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Chelsea, Tottenham, les deux Manchester : Les tops et flops à mi-saison

Bruno Constant

Mis à jour 06/01/2017 à 17:59 GMT+1

PREMIER LEAGUE - A la sortie d'une période festive et délicieuse, la Premier League n'a pas livré tous ses verdicts. Mais Tottenham a peut-être relancé la course au titre en battant Chelsea (2-0). Bilan, tops et flops à mi-saison...

Chelsea's Italian head coach Antonio Conte gestures to Chelsea's Spanish defender Cesar Azpilicueta

Crédit: AFP

Chaque année, c'est la même chose. On sort de la période des fêtes le ventre ballonné, fatigué, plein de résolutions, avec l'envie de ne plus toucher au foie gras ni aux huîtres avant l'an prochain. En Angleterre, beaucoup vont même jusqu'à s'imposer un mois sans la moindre goutte d'alcool ! On appelle ça le Dry January (janvier sec). C'est une manière de purger l'organisme. C'est bon pour la santé et excellent, dit-on, pour lutter contre toutes formes de cancer.
Mais, après trois journées, trente matches et quatre-vingt treize buts - dont certains de toute beauté - en dix jours, on avait envie que ça continue. On n'avait pas envie que le championnat d'Angleterre fasse relâche, même le temps d'un week-end de Cup. On a envie d'être déjà au week-end prochain pour continuer à vivre cette course au titre palpitante qui s'est conclue, mercredi, par la chute de Chelsea (0-2) dans un White Hart Lane déchaîné.
En épousant son système (3-4-3), Tottenham a fait déjouer une équipe de Chelsea à qui il manquait un peu d'essence et cette agressivité sur le porteur du ballon - comme sur les deux buts et Eriksen - qui faisait jusque-là sa force. A l'image de Ngolo Kanté, sorti pour la première fois en cours de match par Antonio Conte. Après avoir égalé le record de treize victoires consécutives, il fallait bien que ça arrive. Et ce n'est pas un hasard si c'est arrivé sur la pelouse de son pire ennemi.
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N'Golo Kanté (Chelsea) face à Moussa Dembélé (Tottenham)- janvier 2017

Crédit: Eurosport

Il faut dire qu'il y avait de la revanche dans l'air. En privant les Spurs de la victoire à Stamford Bridge en mai dernier (2-2), les Blues avaient offert le titre à Leicester. "On ne gagne pas le titre à Noël mais on peut le perdre", avait l'habitude de dire Alex Ferguson. Cette semaine, Tottenham a-t-il relancé la course ?

Le titre : 30 jours à venir décisifs

Avec six équipes en dix points, le championnat d'Angleterre n'a jamais semblé aussi disputé. Néanmoins, la chute de Chelsea est relative. Les Blues conservent cinq points d'avance sur Liverpool, sept sur Tottenham et Manchester City, huit sur Arsenal et dix sur Manchester United. Et la perspective de voir Manchester United et Liverpool (le 15 janvier) puis Manchester City et Tottenham (le 21 janvier) perdre des plumes jusqu'aux deux prochains rendez-vous décisifs des Blues, à Liverpool le 31 janvier puis face à Arsenal le 4 février.
Une chose est sûre : on en saura beaucoup plus dans cette course au titre dans trente jours et à l'issue desquels Arsenal, Tottenham et les deux Manchester devront se replonger dans leurs prérogatives européennes. Chelsea pourra alors reposer son noyau de treize joueurs - le onze-type plus Fabregas et Willian - sur lequel Antonio Conte s'appuie presque exclusivement.

Les Tops : Chelsea et Tottenham

Pas Liverpool ? Non pas que les Reds ne sont pas une satisfaction, bien au contraire. La formation de Jürgen Klopp, doté d'un pouvoir offensif détonnant, est sans doute la plus belle à voir jouer. Mais ce n'est pas une surprise de voir Liverpool pour la deuxième saison anglaise de Klopp qui plus est sans coupe d'Europe. La grande satisfaction de cette première partie de saison est, sans surprise, Chelsea et surtout son nouveau manager, Antonio Conte, qui a su remettre de l'ordre chez les Blues tout en changeant de direction à la mi-temps de la défaite à Arsenal (0-3) pour imposer son style et son système (3-4-3), une innovation en Premier League, copiée à de nombreuses reprises. Tottenham est le dernier exemple en date.
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Tottenham Hotspur's English striker Harry Kane celebrate after Tottenham Hotspur's Danish midfielder Christian Eriksen scored his team's second goal during the English Premier League football match between Tottenham Hotspur and Hull City at White Hart Lan

Crédit: AFP

Parlons des Spurs, justement. Soyons honnêtes, on ne les attendait pas si haut, pas après vingt journées. On pensait que les Londoniens du nord, battus dans la dernière ligne droite par Leicester la saison passée, auraient du mal à digérer, qu'ils chercheraient leur second souffle, qu'ils n'auraient pas les armes pour jouer sur deux tableaux. Well, on a vite compris que la Ligue des champions n'était pas la priorité du club. Il faut saluer ici le travail fantastique de Mauricio Pochettino qui a bâti, en deux ans et demi, une vraie machine.
La série de cinq succès consécutifs correspond au retour de blessure du Belge Alderweireld, véritable pilier de sa défense, et au réveil d'Eriksen (4 buts et 4 passes lors des 7 dernières journées). En signant son 59e but en 100 matches de Premier League (même temps de passage que... Thierry Henry !), Kane a confirmé qu'il était un grand attaquant en devenir. Mais les deux joueurs qui m'impressionnent le plus sont Dele Alli et Wanyama. Ce dernier a tout simplement été monstrueux face à Chelsea, remportant presque à lui seul la bataille du milieu de terrain. On le connaissait déjà au Celtic et à Southampton, deux clubs qu'il aurait pu quitter pour Arsenal. Et on se dit que c'est parfois le joueur qui manque chez les Gunners. Quant à Alli, il a quelque chose de Lampard à sa façon de se projeter dans la surface avec un timing parfait. Depuis août 2015, il est le milieu de terrain à avoir inscrit le plus de buts (20).

Les Flops : Les deux Manchester

Le mot "flop" est un peu exagéré. Disons plutôt "déception". Car, oui, on attendait beaucoup plus du Manchester City de Guardiola, d'autant plus après avoir remporté ses dix premiers matches officiels. On peut se demander si le Catalan a sous-estimé la Premier League. Ou si, en dehors de Barcelone et du Bayern, il n'est pas un entraîneur ordinaire. Pour la première fois de sa carrière d'entraîneur, il n'a pas hérité d'une équipe ultra-dominante dans son championnat. Son Barça (2008-2012) était sans doute la meilleure équipe de l'histoire. C'est grâce à lui et ses idées novatrices mais aussi grâce à la présence de Messi. En Allemagne, le Bayern n'a pas d'égal, ni financier, en dehors d'exceptions comme Dortmund. C'est, désormais, à lui de prouver qu'il peut réussir avec un effectif à peine meilleur que celui des autres.
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Pep Guardiola, l'entraîneur de Manchester City.

Crédit: AFP

Le constat est un peu différent à Manchester United. Mourinho ne découvre pas le Premier League et il a, sans doute, à sa disposition l'effectif le plus riche d'Angleterre. Qui peut se permettre d'aligner un trio Lingard-Rashford-Mata derrière ses trois titulaires Martial-Ibrahimovic-Mkhitaryan ? Sans oublier Rooney, Pogba, Herrera... Avec une telle armada, c'est donc une déception de voir les Red Devils à dix points du leader. Si Mourinho a trouvé la bonne formule, celle-ci n'a rien de révolutionnaire - un milieu à trois avec Carrick devant la défense, Pogba et Herrera plus haut - et la gestion de Mkhitaryan est bien plus obscure qu'elle n'y paraît. Le titre semble hors de portée. Mais, attention à la seconde partie de saison de MU sur sa lancée de six victoires...
Quant à Arsenal, vous connaissez ma position et les résultats des Gunners la confirment.

Les révélations : Gueye, Phillips, Pickford...

La dernière performance de N'golo Kanté à Tottenham ne doit pas altérer le jugement de son excellente saison. Le Français est tout simplement devenu l'un des meilleurs au monde à son poste. Derrière lui, deux autres milieux de terrain défensifs se sont affirmés : Victor Wanyama, dont je vous ai déjà parlé plus haut, et Idrissa Gueye, mon coup de cœur, absolument époustouflant sous le maillot d'Everton. On peut même se demander comment l'ancien Lillois, passé par Aston Villa, a pu échapper au radar des grands clubs, anglais mais aussi français. "Gana" ferait un bien fou à beaucoup, à Manchester United, qui cherche un successeur à Carrick (35 ans), à Manchester City, à Liverpool comme à Arsenal. A West Bromwich, le petit Ecossais Matt Phillips, arrivé l'été dernier en provenance de QPR, est une vraie bonne pioche (4 buts et 7 passes décisives lors de ses 10 dernières apparitions). A Sunderland, Jordan Pickford conteste l'idée qu'il n'y a pas de bons gardiens en Angleterre. Sa blessure (6 à 8 semaines d'absence) est un vrai coup dur pour les Black Cats.
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Idrissa Gueye

Crédit: Eurosport

Mon XI à mi-saison...

Je n'aime pas l'idée d'empiler les attaquants dans les onze de l'année qui n'ont bien souvent ni sens ni équilibre. J'ai donc construit le onze de la Premier League à mi-saison sur la base du 3-4-3 de Chelsea, puisque ce sont l'équipe et le système du moment.
Dans le but : Lloris a ma préférence devant De Gea et Pickford. Tottenham possède la meilleure défense et le Français y est pour quelque chose. Pour le "back three" : Azpilicueta et Koscielny, qui a pris une nouvelle dimension cette saison, sont indiscutables. Sans sa longue blessure, Alderweireld les accompagnerait mais je privilégie van Dijk, excellent à Southampton et que j'aimerais voir dans un plus grand club. Dans un tel système, je ne vois pas mieux que Valencia pour occuper le couloir droit. Le Mancunien, ancien ailier, est devenu un défenseur redoutable, même si Bellerin confirme qu'il est peut-être en passe de devenir le meilleur latéral gauche du monde. A gauche, Rose est en progrès constant mais Milner, milieu repositionné latéral à Liverpool, est le joueur modèle pour tout entraîneur et aurait peut-être fait une toute carrière s'il s'était fixé plus tôt à ce poste.
Dans l'entrejeu, Kanté est incontournable et, comme il faut un profil plus joueur à ses côtés, cela élimine Wanyama et Gueye en faveur de Lallana, qui symbolise à merveille le jeu en mouvement de Klopp à Liverpool par sa disponibilité et ses kilomètres parcourus. Devant, le trio Alexis-Costa-Hazard aurait fière allure et certains rêvent déjà de les voir réunis à Chelsea...
Bruno Constant fut le correspondant de L'Equipe en Angleterre de 2007 à 2016. Il collabore aujourd'hui avec RTL, Europe 1 et Rfi en tant que spécialiste du football anglais et vous livre chaque sa semaine sa chronique sur la culture foot de Sa Majesté.
Pour approfondir le sujet, vous pouvez écouter mon Podcast 100% foot anglais sur l'actualité de la Premier League et du football britannique
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