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Ça grogne à Arsenal
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Publié 12/08/2011 à 20:38 GMT+2
Sevrés de titres depuis six ans, les supporters d'Arsenal masquent mal leur frustration. Les probables départs de Fabregas et Nasri n'arrangeraient rien. Ils solderaient l'échec de la politique de long terme mené par Arsène Wenger. Jamais le manager français n'avait été à ce point contesté.
2011 Premier League Arsenal Arsene Wenger
Crédit: Reuters
Arsène, t'entends pas comme un bruit? Non, ce n'est pas encore la révolution. Pas même une révolte. Pas encore. Mais le sourd bourdonnement du mécontentement n'en finit plus de monter dans le nord de Londres. Après six années sans le moindre trophée, l'étoile d'Arsène Wenger n'a jamais semblé aussi pâle à Arsenal. Les supporters des Gunners masquent de plus en plus difficilement leur scepticisme. Et si Cesc Fabregas et Samir Nasri devaient quitter le club d'ici le 31 août, elle pourrait mener à une fronde anti-Wenger dans les travées de l'Emirates Stadium.
Le temps du "Arsene knows" parait révolu. Pendant des années, le peuple d'Arsenal a eu une foi sans limite en son manager français. Oui, Arsène savait. Il ne se trompait jamais. Et les Gunners triomphaient. Mais aujourd'hui, beaucoup se demandent si le Frenchy n'a pas perdu la main. C'est sa politique du long terme, mise en place voilà plusieurs saisons, qui est en train de toucher ses limites. En investissant massivement sur des jeunes plutôt que sur des joueurs confirmés, Wenger avait donné rendez-vous. Une fois son équipe de baby stars à maturité, on allait voir ce qu'on allait voir. Mais la seule chose que voit Arsenal, c'est la gloire qui s'éloigne, doucement mais sûrement. En 2008, les Gunners avaient fini à quatre points du champion. Ces trois dernières saisons, ils ont concédé entre 11 et 18 points au premier.
Août sera chaud
Autre chiffre qui fait mal: entre 1998 et 2005, Arsenal a remporté trois fois la Premier League et terminé cinq fois à la deuxième place. Depuis 2006, les Gunners ont fini quatre fois quatrième et deux fois troisième. A force d'attendre des lendemains qui (re)chantent, la foule se lasse. On lui a demandé d'attendre. Elle a attendu. Aujourd'hui, elle a l'impression d'avoir été trompée. Pire, Arsenal est sur le point de perdre deux figures emblématiques de cette génération dorée. Cesc Fabregas va selon toute vraisemblance assouvir son rêve en rejoignant le FC Barcelone. Samir Nasri, lui aussi, ne songe plus qu'à quitter le navire. Deux des plus beaux fleurons du projet wengerien sur le départ sans avoir apporté le moindre titre au club? Pour les supporters, c'en est trop.
L'incompréhension est d'autant plus grande que les dirigeants avaient promis qu'Arsenal serait actif au rayon transferts. Pourtant, sur le fond, rien n'a vraiment changé. Wenger est allé faire son marché en France (Gevrinho) et chez les gamins (18 millions d'euros investis sur Alex Oxlade-Chamberlain, 17 ans). Si Fabregas et Nasri s'en vont, Arsenal recrutera. Mais pour remplacer, pas pour se renforcer. L'été sera chaud du côté de l'Emirates. Au mois d'août, Arsenal va affronter Newcastle, Liverpool et Manchester United en championnat, sans oublier les barrages de la Ligue des champions, contre l'Udinese. "Jugez-moi fin mai", avait demandé Arsène Wenger il y a un an. Si août se goupille mal, pas sûr que les supporters des Gunners attendent le printemps prochain pour s'agacer.
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Arsene Wenger and Samir Nasri
Crédit: Reuters
Dein: "Les gens doivent se souvenir de ce qu'il a accompli"
Même s'il bénéficie encore de forts soutiens, Arsène Wenger a vu son crédit s'effriter. "Arsène admettra qu'il a eu les deux années les plus compliquées de sa carrière, a confié l'homme qui l' fait venir à Arsenal, l'ancien vice-président du club, David Dein. Il n'a pas réussi ce qu'il espérait achever. Mais les gens doivent se souvenir de ce qu'il a accompli ici. C'est facile de se débarrasser des gens dans la vie. Et après ? Comment remplacer Arsène Wenger ? Cela serait vraiment compliqué pour la direction." Pour l'heure, la question de sa succession ne se pose pas. Mais les propos de l'actuel patron du club londonien, Ivan Gazidis, sonnent comme un avertissement. "Il nous manque quelque chose, estime-t-il. Quand, de façon répétée, vous perdez des matches que vous semblez devoir gagner, c'est quand même qu'il y a un problème."
Aujourd'hui, Arsenal renvoie l'image d'une équipe joueuse, agréable à avoir. Une machine à donner du plaisir, à l'instar du Barça. Mais l'efficacité en moins. C'est tout le problème. Elle laisse trop souvent derrière elle un énorme sentiment de frustration par son incapacité à aller au bout de ses idées. Le défaut de la jeunesse. Ces dernières années, Arsenal a payé cher l'inexpérience de son équipe. Le 1er octobre prochain, Wenger fêtera ses 15 ans sur le banc des Gunners. Une ère longtemps glorieuse. Elle est aujourd’hui plus laborieuse. Résisterait-elle à une nouvelle campagne frappée du sceau de la frustration ?
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