Suarez : le rapport

Dans une affaire comme celle ayant opposé Evra à Suarez, et qui a débouché sur une suspension de huit matches de l’Uruguayen pour interpellation à caractère raciste (plus une amende de 40.000 livres), c’est souvent parole contre parole. C’est d’ailleurs sur ces bases que tout avait débuté, le week-end du 15 octobre, avant que la Fédération anglaise ouvre une enquête. A la lecture du rapport que celle-ci a rendu public samedi, c’est peu de dire que la FA s’est donné les moyens de dépasser cette impasse. Avec 115 pages d’explication, il est de loin le plus complet et fouillé du genre. Les motifs qui ont conduit la fédération à frapper aussi fort y sont clairement exprimés et le contenu des faits détaillé au possible.

Le premier élément que relève la FA, c’est qu’elle a toutes les raisons de croire en la version de Patrice Evra et moins en celle de Luis Suarez. Le latéral français de Manchester a, explique le texte, eu une communication "calme et claire", tandis que Suarez, plus confus, était jugé "douteux et inconsistant". Le second élément mis à jour par l’enquête, c’est que l’Uruguayen a qualifié sept fois Evra de "negro" ("noir" en espagnol) dans une discussion visiblement moins amicale que ce qu’il a bien voulu dire. "Cela ne veut pas dire que M. Suarez s’est comporté ainsi parce qu’il est raciste", écrit la FA. Mais l’instance a jugé que le contenu de ses propos était suffisamment déplacé pour que l’attaquant de Liverpool reçoive une sanction exemplaire. Celui-ci a fait appel, mais le contenu de ce rapport lui donne peu de matière pour plaider sa cause.

Tout a commencé ce jour-là, au cours d’un match de Premier League à Anfield qui se terminerait sur un score de1-1, quand Evra a demandé à Suarez pourquoi il l’avait frappé avec son pied cinq minutes plus tôt. Réponse en espagnol : "Porque tu eres nego" ("parce que tu es noir"). Réplique d’Evra : "Répète et je te frappe". Suarez : "Je ne parle pas aux Noirs". Et alors qu’Evra a continué ses menaces de rétorsion, Suarez a enchaîné : "OK, Noir, Noir, Noir." Même si l’Uruguayen a insisté durant l’instruction pour dire que le mot ’negro’ était neutre en espagnol, voire ‘amical’, la commission relève que l’emploi du mot a été ‘dérogatoire’ dans la circonstance.

"M. Evra a affirmé qu’il ne pensait pas que M. Suarez était raciste, conclut le rapport. M. Suarez a dit qu’il n’emploierait plus le mot ‘negro’ sur un terrain de football en Angleterre à l’avenir et nous pensons que c’est réellement son intention." La fin de ce texte ouvre la porte à un avenir moins sulfureux pour l’Uruguayen. Mais il aura un mois et demi d’inactivité au bas mot pour la méditer.