Ligue Europa (16e de finale retour) - Guingamp : le président Desplat, enfin en pleine lumière

Bertrand Desplat est sorti de l'anonymat. Longtemps dans l'ombre tutélaire de Noël Le Graët, son beau-père et président "historique" de l'En-Avant de Guingamp, il est enfin reconnu à la tête du club breton, grâce à la belle saison de son équipe. Son élection en juin 2011 n'avait pourtant pas fait grand bruit, et pour cause. Les Bretons n'étaient alors qu'un club de National accédant à la Ligue 2, et "l'événement" était surtout que Le Graët passait la main après près de trente ans de présidence - 1972-1991 puis 2002-2011 -, pour diriger la Fédération française de football. Natif du Pas-de-Calais et ancien supporter du RC Lens, Desplat (44 ans), qui occupe de hautes fonctions dans l'entreprise agroalimentaire Le Graët, s'est investi au sein de l'En-Avant dès 2002, d'abord directeur général puis directeur sportif, avant d'en prendre les rênes.

Aussi ne s'est-il jamais vraiment formalisé des soupçons désobligeants de népotisme. "Être le fils de ou le gendre de, ça ne compte pas. Ce qui compte c'est son propre parcours, c'est aussi la légitimité qu'on arrive à aller chercher avec ses propres résultats", avait-il déclaré en octobre. Une légitimité aujourd'hui incontestée avec le retour en Ligue 1 en 2013, une victoire en Coupe de France en 2014 et, cette année, la saison la plus aboutie de l'histoire du club breton. Solidement installé dans la première moitié du classement en championnat, Guingamp a un quart de finale de Coupe de France à disputer contre Concarneau pour conserver son trophée et une chance mince, mais réelle, de se qualifier pour les huitièmes de finale de la Ligue Europa contre le Dynamo Kiev jeudi (19h00).

Moins grande gueule que Jean-Michel Aulas (Lyon), moins truculent que Louis Nicollin (Montpellier), le président Desplat se décrit lui-même comme "un animal à sang-froid"."On n'attend pas d'un président qu'il fasse le pitre où que ce soit. Un président doit avoir une hauteur de vue sur son club", explique-t-il. Ce qui ne l'empêche nullement de savoir hausser le ton quand il le faut, comme lorsque son club avait touché le fond en championnat début décembre, après une défaite 2-0 à Evian. "La situation est mal engagée. Notre village d'irréductibles bretons est assiégé par les légions romaines. Il est l'heure de sonner la révolte et de trouver les ingrédients de la fameuse potion magique", avait-il exhorté, usant à dessein des clichés ressassés à longueur de reportages sur son club. Intervention gagnante, puisque le lendemain, ses joueurs atomisaient Caen (5-1) pour entamer leur folle remontée.

Desplat ne s'immisce pourtant jamais dans le domaine sportif. Formé à l'école de commerce Sup de Co Brest et passé par la multinationale américaine Procter & Gamble (produits d'hygiène et de santé), il se revendique gestionnaire financier, laissant le rectangle vert à Jocelyn Gourvennec. "J'ai beaucoup d'estime pour mon entraîneur, pour la fonction qu'il représente mais aussi pour l'homme (...) On travaille ensemble dans une relation de confiance, mais chacun est à sa place", détaille-t-il au sujet de son technicien. Une relation symbiotique qui a tiré le meilleur d'un club aux moyens limités, mais dont la durée est la grande inconnue des mois à venir. Gourvennec, sous contrat jusqu'en 2017, sera vraisemblablement très courtisé cet été, et le retenir extrêmement compliqué. Un éventuel départ serait une épreuve du feu pour le président Desplat.