United-Arsenal : 300 millions et cinq titres d'écart

L'argent n'amène pas nécessairement le succès mais il fait plus qu'y aider. Les supporters d'Arsenal, sevrés de titres depuis  huit ans, sont les premiers défenseurs de cette maxime, réclamant des investissements massifs pour renforcer la compétitivité de leur équipe. Les supporters de Manchester United ne les démentiront pas : sur la même période, des investissements judicieux ont amené cinq titres de champion d'Angleterre aux Red Devils. Les données compilées par Sporting Intelligence* traduisent bien les stratégies divergentes des deux clubs sur ces huit exercices : entre les investissements sur le marché des transferts et le versement des salaires, United a dépensé quelque 250 millions de livres (300 millions d'euros) de plus qu'Arsenal. L'écart global est massif. Il cache les inflexions décisives qui ont rythmé cette période.

A l'été 2004, les Gunners sont encore les Invincibles. Une équipe aux performances historiques, sur laquelle s'appuyer pour réaliser de nouvelles conquêtes. Mais, au moment où Roman Abramovich inonde la Premier League de ses pétro-dollars, Arsenal temporise, attend son nouveau stade et rate le coche. Sans leur capitaine Vieira, parti à l'été 2005, les Gunners décrochent sur le terrain  - ils finissent deux fois 4e avec la 3e masse salariale de Premier League - puis dans les investissements. En 2007, année du premier des cinq derniers titres des Red Devils, Arsenal consent un effort presque équivalent pour ses employés (89,7 millions de livres pour le club londonien, 92,3 pour son rival mancunien). La saison suivante, la masse salariale de United s'envole de 31% (121 millions) quand celle d'Arsenal progresse seulement de 13%. Insuffisant pour rester dans le jeu au sommet de la Premier League.

Après avoir pris possession de l'Emirates et s'être constitué un joli trésor de guerre (185 millions d'euros de réserves), Arsenal tente maintenant de refaire son retard avec une politique plus agressive sur le marché des transferts. Entre 2010 et 2013, la masse salariale du club a augmenté de 40% (37 pour Manchester United). Il reste à savoir à combien elle s'élèvera cette saison après la transgression d'un tabou : le salaire de Mesut Özil (estimé à près de 200 000 euros par semaine) fait exploser les limites fixées par Arsène Wenger jusqu'à présent. Sur le terrain, ça fonctionne, avec le vrai retour au premier plan des Gunners. Les succès appellent l'argent, l'argent appelle les succès. Vous prenez la relation de cause et à effet par le bout souhaité et vous obtenez le cercle vertueux de performance de Manchester United ces huit dernières saisons. Celui qu'Arsène Wenger tente désormais de retrouver derrière Mesüt Özil, emblème de la réorientation stratégique des Gunners.