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Serial-buteur à Madrid, Benzema n'a pas marqué en Bleu depuis un an : décryptage d'un décalage

Gil Baudu

Mis à jour 07/10/2015 à 13:55 GMT+2

ÉQUIPE DE FRANCE - Depuis le début de saison, Karim Benzema traverse une période faste avec le Real. Qui tranche avec son mutisme en sélection. Analyse d'une tendance qui ne date pas d'hier.

Karim Benzema en équipe de France et avec le Real Madrid.

Crédit: Eurosport

Didier Deschamps dit de lui qu’il "n'est pas un renard des surfaces". N’en déplaise au sélectionneur des Bleus, Karim Benzema est pourtant bien un buteur. Problème pour l’équipe de France : il l’est avec le Real Madrid. Son début de saison, canon, ne fait qu’enfoncer le clou. Six buts en autant de journées de Liga, cela fait de l’ancien Lyonnais la plus fine gâchette d’Espagne. Devant son coéquipier Cristiano Ronaldo, qui n’a inscrit "que" 5 buts en 7 matches.
Dans le même temps, Benzema traîne une inefficacité tenace en sélection. Une seule réalisation en 12 matches. Et elle date. Le mutisme international du Madrilène dure depuis le 11 octobre 2014, face au Portugal (2-1). De là à en déduire que Benzema perd tout sens du but dès qu’il troque le blanc du Real pour le bleu de France…
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Karim Benzema a inscrit un doublé face à Bilbao - Liga 2015/2016

Crédit: AFP

En réalité, ce décalage n’a rien d’une tendance nouvelle. Il a souvent escorté sa trajectoire en club. A trois exceptions près :
1. En 2006-2007, alors qu’il n’avait pas encore totalement explosé à Lyon, son ratio était supérieur en équipe de France pour une raison simple : il avait marqué dès sa première cape internationale, face à l’Autriche (1-0). Et n’en avait connu qu’une seconde avant la clôture de la saison.
2. En 2009-2010, sa première saison madrilène fut celle de l’adaptation. D’où ses 9 petits buts en 33 matches avec le Real.
3. En 2013-2014, il a, enfin, atteint le rendement attendu en Bleu. Son pic.

Trois périodes de disette en Bleu

Mais le constat s’impose. Implacable. Globalement, depuis ses premiers pas internationaux, Benzema est plus efficace en club qu’en sélection. Sous le maillot merengue, il fait même preuve d’une régularité incontestable. Qui lui fait cycliquement défaut dès qu’il enfile la tunique bleue. Jugez plutôt : en comptant celle qu’il traverse actuellement, le numéro 10 tricolore a vécu trois périodes de mutisme.
  • Une première disette de 460 minutes, entre le 2 septembre 2011 et le 5 juin 2012
  • Une deuxième, interminable, de 1222 minutes, entre le 5 juin 2012 et le 11 octobre 2013
  • Une troisième, depuis le 11 octobre 2014

Plus animateur que finisseur

Tout ça n’avait pas l’air d’inquiéter Didier Deschamps lundi, en conférence de presse :
Karim n’est pas là uniquement pour marquer. Je ne vais pas le changer : il aime participer au jeu, il est important dans l’animation. Quand il fuit la zone axiale, c’est aux autres joueurs de compenser pour qu’il y ait une présence devant le but.
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Benzema pendant France-Portugal

Crédit: AFP

Son inefficacité relative en Bleu tiendrait donc davantage à un déficit de complémentarité qu’à ses dézonages intempestifs. Benzema n’est pas une pointe fixe. Son jeu à lui, c’est de bouger. Sur tout le front de l’attaque. Dans les colonnes de L’Equipe, l’intéressé confirme :
Faire beaucoup d'appels, demander beaucoup de ballons, c'est comme cela que j'aime être sur un terrain.
A Madrid, il a tout le loisir de décrocher. S’il n’est pas à la finition, il sait que Ronaldo y sera. Le plus souvent, le Français est d’ailleurs au service du Portugais. Ce qui ne nuit pas aux statistiques de Benzema. Cette saison, elles sont d’ailleurs plus parlantes que celles de ses concurrents directs en Bleu.

Décisif un match sur deux

En équipe de France, justement, cette hiérarchie est bousculée. Les buteurs de l’exercice en cours se nomment Mathieu Valbuena… et Blaise Matuidi, le moteur de l’entrejeu. Pendant ce temps-là, Benzema court toujours après les filets adverses. Et dans le vide :
Je dois apporter plus, c'est certain, mais il faut avoir les occasions et les ballons. Avec une occasion en 90 minutes, c'est dur. En revanche, si j'en ai cinq ou six et que je ne marque pas, là oui, on pourra parler de moi…
La lecture approfondie de ses statistiques en équipe de France apporte une dernière nuance. Et elle est de taille : Benzema, c’est 25 buts et 16 passes en 80 sélections. Autrement dit, sous le maillot bleu, il est décisif un match sur deux. On a bien dit "décisif". Pas "renard des surfaces".
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