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Ligue Europa - OL-AS Rome : Spalletti mériterait un banc encore plus prestigieux

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 08/03/2017 à 18:33 GMT+1

LIGUE EUROPA - Luciano Spalletti réalise un quasi sans-faute depuis son retour à la Roma, qui se déplace à Lyon jeudi (21h05), en 8e de finale aller. Mais son contrat touche à son terme et son avenir dans la capitale est incertain. Se profile ainsi l’occasion d’intégrer un club à la hauteur de son talent. Et il serait temps.

Luciano Spalletti

Crédit: AFP

Chers tifosi de la Roma, ne vous méprenez pas, votre équipe est la deuxième force italienne depuis trois saisons et la diriger est l’occasion d’ajouter une très belle ligne à un CV de coach. Mais là n’est pas la question. Faits à l’appui, Luciano Spalletti est un des entraineurs les plus complets du panorama footballistique mondial et…le fait qu’il n’ait pas encore eu l’opportunité d’officier dans un des 10 Top clubs européens à 58 ans (il vient d’ailleurs de les fêter) est une anomalie.
Le Toscan mériterait d’intégrer ce club fermé des techniciens qui passent d’un banc prestigieux à l’autre, les Conte, Ancelotti, Guardiola, Mourinho, Klopp et consorts. J’ai beau me creuser, je ne lui trouve pas de points faibles, en tout cas rien de rédhibitoire afin d’aspirer à ce statut de Top coach. Et pour ceux qui ne seraient pas convaincus...

Spalletti le tacticien

Bon, c’est une équation très stéréotypée : entraineur + passeport italien = stratège, mais c’est vraiment le cas. Il incarne à la perfection la flexibilité tactique enseignée à l’école de Coverciano. Spalletti n’est pas un "intégriste" et maîtrise tous les schémas de jeu voire en invente. On se souvient tous de son 4-2-3-1 lors de son premier passage à la Roma, Simone Perrotta m’en avait récemment parlé pour So Foot :
"Cassano était exclu du groupe et Nonda et Montella blessés, il ne restait que Totti. Spalletti m'annonce que je jouerai milieu offensif axial. Je l’ai regardé stupéfié et lui ai dit que c’était le poste de Totti. Il me répond : 'Lui joue devant et toi derrière lui, interprète ce poste avec tes caractéristiques.' Je devais aider l’équipe sans le ballon et m’insérer dans les espaces en phase de possession lorsque Totti descendait. Francesco réussissait parfaitement à interpréter ce rôle atypique de faux neuf. Avec Mancini et Taddei sur les côtés, nous ne donnions aucun point de repère à nos adversaires. C’est une tactique qui a été beaucoup copiée ensuite."
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Francesco Totti et Simone Perrotta en 2008, durant le premier passage de Luciano Spalletti à la Roma

Crédit: Panoramic

Un coup de génie, le "falso nueve" avant l'heure catalane. Or, identifier Spalletti uniquement à cette tactique est réducteur. A l’Udinese, il avait opté pour la défense à 3, aujourd’hui, il a choisi celle à 3 et demi avec un latéral qui coulisse selon si ses coéquipiers ont la balle ou pas. Sous ses ordres, un joueur apprend à dominer phase défensive et offensive et à interpréter plusieurs postes. L’équilibre n’est jamais négligé, ni la qualité du jeu, le tout donne un très bon compromis.

Spalletti le communicateur

C’est ce qui me fascine le plus chez ce bonhomme. Difficile de résister à son "charme". Un peu provocateur sur les bords mais juste ce qu’il faut, sans excéder. Adepte de l’ironie et du second degré afin de dédramatiser des situations qui n’ont aucune raison de l’être. Toujours lucide et critique envers son travail et l’environnement particulier dans lequel il l’exerce. Jamais à la recherche d’excuses faciles ou d’alibis pour justifier des contre-performances.
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Luciano Spalletti, l'entraîneur de la Roma, en conférence de presse

Crédit: Panoramic

Capable de garder son sang-froid, prendre du recul et de la hauteur avec ce sourire narquois qui le caractérise. Difficile de le déstabiliser. Spalletti n’est pas un bon client pour tous les médias, ceux à la recherche de déclarations tapageuses à imprimer en gros caractères en Une seront déçus, en revanche, ceux friands de références culturelles, de bons mots, seront comblés. Joueur, subtil, respectueux. Son retour dans le football italien après plus de 7 ans d’absence a été un véritable vent de fraîcheur.

Spalletti le gestionnaire

Afin de compléter sa (s)palette, et un aspect de plus en plus crucial pour les entraineurs. Et de la gestion de vestiaire et d’égos, Spalletti n’a pas arrêté d’en faire lors de cette seconde expérience giallorossa. C’est lui qui a l’ingrate tâche de gérer la fin de carrière de Francesco Totti, et c’est allé jusqu’au clash il y a un an lorsque le légendaire capitaine a livré ses états d’âmes dans une interview non-autorisée à un moment où son équipe avait le vent en poupe.
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Luciano Spalletti et Francesco Totti

Crédit: Panoramic

Le Toscan n’a pas hésité une seconde, exclusion des convoqués et explications. Résultat, touché dans son orgueil, Totti est devenu un redoutable joker à utiliser en cours de match pour assommer des adversaires fatigués, tandis que - parallèlement - Dzeko a pu retrouver confiance en ses moyens. Dans le but de sauver les meubles du capitaine, les détracteurs de Spalletti ont fait passer cela pour une crise d’autoritarisme. Sournoise inversion des rôles, car le bon Luciano n’a fait que son travail.

Spalletti le gagnant

Alors tout ça c’est bien beau, mais quid de la finalité ultime, à savoir les trophées ? Demande légitime, mais qu’on se le dise, son palmarès est en parfaite adéquation avec les clubs qu'il a entrainés. 7 trophées nationaux conquis entre le Zenit Saint Pétersbourg et la Roma sans oublier une multitude d’accessits et notamment 4 places de dauphins en championnat.
Manque une vraie belle performance sur la scène européenne, c’est vrai, néanmoins, les deux quarts et les deux huitièmes de Ligue des champions atteints respectivement avec les Romains et les Russes, méritent d'être cités. En outre, en Italie, ses pairs l’ont reconnu trois fois de suite meilleur technicien de la Botte, c’était de 2005 à 2007. Enfin, depuis 2002 et son second passage à l’Udinese, il a gagné 54 % de ses matches.

Spalletti le juventino ou l’anglais ?

Il a lié sa permanence à Rome à la victoire d’un trophée cette saison, c’est compromis pour le scudetto et la coupe nationale, et l’Europa League est trop aléatoire. S’il dit vrai, on peut donc commencer à réfléchir à son prochain club, d’autant qu’un jeu des bancs musicaux est à prévoir cet été. Des postes de travail seront à pourvoir à Barcelone, probablement à Arsenal, peut-être à l’Inter et à la Juve.
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Luciano Spalletti et Massimiliano Allegri lors de Juve-Roma, le 24 janvier 2016

Crédit: AFP

Prendre la succession d’Allegri à la Vieille Dame est une éventualité aussi risquée que suggestive. Atterrir en Angleterre lui permettrait d’acquérir cette dimension internationale qu’il mérite et qui lui a échappé en 2008. En effet, dans son autobiographie, Carlo Ancelotti avait révélé qu’il était en concurrence avec Spalletti pour être embauché à Chelsea. Depuis, Grant, Villas Boas, Rodgers, Hodgson, Dalglish, Moyes, Martino, Del Neri ou Leonardo pour ne citer qu’eux, se sont assis sur les bancs des plus prestigieux clubs d’Europe, mais pas lui. Alors, convaincus ?
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