Henry, le guide

Comme une évidence. Auteur d'un doublé, Thierry Henry a, une nouvelle fois, démontré face à la Tunisie qu'il demeurait indiscutable en équipe de France. Dans l'axe ou sur le côté gauche de l'attaque tricolore, il reste, à 31 ans, l'arme fatale des Bleus offensivement. Face à la Serbie (2-1) ou lors des éliminatoires à l'Euro contre la Lituanie (2-0), le Barcelonais est de toutes les révoltes, de toutes les campagnes. Les saisons passent, les candidats à sa succession se pressent aux portes de la sélection mais, après 107 sélections, Henry s'est forgé un statut de joueur irremplaçable et personne ne semble encore en mesure de contester sérieusement son hégémonie.

Karim Benzema, successeur attendu, manque encore de régularité avec l'équipe de France. Son talent est indéniable, il lui reste à acquérir le bagage nécessaire pour s'imposer comme une valeur sûre des Bleus. En attendant son couronnement, Henry reste le maître à bord. En témoigne sa détermination face à la Tunisie. La France, apathique en début de match, s'en est remise à la hargne de son capitaine qui lui a montré la voie d'une percée pleine de conviction ponctuée d'une frappe puissante en pleine lucarne. Imparable.

Son deuxième but, plein d'opportunisme, est celui d'un renard des surfaces, un registre auquel il n'est pas habitué. Mais avec 48 buts au compteur chez les Bleus, force est de constater qu'Henry reste un buteur hors pair. "C'est l'un des meilleurs attaquants du monde", reprenaient en coeur Gaël Clichy et Florent Sinama-Pongolle dans les couloirs du Stade de France. Et le latéral droit d'Arsenal d'ajouter : "Il nous sort encore un grand match et je ne suis pas surpris. Il reste un attaquant hors norme. Je ne sais pas comment Barcelone arrive à se passer de lui."

Paradoxalement, face à la Roumanie comme face à la Tunisie, c'est côté gauche que l'ancien Gunner a marqué les esprits. Il s'épanouit aujourd'hui à un poste qui le bridait hier. A Barcelone notamment où il a mal vécu son exil sur l'aile gauche même. "Je n'ai jamais dit que je n'aimais pas jouer à gauche, j'ai dit que je préférais l'axe", s'explique-t-il désormais. Cette fois, l'efficacité est au rendez-vous puisqu'il vient d'inscrire quatre buts lors de ses quatre dernières sorties, toutes compétitions confondues. En Catalogne, il n'a certes toujours pas convaincu mais cela n'influe en rien sur son rendement avec la sélection nationale. Sur comme en dehors du terrain où il s'investi sans relâche.

Dernier rescapé, avec Patrick Vieira, de la génération 98, il est l'un des piliers du vestiaire, l'un de ses tauliers indispensables dans la bonne marche d'un groupe. "Titi est un cadre qui a facilité mon intégration", témoigne Sinama-Pongolle. Et Clichy trace le même sillon : "Quand on a son expérience, il apporte beaucoup au groupe. A son contact, on apprend tous les jours." Lien entre les générations, Henry a un rôle bien au-delà de ce qu'il donne à voir sous le maillot bleu. C'est dire son importance pour le futur de l'équipe de France.