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David Moyes sera toujours le boss de Manchetser United dans cinq mois

Philippe Auclair

Mis à jour 24/03/2014 à 12:34 GMT+1

David Moyes peut-il rester longtemps le manager d'un Manchester United neuvième de Premier League et battu chez lui par Everton ? Oui, écrit Philippe Auclair. Au moins pour une raison : le business des Glazer a retrouvé des couleurs, et les propriétaires des Red Devils savent que tout le club est en chantier.

Philippe Auclair, David Moyes, 2013

Crédit: Panoramic

Jusqu’à quand David Moyes pourra-t-il conserver son poste à Manchester United? La question a quelque chose d’absurde. Le 29 août dernier, à Monaco, le tirage au sort de la Ligue des champions avait parachuté MU dans un groupe où l’on retrouvait une équipe qui avait enchanté la Liga, la Real Sociedad; le troisième de Buli (à un point seulement du Borussia Dortmund), le Bayer Leverkusen; et le serial champion ukrainien qu’est le Chaktior Donetsk de Mircea Lucescu (trois titres lors des trois dernières saisons). Merci du cadeau. United a néanmoins assuré la première place de sa poule, en passant notamment neuf buts au dauphin actuel du quasi-invincible Bayern en Allemagne, en accumulant autant de points que les Red Devils de Sir Alex Ferguson en 2010-11, quand ils disputèrent la finale de la compétition à Wembley. Parlant de points, le MU de Sir Alex, alors champion en titre, en comptait un de moins en 2001-02 que celui de Moyes en a acquis au même stade du championnat d’Angleterre douze ans plus tard. Comparez les effectifs. Ferguson pouvait alors faire appel à Barthez, Stam, Gary Neville, Veron, Beckham, van Nistelrooy, Solskjaer, Scholes, Yorke et Andy Cole. Plus Ryan Giggs, un peu plus mobile alors que maintenant.
Aujourd’hui? Le milieu de terrain de United est un désert, le legs d’une politique de recrutement désastreuse depuis, quoi? Trois, quatre ans? Hormis Robin van Persie, pas vraiment un pari, et De Gea, qui était tout de même titulaire à l’Atletico de Madrid, citez-moi un joueur acheté par MU qui ait apporté un début de solution aux problèmes dont Moyes a hérité. Nani, Anderson... Non, pas vraiment. Ashley Young? On grince des dents. En attaque, Wilfried Zaha a coûté autant que Santi Cazorla; là s’arrête la comparaison. Tom Cleverley, après une présaison réussie il y a un an, une éternité, semble avoir régressé. Evra et Ferdinand accusent le poids des ans, Nemanja Vidic, autrement irréprochable, celui des blessures à répétition. Smalling et Jones, deux vrais talents, ne savent toujours pas à quel poste ils vont être mangés. Leur équipe se cherche, eux aussi. A leur âge, c’est normal, et excusable.
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Moyes Ferguson

Crédit: Eurosport

Moyes n'avait aucune illusion en début de saison sur ce qu'on lui réservait

Tout cela, la hiérarchie de United le sait, en tient et en tiendra compte. Lorsque le club avait fait son retour en Bourse en août 2012, permettant aux Glazer d’alléger un tant soit peu l’endettement du club en se remplissant les poches au passage (90 millions d’euros, dit-on), le document présenté aux acheteurs potentiels expliquait on ne peut plus clairement combien le destin et le statut du club le plus populaire de la planète dépendraient de sa capacité à gérer l’après-Ferguson. En préférant Moyes à Mourinho, et en offrant au premier nommé un contrat de six ans, les Glazer et leurs conseillers avaient clairement exprimé leur désir de s’inscrire dans le long terme, dans le respect des ‘valeurs’ instillées par Sir Alex, mais aussi par Matt Busby et Jimmy Murphy avant lui. Avant le début de la saison, j’avais eu l’occasion de parler avec Moyes da sa ‘mission impossible’, comme elle a été décrite ad infinitum, voire ad nauseam par la presse anglaise. Il ne se faisait aucune illusion sur les chausse-trappes qui seraient mises en travers de son chemin. A la moindre erreur... bang! Deux défaites à domicile de suite, c’est le peloton d’exécution. Sauf que le seul jury qui compte, celui de Manchester United, ne voit pas les choses ainsi.
Contrairement à ce qu’on a dit, les supporters du club ne sont pas en rébellion contre l’ancien manager d’Everton; et ses dirigeants n’en sont pas, pas encore en tout cas, à se demander si leur choix était vraiment le bon. La qualification pour les huitièmes de finale de C1 aura fait du bien à Moyes à cet égard. Il y a deux ans, souvenez-vous, United n’était pas parvenu à s’extraire d’un groupe comprenant Benfica, Bâle et Otelul Galati. Le nouveau boss de United a assuré l’essentiel, et un joli pactole au passage. Les Glazer savent également qu’ils n’ont pas perdu qu’un entraîneur. David Gill, le directeur exécutif, s’est installé dans un fauteuil offert par l’UEFA, et a été remplacé par un ‘bleu’, Ed Woodward, dont l’inexpérience dans le domaine du marché des transferts explique les ratés de son club (Fabregas, Gundogan, Coentrao, etc…) l’été dernier. René Meulensteen, qui avait pris la direction des entraînements de l’équipe ‘A’ depuis plusieurs saisons, a décidé de s’envoler du nid, pour, finalement, jouer les coucous à Fulham. Ce n’est pas que l’équipe de Moyes qui est en chantier, c’est tout son club.
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Moyes scratch head

Crédit: Eurosport

La marque Manchester United se porte très bien

Je me répète: les Glazer le savent. Et l’avaient prévu, tout comme les comptables de MU ont ‘prévu’ des budgets tenant compte d’une absence d’une ou de deux saisons en Ligue des champions. Ce qui est précisément la raison pour laquelle les Glazer avaient décidé d’embaucher David Moyes en lui offrant un contrat d’une telle durée, inimaginable dans des institutions plus fébriles comme le Real Madrid ou l’Inter Milan. Même si les résultats sont décevants (sans être aussi catastrophiques qu’on l’a écrit, dans le contexte d’une Premier League ou tout le monde avait battu tout le monde avant la dixième journée), la valeur de l’entreprise n’en a pas souffert. La ‘marque’ United continue de croître dans le monde, le chiffre d’affaires gonfle, les contrats de sponsoring se font de plus en plus mirobolants. Moyes ne sera en danger que lorsque le business de MU piquera du nez; et il faudrait une authentique catastrophe pour qu’un tel scénario se concrétise, bien plus qu’une saison de transition délicate à gérer.
La période de Noël pourrait d’ailleurs être l’occasion idéale pour United de grignoter de son retard sur le Top 4 actuel. Ce week-end, les Red Devils sont en déplacement à Villa, qui peine devant son public; après quoi: réception de West Ham (en chute libre); voyages à Hull et à Norwich avant d’accueillir Tottenham à Old Trafford le 1er janvier. Pendant ce temps, on aura vu Manchester City-Arsenal, Tottenham-Liverpool, Arsenal-Chelsea, City-Liverpool et Chelsea-Liverpool (au passage, Brendan Rodgers ne dira pas merci à l’ordinateur de la Premier League d’avoir préparé des fêtes aussi compliquées pour ses Reds). Cela n’empêchera pas les langues d’aller bon train. Elles n’avaient pas cessé de s’agiter quand l’équipe de Moyes, malgré ses carences et son étrange timidité, avait aligné douze matches sans défaite avant de se faire surprendre par Everton. Roy Keane continuera sa guerre privée contre Ferguson en accusant celui-ci de se mêler de ce qui ne le regarde plus. Mais Moyes sera toujours le boss de United le 1er janvier 2014. On parie qu’il le sera toujours cinq mois plus tard?
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David Moyes

Crédit: AFP

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