionnelle pour ne pas dire charnelle avec une équipe dont il avait été joueur et capitaine.
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Massimiliano Allegri, Juventus, Champions League 2016-17 (Getty Images)

Crédit: Getty Images

L’opposé d’Allegri. Cette situation, il l’a payée à son arrivée, mais il a su progressivement la tourner à son avantage car, comme au Milan, Max a absorbé le positif de son environnement de travail, s'est camouflé sans pour autant usurper son identité. Il impose son style en finesse, sans brusquer les choses. C’est une approche équilibrée, raisonnée. Cette soif de vaincre si cher à la Vieille Dame, il l'a entretenue tout en préservant l’énergie mentale quand un Conte harcelait ses hommes jusqu’à leur foutre la nausée. Une gestion plus soft, mais non moins efficace qui a permis à la Juve d’être enfin compétitive sur tous les fronts.

Chantre de la flexibilité

"Le bon est entraineur est celui qui fait le moins de dégâts", aime à répéter Allegri qui n’est pas un homme de convictions tactiques, ou plutôt ne l’est plus. Le 4-3-1-2 avec "obligation" d’utiliser un trequartista moderne (à la Boateng ou Vidal), disposition qui lui avait d’ailleurs consenti d’atteindre la finale il y a deux ans, a été progressivement abandonné. Cette saison, il a pratiquement tout essayé et incarne parfaitement l’école italienne et sa flexibilité enseignée dans l'amphithéâtre de Coverciano. On a beaucoup parlé du passage en 4-2-3-1 comme tournant de la saison, les 5 fantastiques alignés tous ensemble au coup d’envoi (Pjanic, Mandzukic, Higuain, Cuadrado et Dybala). Allegri est déjà passé à autre chose. Out l’ailier colombien, in Barzagli afin de reconstituer la fameuse BBC mais dans une version remastérisée.
Une défense à trois et demi, le défenseur italien occupant bien le poste d’arrière droit mais en dépassant rarement la ligne médiane. Alves lui est remonté d’un cran, une position où il peut combiner régulièrement avec Dybala et déstabiliser plus facilement les défenses adverses. Le Brésilien a quasiment éliminé Monaco tout seul. Sur les quatre buts marqués, il en a marqué un, effectué deux passes décisives et provoqué le quatrième. C’est dans cette composition que la Juve devrait se présenter face au Real Madrid. Pas l’invention du siècle, mais le fruit du bon sens.

Juve, stop ou encore ?

Un pragmatisme qui lui a permis de mettre les joueurs dans sa poche, cela n’a pas évité les tensions avec certains éléments qui savent toutefois reconnaître la lucidité de leur entraîneur. De quoi se faire également écouter par la direction. Au Milan, on en avait fait un "yesman", c’est le contexte qui s’y prêtait, gare à celui qui contredit Berlusconi. A la Juve, les postes sont respectés, et Allegri s’y est épanoui à 100%. Jamais dans l’excès que ce soit en cas de mauvaise passe ou de période de forme, avec ce détachement très caractéristique des gars de son coin. Attention, ce n’est pas un "je-m'en-foutiste", mais il sait prendre le recul nécessaire pour relâcher la pression, et ce, sans coup bas.
De quoi lui permettre en théorie de prétendre à une certaine longévité sur le même banc de touche et pourtant des doutes continuent d’englober son avenir. La tentation de finir en haut de l’affiche à la manière d’un Mourinho en 2010 est forte. Bon, le Portugais avait exagéré, s’engouffrant dans la limousine de Florentino Perez plutôt que d’aller faire la fête toute la nuit à San Siro avec le peuple interiste. Mais Max pourrait décider de s’arrêter là, son éventuelle prolongation de contrat (qui court jusqu’en 2018) a été repoussée de quelques jours. Ça tombe bien, on a envie de le voir à l’œuvre sur un banc de touche hors d’Italie même si les postes principaux sont occupés. Quoique, il paraît que le PSG n’est pas totalement satisfait par Unai Emery. Ça pourrait être une idée non ?
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